Depuis l'annonce de cession de l'usine du Sud,l'offre de rachat calédo-coréenne rejetée par le groupe Vale cristallise les positions politiques jusqu'à la première réunion ministérielle,fin novembre,suivie des tours de tables. Le dialogue a permis d'acter une feuille de route vers l'apaisement.
Le feuilleton politico-économique a débuté en décembre 2019. Entre deux référendums, le groupe Vale annonce son retrait de l'usine du Sud et veut céder ses 95% de parts.
Le coût de l'usine du Sud est devenu astronomique. Aujourd’hui, il est estimé à environ dix milliards de dollars, soit "mille milliards Fcfp".
I/ Différents stades de négociation de l'appel d’offre privé
Sofinor-Korea Zinc explique être resté depuis le mois de février au stade N°1, de l’appel d’offre piloté par la banque de Rothschild pour Vale Canada qui fixe ses règles du jeu.
Cette étape demande aux candidats d’exprimer leur rôle dans le consortium. Elle ne demande pas de fournir de plan de financement, ni de préciser les chiffres de répartition.
Une clause de confidentialité est signée avec la banque, et Vale Canada. Conséquence : Les échanges se font avec Vale Canada et la Banque internationale. Interdiction d'entrer en contact avec les partenaires actuels de Vale Nouvelle-Calédonie : l'Etat, la province Sud, le comité d'entreprise et les représentants des clans signataires du pacte de développement du Sud.
Trafigura remet son offre préliminaire le 21 octobre à Vale, pour laquelle le groupe Trafigura s'est vu reconnaître un statut exclusif jusqu'au 4 décembre. Et le 26 octobre, Vale Canada et Vale NC informent par courrier le rejet de l'offre calédo-coréenne.
Mise au point sur la note de Bercy qualifiée de "mensongère"
En dépit de la clause de confidentialité, une note de la direction du Trésor de Bercy "fuite dans la presse le 3 novembre".
Les analystes de l’Etat déclarent que l’offre ( qui est au stade d'initiale) est finalement "peu documentée" et très liminaire", autrement dit faible alors que "Sofinor et Korea Zinc ont eu accès à tous les documents de Vale via la banque d’affaires Rothschild dès le 22 février et jusqu’au mois de juin".
Dans ce contexte, conclut l'analyse, "Vale a formalisé dans un courrier adressé à Sofinor et Korea Zinc qu'il écartait leur offfre".
Ulrich Reber, chef de projet SOFINOR répond à Nadine Goapana et Cédric Michaut
La « due diligence » est la deuxième phase des négociations, celle de la "négociation exclusive" qui permet l’accès au site, aux contrats commerciaux, de sous-traitance, d’Enercal et des partenaires ( Etat, la province Sud, le comité d’entreprise et les représentants du Pacte de développement du grand Sud).
Sofinor-Korea Zinc réaffirme ne pas pouvoir élaborer d'offre définitive sans cette "due diligence".
L’Australien New Century Resources (mai) et le Suisse Trafigura (octobre) sont, eux, entrés en négociation exclusive.
IDLM, Ulrich Reber, Sofinor (extrait)
II/ Des stratégies opposées
VALE NC - TRAFIGURA
La société a fermé sa raffinerie au début du mois de mai 2020 afin de réduire ses coûts de production de l'ordre de 30% a affirmé Antonin Beurrier, le 17 novembre dernier. C'est le virage stratégique opéré par Vale pour sa transformation industrielle et économique.
Et avec Trafigura à ses côtés, la société entend poursuivre cette récente stratégie : arrêt de la production d'oxyde de nickel, pour privilégier celle du NHC, un produit intermédiaire à base de nickel et de cobalt. Et puis, s'orienter vers l'exportation de saprolites.
Objectifs : réussir sa transformation industrielle, incluant un mix énergétique et financer ses investissements comme le programme LUCY pour janvier 2021, évalué à 35 milliards Fcfp.
Compte tenu de la forte demande du segment des batteries pour véhicules électriques,
le co-précipité de Nickel et de Cobalt NHC
est aujourd'hui autant valorisé que l'Oxyde de Nickel
autrefois produit en Nouvelle-Calédonie
pour être affiné en Chine à Dalian et servir les aciéries chinoises.
Dans un communiqué en date du 17 novembre 2020, Prony Resources ( Vale-Trafigura) affirme que le NHC est " aujourd'hui autant valorisé que l'Oxyde de Nickel".
Donc, inutile de "raffiner". Cette étape en moins dans le process, c'est autant d'économie de gagner pour Vale NC qui a «accumulé des pertes depuis six ans» s’élèvant «à vingt milliards CFP fin 2019», indiquait le PDG de Vale NC en décembre dernier.
