Dossier usine du Sud : un début de semaine explosif

Ce lundi matin à Nouméa, à Bourail et au Mont-Dore.
Comme on le craignait, après la rupture du dialogue dans le dossier «usine du Sud», la semaine a commencé sous le signe des blocages et des embouteillages. Et même des affrontements, lundi matin à Nouméa, entre des manifestants et les forces de l'ordre. 
[DERNIERE MISE A JOUR]
 

L'annonce choc

Très longue et très chargée, cette journée de lundi marquée par de violentes confrontations dans le centre de Nouméa, s'est terminée de façon fracassante: par l'annonce du retrait de l'offre défendue âprement au nom du consortium Sofinor-Korea Zinc. 

La RP1 fermée à nouveau au Mont-Dore

Au moment où le communiqué à ce sujet tombait sur les boîtes électroniques des rédactions, peu après 19 heures, les forces de l'ordre fermaient à nouveau la route provinciale desservant le Sud du Mont-Dore et Yaté. En cause, le barrage en place dans la traversée de Saint-Louis. 

Ouverture ponctuelle à Saint-Louis

Les conditions de circulation au Mont-Dore auront été un feuilleton à elles seules, ce lundi. La route a été bloquée à plusieurs reprises par les manifestants répondant à l'appel du collectif «usine du Sud = usine pays». Pneus en feu, branchages, voitures, camion, tas de terre... A hauteur de la mission et de la station maraîchère, plusieurs obstacles ont été placés en travers des voies.
Vue aérienne du barrage à hauteur de la mission de Saint-Louis, sur la RP1.
Et puis, dans l'après-midi, le barrage a été temporairement levé pour permettre aux Mondoriens de rentrer chez eux. Ce sont alors d'énormes bouchons qui se sont formés.
Le récit de Charlotte Mannevy et Claude Lindor :
 

Mesures prises

Dans ce contexte incertain, la mairie du Mont-Dore a pris plusieurs mesures. L’axe qui traverse Saint-Louis est le seul à desservir la partie Sud de la commune et Yaté, soit plus de 14 000 habitants. S’il s’avère encore bloqué mardi matin, le dispositif de navettes maritimes doit reprendre dès 6h30, entre le débarcadère des Dauphins, au Vallon-Dore, et la marina de Boulari. Déployé depuis lundi matin, il donne la priorité aux urgences, notamment sanitaires.
Une navette maritime d'urgence au ponton des Dauphins.
A partir de 14 heures, un mini-bus gratuit a également fait le lien entre les quartiers de la partie Sud et le wharf des Dauphins.
Un numéro vert est disponible : le 05 16 15.
Et à 18 heures, des centres d’urgence ont ouvert pour abriter les personnes éventuellement bloquées hors de chez elle :
  • à la salle omnisports Henri-Sérandour de Boulari, pour la partie Nord;
  • à la salle omnisports Timi-Schmidt du Vallon-Dore, pour la partie Sud.
 

«La ville est préparée»

«Ce qui est certain, c’est que la ville est préparée dans tous les cas de figure», rassurait Vaea Frogier, adjointe au maire en charge de la sécurité des personnes et des biens, dans le journal de lundi midi. Elle répondait à Medriko Peteisi :

12 h Vaea Frogier


 

Récit d'une matinée chaotique à Nouméa

A ce moment, la situation revenait à la normale dans le centre-ville de Nouméa, après une matinée chaotique. 
Le récit télé de Stéphanie Chenais et Claude Lindor :
 

La navette maritime de Vale ciblée

Tôt ce lundi, des manifestants répondant à l'appel du collectif «usine pays» se sont déployés sur les quais de Nouméa. Pour empêcher le départ de la navette maritime qui amène une partie des équipes au complexe industriel du Grand Sud. 
La navette Vale Grand Sud a été secourue par les sauveteurs de la SNSM au petit matin. A 4h30, la police a sollicité le MRCC - les secours en mer : les amarres du bateau avaient été coupées et l’embarcation était à la dérive dans la petite rade.
Le port autonome, responsable de la zone, a d’abord pris les opérations en main. Les moyens engagés, trop limités, ont nécessité l’intervention complémentaire de la SNSM. Un équipage a appareillé à 5h20 et a amené le capitaine à bord de la navette. Elle a pu être récupérée juste à temps, avant d’aller s’échouer sur les rochers de l’autre côté de la petite rade.
Le remorquage a ainsi pu être mis en place et la navette a été sécurisée. Elle a finalement pris la direction de Prony, escortée par la marine nationale. 

