Les Calédoniennes inégales devant l'IVG

En Nouvelle-Calédonie, l'IVG est autorisée depuis septembre 2000.
Alors que l’inscription de l’IVG (interruption volontaire de grossesse) dans la Constitution fait débat en France, les femmes en Nouvelle-Calédonie ne sont pas toutes égales face au recours à l’IVG. Si dans le Nord, des contraintes existent à cause du manque d'offres de soins, à Nouméa, il est plus facile de se faire avorter.

L'IVG est toujours un sujet tabou en Calédonie. Il est encore difficile de nos jours pour les femmes de dire qu'elles ont eu recours à l'avortement.

À Poindimié, entre une et trois patientes se rendent chez la sage-femme chaque mois pour avoir recours à une IVG, mais en réalité, elles seraient plus nombreuses, car pour beaucoup, il est parfois trop tard pour une intervention.

"Ça touche des femmes de tous les âges, des grossesses non suivies en fait, qui arrivent très tardivement pour demander l'IVG, et donc, légalement, ce n'est plus possible", explique Elodie Marnas, sage-femme libérale de Poindimié.

Des pics après les vacances scolaires

Plusieurs facteurs entrent en jeu dans cette problématique "L'accès aux soins, qui est de plus en plus compliqué sur la côte Est. Ensuite, parce que la grossesse, c'est souvent tabou, on n'en parle pas", constate la professionnelle de santé.

Des pics sont relevés après les vacances scolaires et après les périodes de confinement. La tranche d'âge la plus concernée par l'IVG, c'est la 24-30 ans. Sur Poindimié, une cinquantaine d'IVG médicamenteuses ont été effectuées en 2012. En 2023, moins d’une quinzaine. Pour Elodie Marnas, la prévention paie. "Nous faisons énormément de prévention au collège privé, au collège public et au lycée. Donc, les jeunes ont beaucoup mieux accès à la contraception."

De 15 à 45 ans

Les IVG médicamenteuses sont effectuées au CHN de Poindimié, et les interventions chirurgicales à l’hôpital de Koné.

À Nouméa, l’accès à l’IVG est plus facile. En 2023, au moins 225 demandes d’IVG ont été effectuées. Toutes n’aboutissent pas à un avortement. La moyenne d’âge est de 23 ans. Les plus jeunes ont 15 ans, et les plus âgées 45 ans.

Freins culturels

"L'accès à l'IVG est facilité par le fait que les soins sont gratuits et les rendez-vous faciles à obtenir et on garantit le secret médical, explique Karine Hesse, sage-femme à la DPASS Sud, à l’Espace santé de Nouméa en garantie du secret médical. Mais il reste des freins importants au niveau culturel. Ce n'est pas toujours évident de faire le choix de l'avortement au niveau religieux, notamment. Nous sommes là pour accompagner, évidemment, et jamais encourager ni dans un sens ou dans un autre."

Réseaux sociaux

La tranche d'âge des 15-20 ans aurait une mauvaise information sur les moyens de contraception, en raison des messages véhiculés par les réseaux sociaux, selon Espace santé.

L'avortement est légal en Calédonie depuis septembre 2009, soit vingt ans après la loi Veil, autorisant l'IVG en France.