Le NHC de Vale NC
C'est un concentré de nickel obtenu par hydrométallurgie, c'est-à-dire la lixiviation du minerai par voie acide sous pression ou sans pression (dite « sous pression atmosphérique »). Deuxième étape, le NHC est raffiné pour obtenir de l’oxyde de nickel. Ce dernier peut encore être purifié pour disposer d’un nickel métal pur à plus de 99 %.
Jusqu’à présent, une partie de la production de Vale, plus ou moins affinée : l'oxyde de nickel et le NHC, était exportée en Chine, à Dalian pour raffinage. Or, dans son communiqué du 17 novembre, le nouveau partenariat Vale-Trafigura, alias Prony Resources, souhaite dissoudre le NHC pour en faire du sulfate de nickel, une composante employée dans les batteries de véhicules électriques. Et dans ce cas, Prony Resources, envisage un futur partenariat indutriel et commercial avec la mine et l'usine finlandaise de Terrafame dont Trafigura est actionnaire.
SOFINOR - KOREA ZINC
Ce consortium veut à tout prix rouvrir la raffinerie de l'usine du Sud et maintenir la production de NHC tout en s'assurant que l'environnement soit préservé par une gestion prioritaire des résidus.
Objectif : affiner localement (activité originelle de l'usine) pour maintenir la valeur ajoutée en Nouvelle-Calédonie, avec une simplification du process pour que l'outil soit plus rentable. De plus, Sofinor-Korea Zinc projette d’ouvrir une ligne de pyrométallurgie pour transformer sur site une partie des saprolites du massif de Goro.
Ulrich Reber, chef de projet Sofinor explique les enjeux environnementaux de leur projet industriel
« C’est l’affinage qui permettra de rendre l’usine durablement rentable »
Un produit fini : oxyde de nickel
Selon Sofinor, le "NHC produit intermédiaire, ne se vend qu’entre 70% et 80% du cours du nickel à la bourse de Londres ( LME) . Affiner ce NHC, c’est-à-dire, pousser la transformation jusqu’à l’oxyde de nickel et du carbonate de cobalt, permet de recevoir 100% du prix à la bourse de Londres. C’est l’affinage qui permettra de rendre l’usine durablement rentable."
« Savoir affiner représente un avantage concurrentiel (à l'échelle mondiale )»
Et d'ajouter qu'en "développant la technique de l’affinage ( par la simplification du process), cela permettra aussi à l’usine d’affiner un produit semi-fini venant d’autres usines dans le monde".
Ulrich Reber explique que "la plupart des nouvelles usines prévues dans le monde s’arrêtent au produit semi-fini. Savoir affiner représente un avantage concurrentiel.
Ne pas affiner, c’est retirer 15 à 30 milliards de chiffres d’affaire de l’usine
alors que LUCY y rajoutera lors de sa mise en service,
environ 4 milliards fcfp de charges par an.
III / Pour une majorité calédonienne
Qu’il s’agisse de Prony Resources - nom du futur consortium calédonien associé au Suisse Trafigura - ou du partenariat Sofinor-Korea Zinc, les deux projets se revendiquent être des projets « pays », c'est-à-dire que la représentation des intérêts calédoniens dans le capital du repreneur est très importante.
VALE NC - TRAFIGURA
Trafigura, l’un des plus importants négociants en matière première au monde, serait actionnaire à 25 % tandis que les intérêts calédoniens atteindraient 50 %, avec - au capital - les provinces (SPMSC et promosud), les salariés de l’usine, et la société civile.
Des parts diluables pour les salariés et la société civile ?
Dans un communiqué en date du 17 novembre, Prony Resources rappelle que la part " réservée aux salariés de l'entreprise (...) ne sera pas diluée, et ce modèle de participation très courant à l'international n'engage en aucune façon la responsabilité (civile, pénale, financière)."
A contrario, la Société de Participations Minières du Sud Calédonien - SPMSC (dont la province Sud possède 50 %) et Promosud (détenue à 67% par la province Sud) bénéficient d'une clause de non- dilution qui protège leur 10 % respectif dans le capial de Prony Resources. La SPMSC et Promosud disposent chacune de 5% de parts non diluables.
La clause de non-dilution.
Il s’agit d’une clause servant à protéger les actionnaires. C'est la clause par laquelle un actionnaire majoritaire va s’engager envers un actionnaire minoritaire, ne détenant pas de minorité de blocage, au maintien de son niveau de participation en capital ou en droit de vote au sein de la société. Les loyalistes soutiennent ce projet.