Affrontements à l'usine du Sud...

Sur le site de Vale NC dans le Grand Sud, la situation était également agitée. La direction de l’entreprise rapporte un important affrontement en tout début de journée entre manifestants et gendarmes mobiles.
Des intrusions ont été relevées sur le site, dans les bureaux et sur la mine. Trois véhicules y ont été incendiés et sept dégradés, des insultes et des caillassages des équipes de sécurité présentes sur place ont été signalés.
 

... et à Nouméa

A Nouméa, les forces de l’ordre s’étaient aussi positionnées, en nombre, quai Ferry. Elles sont intervenues dès le début de matinée. Il y a eu confrontations, jets de projectiles et de lacrymogènes. Aperçu en images filmé au-dessus de la rue Ferry entre 6 heures et 7 heures (l’auteur souhaite rester anonyme) :
L’avenue Ferry a été coupée à la circulation. Ces confrontations se sont déplacées dans les rues alentours du centre-ville. Images de Stéphanie Chenais rue Gallieni vers 6h30 :
Mais c'est toute une partie de la matinée que des affrontements ont eu lieu entre manifestants et force de l'ordre. On a entendu des explosions, le plus souvent des voitures en feu qui explosaient, des tirs de lacrymogènes et de flash-balls. Voitures et pneus en feu produisaient beaucoup de fumées. On a pu voir au sol beaucoup de cailloux sur les chaussées, voire des rochers.
Images de Stéphanie Chenais :La police, qui s’était rapprochée du carrefour Patch, a procédé à des interpellations.La situation restait très tendue, notamment aux abords de l'ancien CHT Gaston-Bourret et du port autonome où des véhicules étaient en flammes. Les commerces et autres banques à proximité de la rue Galliéni et du quai Ferry ont préféré fermer leurs portes. Vers 10 heures, la plupart des manifestants se trouvaient aux environs de la Vallée-du-Tir.
Autres conséquences de ces confrontations, d'énormes embouteillages.
Reportage de Stéphanie Chenais :

 

Retour progressif au calme

A midi, le haut-commissariat annonçait sur notre antenne radio qu’il n’y avait plus de blocage à proprement parler à Nouméa, à l'exception d'«une opération de maintien de l'ordre» en cours à Nouville, sachant qu’il restait aussi à déblayer la chaussée par endroits.
Ecoutez Sandra Lalié, directrice des sécurités et adjointe du directeur de cabinet du haussaire. Elle répondait à Medriko Peteisi :

12h Sandra Lalié

 

Le bilan de la police : «47 interpellations et huit blessés»

En début d'après-midi, on nous signalait que toutes les entrées de Nouméa étaient dégagées. Mais qu'un blocage était en cours au fond de la presqu’île de Ducos, dans le col de Numbo.
Et en fin de journée, la police nationale revenait sur le détail des interventions menées le matin à Nouméa. Sa synthèse : jusqu'à 80 personnels engagés, avec le renfort de trois pelotons de gendarmes mobiles, 47 interpellations et huit blessés légers (trois manifestants, quatre policiers et un gendarme).
 

Prudence dans le centre

Lundi soir, la mairie de Nouméa a lancé un appel à la prudence pour les automobilistes circulant en centre-ville dans les prochains jours.  

Le CHS déplore des dégâts

A Nouville, le CHS Albert-Bousquet déplore la dégradation et la destruction de deux de ses véhicules. 


La clinique de Nouville demande à ses patients de ne pas venir

Les scènes violentes à l'entrée de Nouville ont eu des conséquences en cascade. La clinique Kuindo-Magnin a indiqué qu'elle ne pouvait plus, ce lundi, assurer l'accueil des urgences et devait fermer le service. Avec ce message en milieu de matinée : «En raison des blocages à l’entrée de Nouville, nous demandons à nos patients de ne pas prendre de risque et de ne pas se déplacer. Nous rappellerons tous nos patients individuellement pour reprogrammer leur opération dans les jours à venir.» 

Les étudiants priés de ne pas se rendre à l'UNC

L'université de la Nouvelle-Calédonie a envoyé un courriel à ses étudiants pour leur demander de ne pas se rendre sur le campus de Nouville ce lundi et à ceux déjà présents sur le site d'attendre les instructions.  
 

