Dossier usine du Sud : face aux violences, les réactions

Après les affrontements, nettoyage d'une rue à Nouméa.
Affrontements, blocages, contre-mobilisations, circulation perturbée : alors que le bras de fer engagé en Nouvelle-Calédonie autour de l’usine du Sud franchissait un cran, les réactions institutionnelles se sont succédées.
Plusieurs réactions institutionnelles, ce lundi à partir de la mi-journée, après une matinée faite d’images de chaos et des blocages réitérés (détail des faits dans cet article).

 

La province Sud appelle «au calme, à la responsabilité et au dialogue»

Dans un communiqué signé par «l’exécutif de la province Sud», les dirigeants de la Maison bleue en appellent «au calme, à la responsabilité et au dialogue pour que cessent rapidement les violences et les dégradations»
Ils constatent en effet : «Depuis hier, des barrages et des actes de violence touchant la province Sud et plus particulièrement Nouméa, le Mont-Dore et Goro se sont multipliés, avec une escalade ce lundi».
En soulignant : «Nous saluons le courage des forces de l’ordre qui a permis de sécuriser la ville de Nouméa et les salariés de l’usine du Sud.» 
 

Le président du gouvernement, aussi

Appel «au calme et à la reprise du dialogue», également, du président du gouvernement. Dans un autre communiqué, Thierry Santa «invite la population à faire preuve de responsabilité», considérant «que la violence ne règle rien et ne constitue en aucun cas un cadre de discussion constructive»
A la veille des fêtes de fin d’année et dans le contexte actuel, écrit-il par ailleurs, «il est inenvisageable de mettre en péril l’activité économique et d’attiser les tensions entre les Calédoniens». Dès cet après-midi, le gouvernement doit activer «une cellule d’urgence économique pilotée par Christopher Gygès, membre en charge de l’économie»
Et d'apporter «son total soutien aux forces de l’ordre mobilisées pour garantir la libre circulation des marchandises et des personnes sur tout le territoire et assurer la sécurité de tous les Calédoniens»
 

Calédonie ensemble «déplore»

Réaction des parlementaires Calédonie ensemble, ensuite. «Depuis hier, de très graves troubles à l’ordre public se sont succédés partout dans le pays. Nous condamnons, avec la plus grande fermeté, ces atteintes intolérables à la sécurité des biens et des personnes. Elles nous renvoient aux heures les plus sombres de notre histoire», signent les députés Philippe Gomès et Philippe Dunoyer avec le sénateur Gérard Poadja. 
«Nous déplorons que le dialogue initié sur la question de la reprise de l’usine du Sud, que nous appelons de nos vœux de longue date, n’ait pu aboutir à un compromis», ajoutent-ils.
«Nous appelons à nouveau l’Etat à prendre la main au plus haut niveau pour construire un règlement pacifique de ce conflit, dont la dimension politique est désormais patente […] Il en va de l’avenir de l’usine du Sud et des 3 000 familles qui en vivent. Il en va du maintien de la paix dans notre pays. Il en va aussi de notre capacité collective à construire, par le dialogue, un futur apaisé pour tous les Calédoniens.» 
 

Les conseils d'aire recadrent

Mise au point au nom des conseils des huit aires coutumières, par ailleurs. Ils «appellent l’ensemble des manifestants et acteurs de mobilisation sur l’ensemble du territoire au calme et à l’apaisement des tensions, et condamnent fermement les dégradations commises à l’encontre des biens et de personnes».
Dans ce communiqué commun, les présidents des aires appellent «l’ensemble des parties concernées à prendre les dispositions nécessaires afin de permettre à nouveau de réunir les conditions favorables à la réuouverture du dialogue, et l’Etat à réorganiser dans les plus brefs délais une autre table ronde».
Les huit conseils «rappellent à tous leurs ressortissants qu’il leur a été demandé de participer à toute action de mobilisation pacifique lancée par l’Ican et les différents collectifs».
Mais «en tant que représentants du peuple autochtone», ils interpellent l’Etat quant à son «rôle à tenir en tant que puissance administrative». Avec cet avertissement : «nous nous engageons à saisir le Comité spécial de décolonisation de l’Onu afin de [l’]informer de la situation actuelle.» Et de conclure par une mise en garde «sur les informations de source incertaine relayées sur les réseaux sociaux».  
 

La maire de Nouméa condamne

Puis cette intervention de la maire de Nouméa. Sonia Lagarde «condamne avec la plus grande fermeté les violences urbaines qui ont touché indifféremment ce matin des équipements publics et des propriétés privées, dans la ville».
Et d’énumérer : «voitures brûlées, dégradation de commerces, caillassage de la mairie de Nouméa, destruction de mobilier urbain… Ces actes inqualifiables ne permettent pas la nécessaire reprise du dialogue dans le dossier de l’usine du Sud. Ils ne permettront pas non plus d’engager sereinement les discussions quant à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.»
La maire de Nouméa insiste : «Aucun conflit politique ou économique ne peut justifier de tels comportements.» Elle «salue et remercie les forces de l’ordre qui sont engagées depuis ce matin pour ramener le calme et la sécurité, et […] partage l’émotion et l’exaspération de tous ceux qui ont pu être victimes ou témoins de ces actions violentes».
Les équipes municipales sont à pied d’œuvre et remettent en état les voies de circulation qui le nécessitent, ajoute-t-elle en concluant: «Ceux qui encouragent ou cautionnent ces actions devront assumer leurs responsabilités.»   

Le FLNKS «dénonce la voie de la répression»

En fin de journée, dans un communiqué de son bureau politique, «le FLNKS dénonce l’interprétation erronée de Mme Backès et de Vale sur l’accord trouvé vendredi dernier au matin, qui a conduit à l’échec des discussions de samedi entre les parties prenantes». Par la plume de Victor Tutugoro, le Front :
  • «demande à l’Etat d’organiser le plus rapidement possible une réunion sur la base du relevé de décisions signé au sortir de la deuxième table ronde»;
  • «dénonce la voie de la répression choisie par l’Etat ces deux derniers jours»;
  • «rappelle que seule la voie du dialogue pourra apaiser les tensions en ouvrant le plus rapidement la table des discussions».
 

Citoyen mondorien

En fin de journée, c'est aussi l'Association citoyen mondorien qui monte au créneau. ​«Depuis [dimanche], les Mondoriens et les Mondoriennes subissent des blocages et des caillassages sur de nombreux points routier de la commune. Cette situation récurrente est inacceptable», redit-elle. «Une plainte a été déposée pour entrave à la libre circulation et mise en danger de la vie d’autrui.»
L’association «demande aux institutions et notamment à l’État de garantir la libre circulation sur les axes routiers notamment la RP1 et la RP3 […] afin que l’ensemble des habitants des communes du Mont-Dore et de Yaté puissent avoir la certitude de retourner dans leurs familles».
Par ailleurs, elle regrette «que nos décideurs n’aient pris aucune mesure préventive et répressive pour assurer la sécurité des usagers et des administrés». 
Autant de réactions survenues avant un autre épisode fracassant de la journée: l'annonce du retrait de l'offre défendue au nom du consortium Sofinor-Korea Zinc :