Une personnalité politique calédonienne de premier plan au sein du gouvernement dirigé par Elisabeth Borne, sous la présidence d’Emmanuel Macron. Sonia Backès, 46 ans, a investi lundi la fonction de secrétaire d'Etat en charge de la Citoyenneté. A l'issue de la traditionnelle passation de pouvoir, au ministère de l’Intérieur, la nouvelle entrante a exprimé son honneur d'être nommée à ce poste auprès de Gérald Darmanin et de son ministre délégué aux territoires ultramarins, Jean-François Carenco. Avant le premier conseil des ministres.
On l’écoute au micro de la 1ère :
Sa nomination, "un signal très très fort"
Ce mardi soir, heure de Nouméa, Sonia Backès a répondu à NC la 1ère en duplex de Paris. D’abord à propos de ce portefeuille. "Je pense que c’est un signal très très fort donné par le président de mettre un Calédonien, une Calédonienne en l’occurrence, dans le gouvernement de la République après que les Calédoniens se sont exprimés trois fois pour le maintien dans la République française", a-t-elle déclaré. "C’est beaucoup d’honneur à titre personnel mais je crois que c’est surtout un moment très important pour la Nouvelle-Calédonie. Ce moment est aussi important parce que le président a souhaité regrouper l’Intérieur et les Outre-mer au sein de ce grand ministère. Ça aussi, c’est un signal important, sur l’unité de la République et sur la place des Outre-mer dans la République."
Sa vision de la fonction
En quoi sa mission va-t-elle consister ? "La citoyenneté est un secteur assez vaste, qui va des questions d’immigration aux questions de dérive sectaire en passant par la radicalisation et (…) la question des violences faites aux femmes. C’est un secteur très large puisque c’est tout simplement quels sont nos symboles d’attachement à la République, comment on met en place ce qu’il faut pour avoir cette fierté d’être Français, cette unité nationale que nous attendons tous et dont nous avons tous besoin. La France est très divisée, suite à la crise du Covid, on a la guerre en Ukraine qui est aux portes de la France. On a besoin de travailler sur tous ces sujets-là qui ont été et qui sont clivants à l’échelle nationale."
Rencontre avec Jean-François Carenco
Sonia Backès n'avait pas rencontré Jean-François Carenco jusque-là, précise-t-elle. "Il connaît bien les Outre-mer, il connaît bien la Nouvelle-Calédonie pour y avoir été dans les années quatre-vingts, la période la plus compliquée de la Nouvelle-Calédonie. Il connaît certains acteurs, en particulier les plus anciens d’entre nous", retient-elle. "Gérald Darmanin est aussi très investi. Il va faire le tour des Outre-mer. Il annoncé ce matin la date où il sera en Nouvelle-Calédonie. C’est le 26 juillet (…) Il est lui-même très impliqué sur les Outre-mer, sur la Nouvelle-Calédonie. Il s’était très fortement impliqué pour sécuriser le processus référendaire. »
Au sein de ce ministère, on forme une équipe qui a une connaissance et une appétence particulière pour les Outre-mer et pour la Nouvelle-Calédonie.
Sonia Backès
"Je comprends que ça puisse poser question"
Sur le Caillou, cette nomination suscite des avis mitigés. "Je comprends très bien que ça puisse poser question", assure l’intéressée. "J’ai toujours dit mon attachement au dossier calédonien. Je continuerai, là où je suis, à le suivre avec beaucoup d’attention. Mais effectivement, aujourd’hui, j’ai une place au sein de la machine de l’Etat et je serai également présidente de la province Sud, ce qui me donnera un regard particulier."
Un portefeuille qui "n'a rien à voir avec la Nouvelle-Calédonie"
Alors que l’enjeu est notamment de construire un avenir institutionnel, Sonia Backès décrit un partage des rôles sans équivoque. "Sur le sujet calédonien, l’Etat est représenté par le ministre de l’Intérieur et par le ministre délégué aux Outre-mer, pas par moi. Le portefeuille que j’ai n’a strictement rien à voir avec la Nouvelle-Calédonie. Les représentants de l’Etat seront ceux que je viens de citer et pas moi", pose-t-elle.
"Je défends, pour le dossier calédonien, l’intérêt des loyalistes"
"Moi, je suis présidente de la province Sud, représentante de la confédération Ensemble et je défends, pour le dossier calédonien, l’intérêt des loyalistes." Avec un tacle au président de l’Eveil océanien disant craindre qu’elle soit "juge et partie".
>> Les réactions à cette nomination sont à retrouver ici.
"Je n’ai pas de leçon à recevoir de lui sur ce sujet-là", rétorque Sonia Backès. "Je comprends plus les questionnements des indépendantistes, que je respecte et avec lesquels je souhaite qu’on ait des discussions franches en tant qu’acteurs calédoniens avant tout, sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Au-delà d’une fonction qui est celle que j’ai aujourd’hui, c’est surtout l’avenir (…) de tous nos enfants qui m’intéresse et là, c’est bien entre acteurs politiques calédoniens, entre Calédoniens, qu’on va devoir traiter le sujet."
Concernant les indépendantistes, je réitère ma volonté que nous puissions travailler ensemble au titre des acteurs calédoniens.
Sonia Backès
"Pas du tout inquiète" quant au cumul des mandats
Mais comment est-ce possible de remplir deux mandats tels que la présidence de la province Sud et ce secrétariat d’Etat, l’un à Nouméa et l’autre à Paris ? "J’ai appris dans la nuit de samedi à dimanche cette nomination et je suis partie dimanche matin. Les choses se sont faites très vite", a développé l’invitée du JT. "J’ai vocation à revenir dans quelques jours en Nouvelle-Calédonie pour organiser les choses correctement (…). Mais la province Sud fonctionne bien, avec tout un tas d’outils (…). Beaucoup de procédures sont aujourd’hui dématérialisées. (…) Ça ne remplace pas la présence physique bien évidemment, donc j’aurai l’occasion de revenir très régulièrement".
Et de citer l’équipe qui l’entoure, "avec des élus qui sont très impliqués et qui vont devoir s’impliquer encore plus sur la gestion de la province Sud. Mais ça fait trois ans que je préside cette province. Je ne suis pas du tout inquiète. J’ai déjà eu des absences assez longues pour lesquelles ça ne pose strictement aucun problème, dans la gestion de la province et dans l’avancée des dossiers."
Entretien complet à retrouver ici :