"L’inquiétude de ces praticiens est forte sur l’offre de soins actuelle et future". Telle est l'alerte lancée, ce jeudi, par le Syndicat des médecins libéraux (SML) devant la presse. Les médecins racontent la désertification médicale, la charge de travail qui en découle pour ceux qui restent, les délais de rendez-vous qui s’allongent et leur peur que la prévention soit oubliée : au risque de voir se multiplier les complications et les dépenses de santé.
Incertitude institutionnelle
Un des freins à l’installation de nouveaux médecins ? C’est la situation de la Nouvelle-Calédonie, entre autres. "J’ai discuté avec des jeunes médecins et pour le moment leur choix, c’est de rechercher une qualité de vie, de ne pas avoir trop d’inquiétudes sur un avenir institutionnel, indique Marie-Claude Gaudillier, la présidente du SML. Ça revient assez souvent dans leurs discussions. On n’a pas de réponse devant nous. On attend depuis quelques années. C’est probablement un peu usant au fil du temps de rester en questionnement, plutôt que d’avoir un avenir qui se présente un peu plus clairement devant nous."
Je crois qu'il faut qu'on trouve une solution globale, tous ensemble, de manière coopérative.
Joël Kambloch, cardiologue
Un corps médical veillissant
Si des médecins partent, ceux qui restent vieillissent. Plus de la moitié d’entre eux ont plus de 55 ans. Et moins d’un sur cinq a en dessous de 40 ans. Pour faire l’état des lieux du système de santé, le Syndicat des médecins libéraux a fait appel à une société d’audit. "Le but principal, c’était de confirmer les pressentiments que nous avions sur la crise qui frappe la médecine libérale, explique Joël Kambloch, cardiologue. On voit bien que c’est un problème global qui touche toute la médecine de la Nouvelle-Calédonie : à l’hôpital, en ville et dans les dispensaires. Je crois qu’ils font qu’on trouve une solution globale, tous ensemble, de manière coopérative."
A 61 ans, Joël Kambloch est retourné donner un coup de main à l’hôpital public qui est en manque de cardiologues depuis le mois dernier. Certains jours, après sa journée de 9 heures au cabinet, il enchaîne sur une astreinte jusqu’à 22h30. Après le Collectif santé NC qui demandait, en mai, une concertation pour mener la réforme du système de santé, le SML annonce la création prochaine d’un nouveau collectif "dans la continuité du premier".
Le reportage de Charlotte Mannevy et Laura Schintu :