Mise au point de la mairie de Yaté
Dans un communiqué en date du 23 novembre, le maire de Yaté, Victor Gouetcha «dénonce les informations publiques» selon lesquelles la commune serait partie prenante dans le montage du projet incluant Trafigura. Cette participation avait été évoquée par le PDG de Vale NC, Antonin Beurrier, en début de mois, sur l'entrée au capital de la mairie via une société d’économie mixte.
Il s'agit « d'ouvrir le capital de la société d’export de minerai,
à hauteur de 10 % », au travers d'une société d'économie mixte
« que la mairie de Yaté et Promosud se sont engagées à monter ».
« Je vais participer au fonds commun de placement en entreprise
et moi, et d’autres membres de la direction,
seront dans cette compagnie »
Le management au capital
Des cadres de l'entreprise dont Antonin Beurrier auront également des participations, « l’une des conditions de Trafigura (étant) que le management soit impliqué (...) Non seulement, je vais participer au fonds commun de placement en entreprise et moi, et d’autres membres de la direction, seront dans cette compagnie », souligne Antonin Beurrier, le 5 novembre dernier.
Un top managment au capital dont lui, le PDG de Vale NC aura personnellement 6% au capital du repreneur, précise l'intéressé au JT du 25 novembre, à la vielle de la rencontre du groupe Leprédour avec le ministre des Outre-Mer.
Compagnie financière de Prony
Cette société d'investissement devrait acquérir 25% des parts de l'entreprise. Elle aura pour président Antonin Beurrier.
Cette compagnie réunirait tout un tas d’investisseurs, tels que des producteurs de batteries, des fonds d’investissement, ou des grands constructeurs automobiles comme Tesla.
Cette société d'investissement apportera 5 milliards de francs en fonds propres, au bénéfice de Prony Resources, le nom de la future entité qui remplacera Vale Nouvelle-Calédonie, « avec des droits de gouvernance réels, en matière de gestion des risques industriels, environnementaux et sociaux », précise Antonin Beurrier.
SOFINOR - KOREA ZINC
La Sofinor, bras économique de la province Nord s’est associée à l'industriel Korea Zinc, l’un des rares spécialistes mondiaux de l’hydrométallurgie, fort de 50 ans d'expérience. A ce titre, le Sud Coréen connaît déjà l’usine du Sud, puisqu’il avait participé à sa conception.
Ce projet est défendu par les indépendantistes et les coutumiers. Cette offre préliminaire a été rejetée par Vale Canada le 26 octobre dans un courrier publié dans la presse.
"Offre préliminaire non engageante : capital non diluable "
Leur offre déposée en avril, indique que le montage s’inspire de celui de l'usine de KNS. Les provinces calédoniennes seraient actionnaires majoritaires avec 56 % non diluables, contre 44 % pour l’industriel coréen. Celui-ci apporte son expertise et finance le projet - même à perte, en échange de l’accès au gisement de Goro.
Sofinor veut confier les 56% non diluables à la SPMSC
Au cours de la table ronde du 3 décembre dédiée à "la cession de l'usine du Sud" et menée sous l'égide du Haut-Commissariat, André Dang, directeur de la Sofinor, a rappelé et/ou présenté (avec cette fois-ci l'absence d'entrave liée à la clause de confidentialité), les forces de leur projet de rachat, devant la trentaine de personnes présentes, dont deux partenaires de Vale NC (l'Etat, province Sud).
Après la due diligence, le partenariat calédo- Sud Coréen soumettra son offre définitive à Vale. Et une fois, la cession des 95% parts réalisée, la Sofinor propose de confier les 56% à la SPMSC, société de participation minière du Sud calédonien.
"Comme cela a été négocié pour l'usine du Nord,
les 56% de la Nouvelle-Calédonie seront obtenus
sans dette et seront protégés par une claude de non-dilution,
ce qui n'est pas négligeable en cette période de crise économique
causée par la Covid 19."
Absence de "due diligence"
Contrairement aux deux autres repreneurs – NCZ et Trafigura – qui ont eu accès aux contrats et aux partenaires de Vale pour élaborer des propositions de financement et de répartition de capital précis, le consortium calédo-coréen, répète n’avoir que cette première ébauche (56% / 44% ). La répartition au capital des provinces reste à déterminer dès qu'un accord exclusif sera accordé à Sofinor- Korea Zinc.
Il affirme avoir demandé à plusieurs reprises au groupe Vale, l’accès au site et aux contrats pour construire, lui aussi, son offre définitive. « Accès qu’on lui refuse », clame t-il.