Examens perturbés

Autre conséquence : des problèmes d'accès au lycée Jules-Garnier proche de là, à Nouville. Or, il s'agit d'un centre d'examen pour les épreuves du baccalauréat prévues aujourd'hui encore. D'autres centres ont été affectés par les blocages. Le vice-rectorat appelle les candidats et les enseignants concernés à suivre les informations. Les élèves qui n'ont pas pu rejoindre Jules-Garnier «doivent contacter le lycée pour être accueillis ultérieurement cette semaine».
Ecoutez le vice-recteur Erick Roser, interrogé par Claudette Trupit :

Perturbations bac itw Roser

 

Côté transports

Le réseau Raï a été fortement perturbé. Si certains bus ont pu prendre la route très tôt ce matin, les autres véhicules ont quant à eux été mis en sécurité au dépôt. La gare routière étant présentée comme site sensible lundi matin, au vu des évènements, selon la direction du Raï.
Les grandes lignes ont été suspendues pour protéger les  chauffeurs et les passagers et aucune ligne ne devrait circuler aujourd’hui. Une quinzaine de lignes est concernée, et entre deux cents et trois cents personnes impactées, selon la direction. 

Le réseau Tanéo de transport en commun dans le Grand Nouméa a été mis à l'arrêt en milieu de matinée. Avant d'annoncer la reprise de toutes ses lignes entre 14h30 et 15 heures. Mais au vu de la situation dans la partie Sud du Mont-Dore, la ligne M4 était perturbée:
  • dans le sens Nouméa / MD, terminus au lycée, à Saint-Michel;
  • dans le sens MD / Nouméa, terminus à La Coulée.
 


Des écoles fermées

Vu le contexte, plusieurs mairies ont pris des décisions concernant les scolaires. A Yaté, «par mesure de sécurité», le transport scolaire et le service repas n'ont pas été assurés lundi, les écoles publiques sont restées fermées. A Moindou, pas d’école ni de ramassage scolaire ce lundi. A Farino, pas de transport scolaire.
Mais à La Foa, qui a envisagé de fermer ses établissements scolaires, ça n’était pas le cas : «compte-tenu du calme relatif, signalait la mairie, les écoles sont ouvertes ce matin».
"En prévision des blocages liés à l’actualité et par mesure de sécurité", la mairie de Sarraméa indique en revanche que l'école sera fermée ce mardi et que les transports scolaires ne seront pas assurés. 
 

Des agences OPT closes

L'OPT a signalé des perturbations dans le fonctionnement de ses agences du fait des blocages routiers. 
 

Bourail : mobilisation, et contre-mobilisation

A Bourail, forts ralentissements. Deux points de mobilisation ont été mis en place lundi matin. Côté Nord, il y avait celui du collectif «usine pays». Et côté Sud, une contre-mobilisation des Loyalistes, et de riverains exaspérés par ces blocages.
Explications de Nathan Poaouteta dans le journal de midi:

12 h Bourail

 Le reportage de Nathan Poaouteta dans le JT :

 

Protestation à la Moselle 

Un rassemblement s'est aussi formé à Nouméa baie de la Moselle, à partir de 6 heures, à l'appel des Loyalistes. Plus d'une centaine de personnes se sont mobilisées devant la province Sud afin de dire stop aux blocages des routes et des institutions.
William Lecren a recueilli leurs impressions :

Rassemblement province Sud Trot

A La Foa ou Koné

Point de mobilisation, sans blocage, à Fonwhary.
A La Foa, l'appel à mobilisation du collectif «usine pays» prenait notamment la forme, lundi matin, d'un regroupement avec banderoles au bord de la RT1, à Fonwhary. Et à Koné, de banderoles sur le rond-point à hauteur de l'hôtel de province.
Au rond-point de la province Nord, à Koné.

 

Dialogue rompu

L'explication à cette situation ? Le dialogue qui a été ce week-end rompu dans le dossier du rachat de l’usine du Sud. Chaque partie s’accusait mutuellement du non-respect du consensus trouvé la semaine dernière.

 

Pluie de réactions

Les violences de ce lundi matin ont en tout cas entraîné une succession de réactions de la part des institutions. Province Sud, président du gouvernement, parlementaires, aires coutumières, maire de Nouméa, FLNKS, Citoyen mondorien :