Le conseil municipal de Nouméa a tranché. Après avoir débattu les orientations budgétaires au début du mois, les élus ont adopté, ce mercredi 26 mars, le budget primitif de la ville. Sous le sceau des émeutes, et d'une crise économico-budgétaire qui continue.
C'est un budget extrêmement prudentiel et de restriction. Nous sommes très dépendants de la Nouvelle-Calédonie.
Sonia Lagarde, maire de Nouméa
En "suréquilibre"
Il s'établit à 27,33 milliards de francs en recettes et 25,81 milliards en dépenses. Un budget en équilibre, voire en "suréquilibre" : la différence entre les deux montants vient de la section investissement. Elle présente un excédent de 1,5 milliard parce qu'un résultat datant de l'exercice 2024 a été affecté de façon anticipée.
On a un budget à l'équilibre grâce aux cinq milliards qui nous ont été donnés par l'assureur. Sinon, on n'aurait pas pu le voter, on serait en épargne négative.
Sonia Lagarde, maire de Nouméa
Des recettes qui manquent
Pour remplir leurs caisses, les communes ont peu d'autonomie. Nouméa subit elle aussi l'effondrement des recettes fiscales de la Nouvelle-Calédonie. Le montant à venir des centimes additionnels, adossés aux taxes municipales, reste incertain. Or, c'est la principale ressource propre de la ville.
Le budget anticipe ce recul des sommes attendues de la fiscalité, estimé à - 1,7 milliard par rapport à l'exercice 2024, ce qui représente une baisse de 25 %. Si on remonte à une année plus classique comme 2023, la diminution atteint même 36 %. Il a fallu également anticiper la baisse des dotations, notamment l'argent fourni par le fonds intercommunal de péréquation, dédié au fonctionnement et à l'équipement.
Un début de reconstruction
Pour garder un cap, malgré tout, Nouméa met en avant deux grands axes d'investissement. Deux milliards sont dédiés à des infrastructures détruites ou endommagées pendant les émeutes. Premières actions : les routes, l'éclairage public, le mur d'escalade de Magenta, les véhicules et engins municipaux, la vidéosurveillance. Ou encore la Direction des risques sanitaires, qui se trouvait à la Vallée-du-tir et a qui a dû être relocalisée.
Ces chantiers "prioritaires"
Par ailleurs, 1,5 milliard a été réservé aux "chantiers prioritaires". "On met l'accent sur les travaux qui ont déjà commencé en 2024 et qu'il faut qu'on termine", précise la maire, Sonia Lagarde.
- La piste cyclable du Faubourg-Blanchot en fait partie, dans le but de relier N'Géa au Quartier-Latin (286 millions cette année, dont 171 financés par l'Agence de financement des infrastructures de transport de France).
- Une troisième phase de requalification est menée route du Port-Despointes, toujours au Faubourg (242 millions).
- Il faut renforcer le système des eaux usées et des eaux pluviales rue Jean-Jaurès, dans le centre-ville, où les commerces se retrouvent inondés en cas de fortes pluies (150 millions, abondés par le programme national Fonds vert pour la transition écologique).
- Le bâtiment des archives municipales continue à être construit (170 millions, dont 28 de Paris).
- Le projet mené sur le site de la polyclinique, à l'Anse-Vata, se poursuit (131 millions).
- L'ex-commissariat de la police municipale, rue Gallieni, est à réhabiliter pour en faire le pôle jeunesse de Nouméa (130 millions, dont 88 de l'Etat).
- La modernisation des trottoirs est toujours en cours (100 millions).
- Un talus qui menace de s'écrouler sur le littoral de l'Anse-Vata est à conforter (88 millions).
- Ou encore la rénovation de la place Bir Hakeim (76 millions).
- Et la réhabilitation de la Jeune scène, le complexe sportif pointe de l'Artillerie (cinquante millions, dont 29 via l'Agence nationale du sport).
Abstention
Le budget n'a pas fait l’unanimité des votants. Emmanuel Bérart s'est abstenu. L'élu Générations Nouméa s’en explique : "Au-delà du fait que je suis solidaire avec Mme le maire sur la gestion des difficultés, je la trouve encore trop optimiste sur les recettes (…). J'estime qu'on doit faire des efforts sur la masse salariale, sans licenciement. Et enfin, il n'y a toujours pas d'investissements sur un certain nombre de quartiers, sages, qui respectent bien la loi."
Un milliard en subventions
Malgré des efforts, les frais de personnel atteignent encore 7,646 milliards. On relèvera aussi qu'après les coupes forcées de l'an dernier, l'enveloppe dédiée aux subventions réussit à atteindre le milliard :
- près de 395 millions à la caisse des écoles,
- à peu près 344 millions pour le Centre communal d'action sociale,
- et dans les 265 millions pour les associations sportives, culturelles ou socio-éducatives.
Enfin, n'oublions pas les budgets dits "annexes", qui ont également été votés mercredi : déchets ménagers (il pèse à lui seul au moins 1,6 milliard), eau potable, assainissement, services funéraires et "résidentialisation du secteur de N'Du".