Les positions se cristallisent autour du dossier de reprise de l'usine du Sud

Les réactions politiques s'enchaînent, concernant le dossier de reprise de l'usine du Sud, dont les accès au site ont été débloqués ce dimanche matin. Du côté du FLNKS tout comme du côté des Loyalistes, les discours se durcissent. Un appel à l'État est réitéré. 
« Le FLNKS prend aujourd’hui en main la gestion de ce dossier devenu hautement politique », assurent ce dimanche les responsables de l’Ican et du collectif Usine du Sud = Usine pays. Dans un communiqué de presse, Raphaël Mapou porte parole du collectif, précise que « l’Ican et le collectif n’ont jamais signé d’accord, pour la cession du complexe usine du Sud et du gisement minier de Goro, au consortium Beurrier / Trafigura ». Ajoutant que « le dialogue politique en Nouvelle-Calédonie n’est pas un jeu de mots mais la prise en compte de fondamentaux, comme le caractère collectif des revendications sur la terre, les ressources et l’environnement naturel ». 
 

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Volet environnemental, venue des experts de Korea Zinc, actionnariat Calédonien, processus industriel… Le porte-parole du collectif revient ensuite en plusieurs points précis, sur les décisions prises à l’occasion de la table ronde de cette semaine. Précisant que « pour la suite des discussions, les 3 / 4 des groupes des élus du Congrès souhaitent qu’ils puissent examiner les conditions de désengagement de Vale NC. Et soutiennent la demande d’un report de la date annoncée, pour permettre à Korea Zinc d’expertiser le site de l’usine ». 

Le porte-parole du collectif usine du Sud = usine Pays rappelle ensuite que « l’offre Beurrier / Trafigura n’est pas encore sur le plan financier et juridique montée et toute signature aujourd’hui, serait irresponsable ». Enfin, le collectif rappelle qu’une plainte a été déposée, contre Antonin Beurrier, PDG de Vale Nc. 
 

Réaction des Loyalistes

De leur côté les Loyalistes se sont exprimés ce dimanche matin, assurant que « l’Ican et le collectif n’ont pas tenu leur parole et ne respectent pas leur signature ». Les responsables ajoutent que « l’Ican et le collectif, rejoints par le FLNKS et Calédonie Ensemble, ont fait le choix de renier leur signature et de revenir en arrière sur leur volonté de voir Sofinor rentrer dans la reprise de l’usine du Sud ». 

Les Loyalistes appellent à une grande mobilisation samedi prochain.
  

Travaux complémentaires

De son côté, le Haut-Commissaire Laurent Prévost s'est exprimé ce dimanche, par voie de communiqué. Il précise que « conformément à l’accord conclu à l’issue de la seconde table ronde, les thèmes concernant la place de l’actionnariat calédonien, les possibilités de partenariat avec la société Korea Zinc et les réflexions concernant les ambitions industrielles du site… doivent donner lieu à des travaux complémentaires ». 

Ajoutant que « l’État s’est engagé à accorder toutes les facilités utiles aux représentants de la société Korea Zinc, si ceux-ci confirmaient leur souhait d’accéder au site, en réponse à l’invitation du groupe Vale ». 

Enfin le représentant de l’État évoque le déblocage du site de l’usine du Sud ce dimanche matin, assurant que « les dégradations et jets de projectiles ont occasionné plusieurs blessés dans les rangs des gendarmes ». Précisant que « leurs auteurs doivent être condamnés et qu'ils feront l’objet de poursuites prévues par la loi ».
 

Courrier

Un courrier co-signé, entre le FLNKS, l’UNI, Calédonie Ensemble et le président du Congrès Roch Wamytan a été adressé au président de la République, pour alerter de la situation explosive et demander à ce que l’État reprenne la main. « Il nous semble plus que jamais indispensable que l'Etat pilote - au plus haut niveau - le projet de reprise de l'usine du sud, comme cela a toujours été le cas dans l'histoire de notre pays », rédigent les signataires de cette lettre ouverte.

Retrouvez cette lettre ouverte, adressée à Emmanuel Macron : 

 

Laisser le temps au dialogue

De son côté, Victor Tutugoro, président de l'Union Progressiste en Mélanésie, à l'animation du bureau du FLNKS s'est également exprimé cet après-midi. « On constate ce matin, que l’État a fait usage de la force, pour faire évacuer le piquet devant l’usine de Goro ». Le président de l’UPM revient sur la lettre adressée au président de la République qu’il a co-signée, précisant que « le FLNKS demande à l’État de reprendre directement la gestion de ce dossier et en appelle à Vale Monde, de ne pas signer la reprise de l’usine de Goro dans les jours à venir et de laisser le temps au dialogue et à la concertation ». 

Victor Tutugoro, président de l'UPM, au micro de Charlotte Mannevy :

Victor Tutugoro, président de l'UPM

 

Sofinor : un dossier de reprise en deux temps

De son côté Ulrich Reber, directeur de projet à la Sofinor a également souhaité s’exprimer, expliquant que « la volonté de la Sofinor dans le dossier de reprise de l’usine est toujours restée la même depuis le début à savoir : permettre au pays au travers de ses institutions (province), de détenir 56%, au lieu de 5% de l’usine ». Le directeur de projet à la Sofinor précise par ailleurs que « si c’est la sofinor qui s’est positionnée, c’est parce qu’il s’agit du seul opérateur industriel Calédonien en mesure de le faire et qu’elle fait fort de son expérience, dans deux projets industriels majeurs : KNS et SNNC/NMC ».

Il rappelle enfin qu’il s’agit d’un dossier de reprise qui se déroule en deux temps : « un premier temps, où c’est la Sofinor qui pilote le dossier lors de la phase d’acquisition des parts de Vale Canada et un second temps, une fois l’acquisition réalisée, où la Sofinor cède 51% des parts aux institutions, la SPMSC, qui détient déjà 5% ».