Ce sont 78 bus qui sont restés au dépôt, ce lundi, jour de rentrée scolaire. Et cela pourrait durer encore cette semaine. La conséquence de la grève générale entamée par le groupement d’intérêt économique Karuïa, délégataire du lot numéro 2 pour le Syndicat mixte des transports urbains, regroupé sous l’étiquette Tanéo. Le mouvement paralyse quinze lignes du réseau. Alors que douze autres, celles du délégataire Carsud, sont toujours desservies.
Contexte de difficultés financières
Au cœur des tensions, un changement dans les négociations pour la réduction des coûts d’exploitation des délégataires, afin de faire face aux difficultés financières du réseau. Il faut dire que, selon le SMTU, 8,5 millions de passagers ont été transportés en 2021, contre 13 millions prévus au départ.
"L’objectif affiché par le SMTU était de trouver 100 millions de francs d’économies par an", précise Edouard Rentchler directeur réseau chez Karuïa Bus. Ce qu’on a réussi à faire. On est donc arrivés à un accord et le 16 décembre, le comité syndical du SMTU a voté l’avenant. Mais le 30 décembre, à la province Sud, on nous a annoncé que ce n’était plus 100 millions d’économies qui étaient nécessaires, mais 300 millions, par délégataire. Donc on se retrouve avec un ultimatum."
Trop d’économies demandées, selon Karuïa
Durant la journée de lundi, aucune rencontre de prévue, selon Karuïa. Un regret pour son président-directeur-général. "Ce que je souhaite, c’est qu’on se remette autour de la table et que [la direction du SMTU] écoute les propositions du GIE Karuïa", pose Joseph Saliga. En fait, le SMTU a estimé que Carsud pouvait économiser 300 millions, alors nous aussi. Sans réfléchir que le GIE a une structure très différente. Nous sommes 88 entreprises, avec chacune des salariés et donc ces charges à payer. C’est un fonctionnement très différent."
Le SMTU déplore "une forte dégradation du service"
Contactée, la direction du SMTU n’a pas souhaité s’exprimer. Elle assure que "des discussions doivent se poursuivre avec le délégataire", tout en regrettant "une forte dégradation du service, pénalisant chaque jour plus de 17 000 personnes". Pour la province Sud, c’est carrément une question de survie des transports publics nouméens, et Karuïa doit puiser dans ses réserves.
Pour la province, le GIE a de la marge…
"Il y a des grosses marges au sein du GIE", assure Gil Brial, deuxième vice-président de l’institution, en charge des transports. "On peut faire", ajoute-t-il, "300 millions d’économies en travaillant sur la structure. Sur la ligne qu’on appelle ‘marges et aléas » : une fois qu’on a payé toutes les charges, tous les salaires, tous les frais, l’essence, les pneus, les fournisseurs, il y a encore cette ligne de disponible. Et c’est là que peut être fait l’effort, sans toucher les salaires des chauffeurs, des contrôleurs… »
…mais pas le syndicat mixte
Le politique conclut sur une note sombre : "Aujourd’hui, le SMTU a un déficit d’1,2 milliard. Si on ne trouve pas à la fois des économies et des recettes, il ne pourra pas voter son budget le 31 mars. Et si le budget n’est pas voté le 31 mars, il va y avoir une mise sous tutelle du SMTU. Et la fin des transports urbains dans l’agglomération du Grand Nouméa, dans quelques semaines."
Pour la journée de mardi, le GIE a accepté d’assurer un service minimum, en attendant une reprise du tour de table.
Le reportage de Laurence Pourtau et Christian Favennec :