L’annonce du maintien du référendum, faite par le haut-commissaire ce vendredi 12 novembre à Ponérihouen, malgré les demandes de report du camp indépendantiste est « inacceptable » pour Roch Wamytan, qui répondait au nom de l’Union calédonienne.
« Nous sommes obligés de nous interroger sur la politique que mène le président Macron par rapport à la Nouvelle-Calédonie. Ça nous pose problème parce que c’est une marche forcée pour aller au référendum, alors qu’on n’est même pas sûr qu’il n’y aura pas un rebond. Le virus il est l’arbre qui cache la forêt et nous ne pouvons pas accepter ça. »
Deuil Kanak
Mardi dernier, les indépendantistes constitués en « comité stratégique indépendantiste de non-participation » avaient une nouvelle fois demandé le report de l’échéance, tout comme le Sénat coutumier qui a institué une année de deuil kanak. Accusés par Christopher Gyges d’instrumentaliser le deuil, Roch Wamytan a vivement réagi : « Je ne peux laisser dire que l’on instrumentalise le deuil. Les 275 morts ce sont 80% de Kanak, ce sont des milliers de gens qui sont impliqués. Moi-même, j’ai perdu ma petite sœur. Il faut essayer de comprendre la culture kanak et l’importance que nous accordons au deuil. »
Contestation du résultat
Roch Wamytan a confirmé que les indépendantistes allaient « dénoncer le résultat de ce référendum devant les instances internationales. Devant les Nations unies, les pays non alignés etc., comptez sur nous, nous allons le faire ». Mais « aussi au forum des îles du Pacifique, au groupe du Fer de lance mélanésien », a-t-il précisé, soulignant qu’« il y a d’ailleurs déjà eu des prises de position à l’ONU ». Le 20 octobre dernier, l’ambassadeur de Papouasie-Nouvelle-Guinée aux Nations unies a en effet demandé le report de la consultation au nom du Fer de lance.
Pourquoi ces recours ? Parce qu’« on ne pourra pas reconnaître ce scrutin, puisque ce sera seulement la moitié de la population qui va s’exprimer. Et l’autre moitié qui représente quand même le peuple autochtone, originel, qui ne participera pas à ce référendum vous allez faire quoi de ça ? », a lancé Roch Wamytan.
On ne pourra pas reconnaître ce scrutin, puisque ce sera seulement la moitié de la population qui va s’exprimer. Et l’autre moitié qui représente quand même le peuple autochtone, originel, qui ne participera pas à ce référendum vous allez faire quoi de ça ?
Pour autant, le représentant de l’Union calédonienne assure que « les discussions vont se poursuivre », notamment avec l’Etat. « Nous sortirons de ce système-là par la négociation et la discussion, il n’y a pas d’autre formule. »
Pas de boycott actif
Pas question de perturber le déroulement du vote le 12 décembre : « Le mot d’ordre c’est « Vaquez à vos activités habituelles ou restez chez vous » Voilà. Il faut que ça se passe dans le calme ce référendum du 12 décembre prochain. On ne peut pas comparer [avec] les boycotts actifs de 1984 et des autres référendums qui ont été boycotté, notamment 1987. Nous nous sommes appuyés sur la crise sanitaire pour expliquer notre non-participation. Ce n’est pas un boycott. » Roch Wamytan n’exclut toutefois pas des débordements : « Nous avons dit au ministre que nous n’avons pas la main sur 30 000 jeunes. Mais nous essaierons bien sûr de passer des messages. » Un risque de débordement déjà évoqué mardi par le président de l'Union calédonienne, Daniel Goa.
Extrait de l'intervention de Roch Wamytan, interrogé par Laurence Pourtau :