Une éthique
Selon Ulrich Reber, Korea Zinc ( Kz ) a "une réputation mondiale sur le plan éthique et environnemental. C'est pour cette raison qu'elle est qualifiée pour fournir des métaux à Apple pour la fabrication de ses I-Phone.
Korea Zinc n'a aucun problème pour vendre
la totalité de sa production de nickel et de cobalt
grâce notamment à son partenariat avec LG Chem,
leader mondial de batteries pour véhicules électriques
avec Panasonic et Calt.
Dans un article publié par le Comité des constructeurs français d’automobiles, ce syndicat professionnel des constructeurs d’automobiles informe que le fabricant coréen de batteries LG Chem a rejoint, en 2019, un groupe international en faveur des minéraux exploités de manière éthique. Ce groupe prévoit d’utiliser la technologie de la blockchain pour vérifier la traçabilité des minéraux qu’il utilisera et de vérifier que leur extraction a été réalisée de manière éthique.
IV/ Des points communs
Majorité calédonienne. Les deux consortiums calédoniens - suisse ou coréen - prônent une participation d'au moins 50% aux calédoniens dans le capital du repreneur. Sous quelle forme, les calédoniens y participeront ? Les montages financiers divergent selon les projets.
NHC. Les deux consortiums calédoniens - suisse ou coréen - veulent maintenir et augmenter la production de NHC, ce fameux précipité de nickel et de cobalt. Ce produit semi-fini doit être "dissous" dans une usine off-shore pour devenir une composante employée dans les batteries de véhicules électriques. Dans le cas de "Vale-Trafigura" c'est-à-dire Prony Resources, un partenariat est envisagé avec l'industriel Terrafame dont Trafigura est actionnaire.
Export. Les deux candidats envisagent l’exportation de saprolites pour rentabiliser l’usine. A une différence près que, la Sofinor affirme n'envoyer qu'une partie du minerai, celle "non valorisable par sa ligne de pyrométallurgie"; un export vers des usines offshore, détenues en partie par la Calédonie.
A noter que l'export de minerai issu du gisement de Goro, nécessite une modification du Code minier au Congrès. Ce qui augure des débats politiques houleux dans l'hémicycle.
Emploi et environnement. Enfin, les deux consortiums assurent vouloir maintenir l’emploi et de démarrer le projet de bassin de résidus LUCY (coût estimé par Vale à 35 milliards FCFP), adossé à des garanties environnementales élevées.
Reportage Nadine Goapana et Cédric Michaut
Chronologie de ce feuilleton politico-économique
Décembre. Le [ 4 ] : le groupe brésilien a bien l’intention de «passer le relais» de son actionnariat dans l’usine du Sud courant 2020. La multinationale compte céder les 95 % des parts qu’elle détient dans ce complexe hydrométallurgique - les 5 % restants appartiennent à la SPMSC, la Société de participation minière du Sud calédonien qui réunit les trois provinces.
Février. Le PDG de Vale Nouvelle-Calédonie, Antonin Beurrier évoque que «trois offres sont en train de se dessiner».
Mars. Mise en place de l'Ican : instance coutumière autochtone de négociation.
Avril. Sofinor-Korea Zinc dépose officiellement son offre. Il s’ensuit une audition par visioconférence. L’attente de réponse débute pour accéder à la 2e phase : négociation exclusive ou « due diligence ».
Mai. Le [ 26 ] : cinq mois après l’annonce du retrait, Vale choisi l’australien, New Century Resources (NCZ). Un accord d'exclusivité de 60 jours a été conclu mais pas de transaction.
Les différentes parties ont deux mois pour la concrétiser : « l'acheteur doit mieux connaître l'actif, les équipes, la stratégie. De façon générale, ils y souscrivent, mais ils ont besoin d'entrer maintenant dans les détails. D'engager des discussions avec l'Etat, la province, le gouvernement, la SPMSC, les employés. » explique Antonin Beurrier.
Juillet. Le [ 28 ] : la négociation exclusive avec l’australien NCZ est prolongée de 45 jours pour permettre à la junior minière de fournir une offre définitive.
« New Century Ressources (NCZ) dispose encore de 60 jours en exclusivité, voir plus, pour finaliser, ou pas, l’achat de Goro Nickel et de l’usine du Sud, et ce sera de toute façon après un audit préalable (due diligence) » a précisé le PDG de l’entreprise minière australienne.
Août. Mise en place du collectif « Usine du Sud- Projet Pays » et début de plusieurs manifestation organisées depuis le 21 août, dans le pays pour demander l’ouverture de discussions entre Vale et Sofinor-Korea Zinc.
Septembre. Le [ 2 ] : dépôt au Congrès, 34 élus demandent l’ouverture d’une session extraordinaire sur l’avenir de l’usine du Sud.
