Il s’est produit près de l'île la plus peuplée, en semaine et sur la pause méridienne, à quelques jours de Noël. En termes de magnitude, le puissant séisme du 17 décembre 2024 au Vanuatu n'est pas le plus fort qu'ait connu l'archipel posé sur la Ceinture de feu du Pacifique. Mais il a été à la fois meurtrier et dévastateur. Selon les estimations, il faudra au minimum six mois, voire un an, pour un pseudo retour à la normale.
1Quatorze morts
Le bilan annoncé a fluctué et il reste soumis à des incertitudes. Mais il est question d'au moins quatorze personnes qui ont perdu la vie à la suite de cette catastrophe, dont deux enfants, et de 265 blessés. Parmi les morts, des Vanuatais et des ressortissants étrangers (Chinois, Thaïlandais, Français). L'une des victimes était un Ni-Vanuatu vivant en Nouvelle-Calédonie, qui faisait des courses avec sa petite-fille de six ans. Plusieurs décès sont dus à des immeubles qui se sont en partie effondrés, notamment des locaux commerciaux de la capitale comme le Billabong building.
Voyez le résumé de Lizzie Carboni
2 À une trentaine de kilomètres
Car, non seulement la secousse mesurée à 7,3 sur l'échelle de Richter avait son épicentre à seulement une trentaine de kilomètres de Port-Vila, mais elle est survenue à l'approche de Noël un mardi à 12h47. Un moment que beaucoup jugeaient propice aux achats.
3Des centaines de répliques
Depuis ce séisme qui a traumatisé le pays, de très nombreuses répliques et secousses ont été ressenties. Y compris le jour où cet article a été écrit. De quoi maintenir une véritable angoisse. Selon les autorités, au moins un quart de la population a été affecté par la catastrophe, qui a vu des milliers d'habitants quitter leur logement.
4Encore des déplacés
D'après un point de situation dressé par le gouvernement début janvier, il restait au moins 773 déplacés dans la province de Shefa, dont fait partie l'île d'Efate. Des habitants toujours hébergés dans des abris d'urgence ou chez des familles d'accueil. Le même document recense un minimum de 731 maisons endommagées dans cette région. Il signale que des abris ont été fournis à 767 ménages de Port-Vila, mais aussi Erakor ou Mele, ce qui représente environ 3 800 personnes.
C'est un cauchemar, pour moi. Mon entourage, toute ma famille, nous sommes tous traumatisés par les tremblements de terre.
Jim Kastow, habitant du Vanuatu
5Un centre-ville en partie bouclé
Le risque d'effondrement est encore tel qu'à Port-Vila, le quartier des affaires reste bouclé. Interdit de circuler à l'intérieur de la "zone rouge", aussi bien à pied qu'en véhicule, sans le pass remis par les autorités. Un sésame qui est réservé aux secours, aux experts, aux services municipaux et à quelques habitants et travailleurs de la zone.
6Des bâtiments condamnés
La mesure est justifiée par la dangerosité du Central business district : des bâtiments fragilisés menacent encore de s'écrouler. Les experts australiens et néo-zélandais qui ont été mandatés inspectent chaque édifice. À ce jour, 260 constructions ont été évaluées - 85 publiques et 175 privées. Treize bâtiments ont été condamnés et devront être rasés. C'est le cas du Lolam building, ou de l'hôtel Chantilly's sur le front de mer. Une centaine a été déclarée sans risque. Une cinquantaine doit faire l'objet d'une analyse poussée, au laser…
7Les travailleurs affectés par milliers
Cette situation pèse lourdement sur l'emploi et l'activité économique. Le Recovery operations center estime qu’environ six mille travailleurs, de 200 entreprises opérant dans le CBD, ont été touchés. Pour pouvoir exercer leur activité, de nombreux commerces et services cherchent à se relocaliser en dehors de la zone dangereuse. Ce qui n'est pas sans effet sur le marché locatif. Autre conséquence de ce bouclage, la circulation à travers Vila est devenue un véritable casse-tête.
Le reportage sur place de Caroline Antic-Martin, Laura Schintu et Jules Etoroi
8Dégâts estimés à près de 28 milliards CFP
Toute l'économie du Vanuatu est ébranlée, après cette nouvelle catastrophe naturelle. Toujours selon le Recovery opérations center, le montant des dégâts se monterait à plus de trente milliards de vatus. Ce qui représente presque 28 milliards de francs Pacifique.
L'île d'Efate a subi de graves dommages structurels : sur des habitations, des bâtiments publics, plusieurs ponts, des routes, des réserves d'eau majeures, le port international, le réseau électrique ou encore les télécommunications. Un mois après, les perturbations restent importantes, en termes d'accès à l'eau potable, par exemple.
945 écoles endommagées ou détruites
Il faudrait au moins 950 millions de francs CFP rien que pour reconstruire les établissements scolaires endommagés, d'après le ministère local de l'Education. Il est question de 45 écoles abimées ou détruites, principalement à Port-Vila. Or, la rentrée scolaire est prévue début février. L'ONG Save the children l'estime incertaine pour environ 12 000 élèves, qui auront besoin de solutions éducatives provisoires.
Voilà le contexte dans lequel viennent de se tenir des législatives anticipées. Un mois avant le séisme, il était en effet annoncé la dissolution du parlement.