Plus d’un mois et demi après l’agression mortelle d’un patient au sein de l’unité sans consentement du Centre hospitalier spécialisé Albert-Bousquet , à Nouméa, l’enquête de police se poursuit. Après ce drame, deux accidents du travail ont été "gérés" par la direction du CHS et le personnel, très affecté, a pu bénéficier d’un dispositif de soutien psychologique adapté. "C’est un lieu à haut risque où les actes de violences sont fréquents, bien plus qu’ailleurs, et où les patients sont potentiellement dangereux pour eux-mêmes et pour autrui, en particulier les détenus qui épuisent le personnel. Il y a donc un équilibre à trouver mais pour cela, il faut avoir des places, ce que nous n’avons pas", affirme Philippe Palombo. Alors, pour faire face à ces actes de violence, le service de sécurité du CHS a été multiplié par dix.
Fermeture de lits et pénurie de soignants
36 lits sur 210 ont été fermés au CHS depuis le début de l’année, sans compter le nombre de postes vacants en médecine, notamment en psychiatrie. Comme toutes les structures hospitalières du territoire, le CHS fait face à des difficultés, avec tout de même "des frémissements au niveau du recrutement". Mais il faut que la Nouvelle-Calédonie reste attractive dans un contexte institutionnel et économique instable, insiste le directeur du CHS. "On arrive à recruter des paramédicaux mais ça ne compense pas les accidents du travail liés aux violences subies par le personnel tous les jours." Pour Philippe Palombo, "pas de secret : s’il n’y a pas assez de moyens attribués au personnel, il faut réduire la voilure et donc fermer notre offre de soins, ce qui peut compliquer la gestion de la file active". C’est-à-dire le nombre total de patients pris en charge dans un service au cours de l'année.
Une coopération inter-hospitalière régionale à développer
Afin d'évoquer, entre autres, toutes ces problématiques, une délégation composée de plusieurs représentants des différents établissements de santé en Nouvelle-Calédonie s’est rendue en Polynésie la semaine dernière, pour une série de séminaires et de visites officielles. "Nous faisons partie avec Wallis et Futuna et la Polynésie française de la Fédération hospitalière de France, qui regroupe mille hôpitaux publics et 3 500 établissements médico-sociaux". Il a notamment été question de coopération inter-hospitalière régionale, "on a essayé de voir par rapport à nos expériences communes ce qui peut être pris dans un sens et dans un autre. On s’aperçoit que dans certains dossiers, nous sommes plutôt en avance, c’est le cas en psychiatrie, et dans d’autres, nous le sommes moins, mais ces échanges permettent d’être plus efficients dans le recrutement, la gestion du personnel ou encore les projets de service", explique Philippe Palombo.
Un entretien à retrouver ici.