[ 8 ] : NCZ annonce sur son site officiel qu’il ne remettra pas d’offre définitive en dépit « d’un vaste processus de diligence raisonnable et de négociations commerciales avec Vale, l'Etat français et les autres parties prenantes du dossier. »
[ 14 ] : le Congrès auditionne les représentants de Sofinor Korea Zinc sur leur offre préliminaire et l’Ican. Vale a décliné l’invitation et n’est pas présent à cette session extraordinaire.
[ 16 ] : les représentants de Sofinor-Korea Zinc sont entendus, une nouvelle fois, par le groupe Vale et la banque de Rothschild. Selon Ulrich Reber, directeur de projet Sofinor, l'industriel Sud Coréen réaffirme sa participation financière et son souhait d’accéder au site industriel pour faire un audit c'est -à-dire la « due diligence ».
Octobre. Le [ 21 ] Trafigura remet son offre préliminaire le 21 octobre à Vale et s'est vu reconnaître un statut exclusif jusqu'au 4 décembre.
[ 23 ] : manifestation de l’Ican et du Collectif devant l’usine du Sud.
[ 26 ] : Vale informe par courrier que l’offre préliminaire de Sofinor-Korea Zinc n’est pas retenue : « reçue en avril 2020, elle ne présentait pas les garanties financières et environnementales requises pour cette transaction. » Dans ce courrier, il est indiqué qu’une nouvelle offre est étudiée, celle portée par Trafigura en qualité d’actionnaire minoritaire.
[ 30 ] : plusieurs mouvements à Nouméa, aux îles Loyauté ont lieu pour soutenir le projet Pays de Sofinor-Korea Zinc.
Novembre. Le [ 3 ] Une note confidentielle concernant le rachat de Vale Nouvelle-Calédonie est parvenue à nos confrères d’Outre-mer la 1ere. Elle analyserait le projet porté par la Sofinor et Korea Zinc, en concluant à une offre «peu documentée et très liminaire». Gouvernance, modèle financier, projet Lucy… Les réserves émises par Bercy semblent donc nombreuses. La Sofinor répond.
[ 5 ] : par visio-conférence, depuis l'hôtel où il est confiné à Nouméa, le patron de Vale Nouvelle-Calédonie annonce à la presse, que Vale entre en négociation exclusive avec Trafigura, géant suisse des matières premières.
Cette offre préliminaire a été remise le 21 octobre 2020 à Vale Canada, et permet à Vale d’accorder un statut exclusif au nouveau repreneur jusqu'au 4 décembre 2020, pour une clôture de transaction en janvier 2021.
[ 6 au 8] : l'Union Calédonienne tient son 51e congrès à Touho Mission et déclare soutenir le projet pays Sofinor-Korea Zinc pour la cession de l'usine du Sud.
[14-15 ] : deux congrès politiques se sont tenus ce week-end, celui du Parti Travailliste ( 11e à la VDT) avec la réélection de Louis Kotra Uregeï à la présidence, et celui du Palika à Poindimié (45e). Tous deux réaffriment leur soutien au "projet pays" porté par Sofinor-Korea Zinc.
[ 14 au 18 ] : plusieurs manifestations et blocages sont organisés par l'Ican et le Collectif à Nouméa, à Koné et aux îles Loyauté. Ils demandent que l'Etat organise un tour de table.
La présidente de la province Sud en appelle à la responsabilité des membres du groupe « Leprédour » et précise qu’une réunion est organisée ce 18 novembre après-midi, au sujet de la répartition du capital calédonien.
Médiation. Calédonie Ensemble entre à son tour dans le débat en proposant au président de Vale Monde une médiation avec toutes les parties prenantes, « afin de renouer les fils d’un dialogue interrompu ».
L’ordonnance de référé prise mardi 17 novembre par le juge, expulsant les occupants irréguliers du domaine public portuaire, a été signifiée ce mercredi 18 novembre aux intéressés.
Examens scolaires. L’Union des groupements de parents d’élèves demande, dans un communiqué publié, un moratoire pour permettre aux jeunes et à leur famille de se présenter aux examens dans les meilleures conditions possibles.
[ 18 ] : la cession de l'usine du Sud se cristallise au niveau politique. Dans une lettre ouverte aux Calédoniens, Daniel Goa, président de l'UC appelle les militants de l’UC, mais aussi « les dirigeants et les militants des autres forces indépendantistes, tous les sympathisants et toutes les personnes conscientes de la nécessité d’un développement harmonieux du pays à rejoindre le combat pour faire de l’usine du Sud une véritable «Usine-Pays ». Et d'ajouter que, l’Union calédonienne ne participera pas aux discussions avec l’Etat. Le président de l'UC fait référence à la première réunion fin novembre, actée lors de la visite du Ministre de l'Outre-Mer et qui a pour thématique : le nickel.
