Nickel : Glencore n’exclut pas de s'impliquer dans le dossier de l’usine du Sud, mais il n'est pas le seul...

Le siège de Glencore à Baar dans la banlieue de Zurich en Suisse.

Le premier négociant mondial de matières premières est aussi un industriel. Il est l'un des premiers producteurs mondiaux de nickel. Le partenaire suisse de l'autre usine, celle du Nord, accepterait de participer à la relance de l’usine du Sud. Un autre industriel est aussi sur les rangs.

La reprise de l'usine de nickel du Brésilien Vale, qui agite la Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs mois, "pourrait trouver une solution dans les prochains jours", a déclaré dimanche soir le Président du Congrès de l'archipel à Nouvelle-Calédonie la 1ère (France Télévisions). Roch Wamytan, figure au rang des ténors et des leaders historiques du FLNKS (Front de libération national kanak socialiste, indépendantiste), a rappelé l’AFP. De son côté, la Présidente de la Province Sud Sonia Backès mobilise toute son énergie. Un consensus aurait été trouvé avec les responsables politiques calédoniens, indépendantistes et loyalistes. 

Négociations tous azimuts

Lundi, les acteurs calédoniens, qui ne souhaitent pas communiquer sur le fond des négociations en cours, ont eu un nouvel échange avec le directeur de la division Métaux de base de Vale au Canada, Mark Travers, comme indiqué par M. Wamytan à Nouvelle-Calédonie la 1ère. Joint au téléphone à Toronto, un dirigeant de Vale Canada a confirmé l’entretien avec les responsables calédoniens. Il a indiqué à la 1ère que "les discussions se poursuivaient autour de l'actionnariat", sans plus de précisions. La direction de l'usine du Sud n'est pas de la négociation. A Paris, le dossier qui ne cesse d’évoluer est suivi comme le lait sur le feu par les experts de Matignon, de Bercy et du ministère des Outre-mer.

Glencore, géant de la mine, de l'usine et du négoce

Le nouveau montage capitalistique de l’usine du Sud pourrait intégrer "un géant de la mine et du négoce" et "un industriel techniquement très pointu" a précisé  l’AFP, citant une source proche du dossier. Or, un acteur associerait toutes ces compétences, en dehors d'Eramet qui n'est pas intéressé, et il s’appelle Glencore.

Pour autant, la 1ère a appris que le géant suisse, si c'est bien lui, n’intégrerait pas le consortium Prony Resources constitué pour la reprise de l'usine du Sud. Mais, la situation évolue au jour le jour en tenant compte des décalages horaires entre Nouméa, Paris, Zurich-Baar (Glencore) et...l"Amérique du Nord.

Glencore n’envisage pas, aujourd’hui, d’investir dans Goro (l’usine du Sud) mais, s’ils peuvent aider de quelque façon que ce soit, si on fait appel à eux pour l'usine du Sud, ils seront disponibles, notamment pour le conseil et l’expertise industriels ».

Source autorisée, proche de la direction de Glencore à Baar

 

Glencore possède en effet les compétences industrielles dans la technologie très sensible et complexe de l’hydrométallurgie du nickel; son usine australienne de Murrin Murrin qui ressemble beaucoup à l'usine du Sud, dispose d'experts qui sont à proximité de la Nouvelle-Calédonie. Et le complexe de Murrin Murrin est devenu un succés industriel qui alimente le marché des batteries pour les véhicules électriques, sur le même segment que l'usine calédonienne du Sud.

" Concernant le négociant industriel évoqué par l’AFP, je n’en vois qu’un de l’envergure d’un géant, c’est Glencore" a précisé Philippe Chalmin, économiste et historien spécialiste des matières premières. Une source, proche de Vale-NC, a confirmé que l’hypothèse était plausible "en plus, Glencore à l'avantage de bien connaître la Nouvelle-Calédonie et d'avoir une usine en Province Nord et de nombreux contacts sur place". Enfin, au LME de Londres, l’analyste David Wilson a confirmé en réponse à l'AFP : "il n’y a qu’un géant de la mine, de l'industrie et du négoce, c’est Glencore". 

Le négociant et industriel Suisse de Baar dans la banlieue de Zurich est déjà présent dans le nickel en Nouvelle-Calédonie. Il possède 49 % de la grande usine du Nord, en tant qu'associé minoritaire très présent au côté de la société minière calédonienne SMSP, proche des indépendantistes calédoniens. Cependant, et alors que la signature de l'accord finalisant la reprise de l'usine du Sud est prévu jeudi en Nouvelle-Calédonie, un autre grand industriel du secteur des batteries électriques pourrait aussi être choisi, et dans ce cas ce ne serait pas Glencore.

Vale ne partira pas tout à fait. Trafigura réduit sa participation à 19 %

Dans un dossier fait d'enjeux industriels, financiers et politiques particulièrement complexes et enchevêtrés, la 1 ère a appris que le brésilien Vale, qui va laisser un chèque de départ de près de 500 millions de dollars, ne le ferait pas sans contrepartie. Le géant du fer et du nickel conserverait pour plusieurs années un "offtake agreement", un droit de commercialisation sur une part non-négligeable de la production future de l’usine du Sud. Enfin, le négociant Suisse Trafigura, concurrent de Glencore et partenaire minoritaire du consortium Prony Resources "a réduit sa participation de 25 % à 19 %, à la demande du gouvernement français", a rappelé Christophe Salmon, directeur financier de Trafigura à Genève.

Usine du Sud (nickel et cobalt) Vale Nouvelle-Calédonie