Il a été désigné, à 44 ans, président du sénat coutumier lors du "congrès du pays Kanak" à la tribu de Nonhoué, à Canala. Pourtant, l’ancien comptable du centre culturel de Hienghène et sénateur de l’aire Hoot ma Whaap ne faisait pas l’unanimité au sein de certaines aires coutumières. "On me reprochait de vouloir me séparer de deux administrateurs de l’institution. Le problème, je pense, c’était surtout la transition entre les anciens et les jeunes. Ça n’a pas plu à certains", a-t-il indiqué.
Finalement, au terme d’échanges plutôt houleux, la passation a été acceptée mais sous certaines conditions, comme celles de travailler avec l’ensemble des administrateurs. "On a trouvé un consensus pour assurer une stabilité », assure Hughes Vhemavhe, tout en insistant sur le rôle à tenir, « chaque président est souverain dans ses décisions. L’administration n’a pas à passer au-dessus des décisions des sénateurs".
Il reconnait des débuts difficiles trois semaines après avoir désigné, "quand on veut avancer, il faut parfois prendre des décisions. J’ai assumé toutes ces décisions. On travaille pour le pays et quand on voit le fonctionnement actuel du sénat, il faut se positionner. C’est ce que j’ai fait".
Les sénateurs doivent-ils être élus ?
Depuis quelques années, une réflexion est menée sur les modes de désignation des membres des conseils coutumiers et des sénateurs. Les 57 sénateurs doivent-ils être élus ? "non", a rétorqué le président de l’institution, "les us et coutumes ne doivent pas évoluer. Nous sommes la représentation des chefferies du pays et ce sont elles qui décident par qui elles seront représentées dans les instances coutumières, que sont le conseil coutumier et le sénat coutumier. On ne peut donc pas passer à un mode de désignation par vote, comme certains le souhaitent, car ce ne sera pas représentatif".
Et sur la possibilité de faire siéger des femmes dans les instances, le président du sénat, n’y est pas opposé, "à partir du moment où c’est acté par le grand chef de l’endroit. Nous avons la volonté d’améliorer la condition féminine avec celles qui veulent participer à la construction du pays mais le chemin est encore long car certains grands chefs s’opposent encore à ça".
Le sénat coutumier va lancer un audit
S’agissant de l'avenir du sénat et des institutions coutumières, le sujet fait débat. Un audit va être lancé très prochainement, "il s’agira de faire un état des lieux de l’institution pour améliorer son fonctionnement. Le budget annuel est en baisse (180 millions CFP en 2022), mais avant de demander plus de moyens il faut d’abord poser un diagnostic, l’évaluer pour comprendre les raisons des dysfonctionnements". Hughes Vhemavhe souhaite une meilleure représentativité de l’institution coutumière, avec l’idée d’une meilleure prise en compte de l’identité kanak dans les politiques publiques notamment. La mise en place du "Conseil national des grands chefs", officiellement institué lors du "congrès du pays kanak", sous la présidence d’Hippolyte Sinewami-Htamumu, grand chef de la Roche à Maré et ancien président du sénat coutumier, doit permettre cela.
Enfin, interrogé sur la future intronisation du nouveau grand chef de l’Île des Pins, prévue le 14 octobre prochain, le président du sénat coutumier, indique que des coutumes ont été faites avec "les quatre clans clés" de l’île, puis de préciser que "ça été validé coutumièrement, reste à valider administrativement pour que le nouveau grand chef soit reconnu. Nous nous rendrons à l’Ile des Pins pour assister à l’intronisation officielle de Guillaume Vendegou".
Un entretien à retrouver ici.