[19] Le gouvernement « favorable à l'organisation urgente d'une table ronde». Le collectif suspend sa mobilisation, en raison notamment des épreuves du baccalauréat (exceptionnel puisque le Caillou "Covid Free" est l'un des seuls territoires français à pourvoir faire passer cet examen aux élèves en présenciel ). Le port autonome de Nouméa a été débloqué.
Transparence. Dans le cadre de l'audition de Sébastien Lecornu par la délégation aux Outre-mer, jeudi 19 novembre, le député Philippe Dunoyer a interrogé le ministre des Outre-mer sur le dossier de reprise de l'Usine du Sud. La réponse du ministre a été (en partie) celle-ci :
"Je pense que l'on gagnerait à ce que les offres soient connues de tous
pour que chacun puisse se faire une idée une opinion,
que l'on regarde ce qu'elles contiennent,
quels sont les niveaux de participation de chacun,
quel est le degré de solidité financière des uns et des autres."
[ 20 ] A Paris, les députés ont renouvelé le prêt de l’Etat au futur repreneur de l'usine du Sud, au titre du soutien au secteur du nickel. Ce nouveau prêt ne pourra être accordé que si Vale rembourse ses créances au moment de la cession de l’usine. Un amendement "jugé suspicieux" précise que « la poursuite de l’exploitation du site impose de mettre en œuvre une transformation de son modèle économique et industriel ».
Si l’on peut voir dans cette phrase une simple intention de replacer ce prêt dans son contexte, les indépendantistes, eux, y voient un soutien au consortium avec Trafigura.
[ 23 ] Le sénateur Pierre Frogier et le président de l'UC Daniel Goa se sont exprimés, chacun, à travers une lettre ouverte pour demander à l’Etat de prendre ses responsabilités.
Après une semaine de mobilisation, circulation "normale" ce lundi. Le mouvement est suspendu, le temps des discussions. A noter tout de même, le blocage de la mairie de Yaté dans la matinée. Les portes ont été réouvertes dans l'après-midi.
Dans un communiqué, le maire de Yaté, Victor Gouetcha déclare apporter son soutien «à la démarche formulée par l’Ican et le collectif Usine du Sud = usine pays».
Il «dénonce les informations publiques» portant sur une participation de la commune, dans le montage financier du projet Prony Resources incluant Trafigura.
[ 24 ] Calédonie ensemble souhaite endosser un rôle de médiateur dans ce conflit économico-politique, et présentera ses propositions jeudi matin, lors de la visioconférence du «groupe Leprédour» avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu.
Trois propositions : détention d'au moins 50% du capital par des collectivités locales, l'accès au site à Sofinor-Korea Zinc au site et aux contrats pour formuler (ou pas) une offre définitive et enfin, une intervention de l’Etat plus affirmée dans ce dossier afin d’éviter un cataclysme économique en cas de fermeture de l’usine.
[ 25 ] La mairie de Yaté a été bloquée lundi par le collectif "usine Pays" et par l’ICAN. Les locaux ont été libérés dans l’après-midi après que le maire ait publié, le 23 novembre, un communiqué de soutien « à leur démarche d'usine Pays.»
[ 26 ] Les membres du "groupe Leprédour" débutent leur série de réunion en visioconférence avec le ministre des Outre-Mer à Paris. Le rendez-vous est prévu à 7h ce jeudi 26 novembre au Haut-Commissariat de la République à Nouméa.
Motus et bouche cousue : clause de confidentialité à deux niveaux (politique et industrielle)
Sur les 10 personnalités politiques invitées, un absent. Ce n'était pas celui annoncé,à savoir Daniel Goa, mais le président de la province Nord et leader de l'Uni-Palika : Paul Néaoutyine. Le président de l'UC Daniel Goa, qui avait décliné l'invitation, s'est finalement rendu à ce tour de table ministériel.
POLITIQUE. Rien ne filtre sur le contenu des échanges, hormis, la parole de Victor Tutugoro ( UPM). Celui ci indique "des avancées notables sur la question du nickel en général et sur le dossier Vale en particulier". Ces propos se heurtent à la "lassitude" de son homologue de l'UC qu'il livre, en début de soirée, au travers d'un communiqué, ci-dessous :
INDUSTRIELLE. Dans un communiqué du Ministère des Outre-Mer, Sébastien Lecornu affirme que des tentatives diplomatiques répétées ont été engagées pour entrer en contact avec la société Korea Zinc. Sans succès. Et pour cause, Korea Zinc comme la Sofinor "respectent le droit (des affaires)" puisqu'ils sont soumis à la clause de confidentialité édictée par la banque de Rothschild et Vale Canada.
Conséquence : interdiction d'entrer en contact avec les partenaires actuel de Vale NC : l'Etat, la province Sud, le comité d'entreprise (les salariés) et les représentants des clans coutumiers signataires du pacte de développement du grand Sud.
Prochaine "table ronde" dédiée au dossier Vale
Dans ce communiqué le Ministre des Outre-Mer ajoute qu'une table ronde sera organisée par l'Etat dans les prochains jours. Compte à rebours lancé. Dans moins de 7 jours, le 4 décembre, le groupe Vale et Trafigura clôtureront leur négociation exclusive.
Le Haut-commissaire en annoncera la date dans les prochains jours. Elle permettra notamment, à chacun, d'exprimer ses attentes et ses interrogations sur le devenir du site.
[30] L'Instance coutumière autochtone de négociation - Ican- et le collectif «usine Pays» participeront à la table ronde, organisée ce 1er décembre, mardi après-midi à Nouméa, au Haut-Commissariat, dans le dossier Vale Nouvelle-Calédonie. Les deux projets de reprise devraient être évoqués.
Ils veulent qu'une mission d'experts s'assure de l'intégrité des installations environnementales : le barrage KO2; ils demandent que la due diligence soit accordée à l'industriel Sud Coréen afin que ses techniciens accédent à l’usine du Sud et puissent ainsi finaliser (ou pas) leur offre définitive.
Décembre. [1er et 3 ]
Deux tables rondes - le 1er et le 3 décembre - se sont tenues au Haut-Commissariat à Nouméa.
La seconde table ronde consacrée à la cession de l'usine du Sud s'est terminée, dans la nuit du jeudi à vendredi, vers deux heures du matin. Ce 4 décembre, date butoir marquant la fin de la période de "négociation exclusive" entre le groupe Vale et le suisse Trafigura, une feuille de route "commune" a été arrêtée par le groupe Leprédour "élargi" à l'Ican, au collectif "Usine pays", au Sénat coutumier,
Après plus de dix heures, la rencontre a abouti à la signature d'engagements, de compromis, de part et d'autre :
Expertise indépendante du barrage : «Pour répondre aux demandes d'expertise sur la stabilité du barrage, la diffusion du rapport d'expertise du 25 novembre (Mecater) sera assurée par la Dimenc». Par ailleurs, Sonia Backès « a accepté l'hypothèse d'une expertise complémentaire si elle était demandée ».
Report de la signature : « Les participants à la table ronde, conscients de leurs responsabilités, se sont accordés pour que la présidente de la province Sud porte auprès des acteurs concernés la demande d'un report de la signature d'un accord ».
Vers l'apaisement avec suspension des blocages
L'Ican, le collectif "usine Pays" et l'USTKE s'engagent à suspendre les blocages pendant la durée des discussions». La consigne devait être passée aux militants «avant 6h pour une mise en œuvre de la décision, ce vendredi avant 18 heures».
Maintien de la Sofinor ?
Aux déclarations de Sonia Backès et des loyalistes assurant du retrait de la Sofinor, se confrontent les déclarations et communiqué de la Sofinor indiquant qu'elle maintient sa présence et qu'elle « n’a, à aucun moment, indiqué se retirer du projet, ce qui ne semble pas avoir été compris par tous les participants.»
Le maintien de la Sofinor dans les discussions actuelles
est une condition sine qua none
du maintien de la candidature de Korea Zinc.
Entre "offre de rachat définitive" et "offre de rachat exclusive à compléter"
L'enjeu de la "présence ou le retrait de la Sofinor" déterminerait-il la nature et l'objet de l'expertise de Korea Zinc ? Du côté des Loyalistes, et donc de la présidente de la province Sud : Sofinor se retire, Korea Zinc fait une visite du site indsutrielle sur trois jours (période du report de la signature avec Trafigura) et un possible partenariat serait à "rechercher".
Du côté de l'Ican, le collectif et le FLNKS : maintien de la Sofinor en qualité de porteur de projet pour mener avec KZ un audit des installations et des contrats en cours de Vale NC.
A l'issue de la table ronde de ce 4 décembre, de nouvelles discussion seront menées sur trois points :
- la venue de Korea Zinc sur le site de l'usine «afin de procéder à une expertise dans le cadre de la recherche d'un partenariat financier et/ou industriel»;
- l'actionnariat calédonien ;
- le processus industriel, «notamment la possibilité de faire évoluer le projet pour aller jusqu'au raffinage dans le cadre d'un partenariat industriel».
Sur ce premier point, les discussions futures devront "éclaircir" la nature et l'objet de cette expertise Sud Coréenne :
« est-ce une "due diligence" réclamée depuis le mois d'avril par Sofinor-Korea Zinc pour achever son offre définitive OU, est-ce un complément au partenariat exclusif "Vale+Trafigura" en y intégrant (peut-être) Korea Zinc, sans la Sofinor ?
[ 5 ] Rupture du dialogue
Vers 19h30, ce samedi, à l'issue d'une réunion à l'assemblée de la province Sud, l'Ican annonce la reprise de la mobilisation. Le point de crispation et d'incompréhension entre l'Ican, le collectif "usine pays" et la présidente de la province Sud porte sur la nature et l'objet de la visite de Korea Zinc pour une durée de trois jours.
Inacceptable pour l'Ican, respect de son engagement pour Sonia Backès, chacun se renvoie la responsabilité de la rupture du dialogue.
[ 6 ] Usage de la force publique
Vers 6h du matin, les gendarmes interviennent sur le site de l’usine du Sud, afin d’en libérer les accès. Plusieurs axes routiers sont bloqués, au Mont-Dore et dans le col de Mouirange.
[ 7 ] Affrontements et appels au calme
Affrontements, blocages, contre-mobilisations, circulation perturbée : alors que le bras de fer engagé en Nouvelle-Calédonie autour de l’usine du Sud franchissait un cran, les réactions institutionnelles se sont succédées.
[ 8 ] Rebondissement inattendu : KZ se retire
Au terme d’un lundi d’affrontements et de blocages, ce coup de tonnerre lundi soir vers 19h30 : par un communiqué, la Sofinor annonce qu’« eu égard à la situation, Korea Zinc, notre partenaire industriel dans le cadre de la proposition de reprise de l’usine du Sud, nous a fait part, ce jour, de son souhait de se retirer du projet ».
Dans un communiqué, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer a "fermement" condamné les violences en Nouvelle-Calédonie et prend également acte du "retrait officiel", de l'offre concurrente Sofinor et Korea Zinc, portée à sa connaissance que le 29 octobre.
Prochaine réunion groupe Leprédour. Il annonce la tenue d'une nouvelle réunion jeudi prochain, au format Leprédour. Elle se déroulera à 19h30, heure de Nouméa, 9h30 à Paris.
Le [ 9 ] Le consortium Prony Resources rachète l’usine du Sud au terme de la période de négociation exclusive. Annonce faite ce mercredi midi, par Vale.
Le [ 10 ] Au lendemain de l'annonce de la cession de l'usine de Sud, le site industriel a été le théâtre, ce jeudi après-midi, de violents affrontements entre des manifestants et les forces de l'ordre. Les gendarmes ont dû faire usage de leurs armes pour stopper des tentatives d’intrusion. Plus de 300 salariés ont été évacués. Dans la nuit, vers 19h30, s'est tenu la troisième réunion du groupe Leprédour, sans les indépendantistes. Rien n'a filtré des discussions.
Le [ 20 ] Le gouvernement va lever le Plan particulier d’intervention (PPI) déclenché il y a douze jours en raison des tensions autour de l’usine du Sud qui faisaient peser un risque jugé important sur ce site classé « installation classée pour l’environnement », c’est-à-dire Seveso 2.
Le [ 22 ] Les salariés de Vale livrent leurs inquiétudes au ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Dans un entretien par visioconférence avec Sébastien Lecornu ce mardi matin, le comité d’entreprise de Vale NC ainsi que des représentants syndicaux ont tiré la sonnette d’alarme sur l’avenir de l’usine du Sud.
Le [ 29 ] Les entreprises sous-traitantes de l'usine du Sud ne travaillent plus depuis le 12 novembre dernier. Elles ont fait part ce mardi matin de leur inquiétude.
Janvier. Le [ 9 au 10 ] Daniel Goa, le chef de file de l’UC a rappelé les discussions et les échanges avec le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu. Et le rejet de l’Etat de ne pas recourir à la nationalisation de l’usine du Sud. Pour Daniel Goa, cette disposition aurait permis de poursuivre les discussions avec les repreneurs potentiels.
La présidente de la province Sud, Sonia Backès, a proposé une nouvelle mouture pour la reprise de l'usine du Sud maintenant Trafigura avec cette fois-ci un actionnariat calédonien renforcé. Une table ronde est prévue mardi autour de la question environnementale, notamment celle du barrage.