Nouvelles calédoniennes : la justice confirme la mise en liquidation demandée par le groupe Melchior

Le tribunal mixte de commerce à Nouméa le 17 mars 2023.
Clap de fin pour le quotidien "Nouvelles calédoniennes", le journal d'annonces "Le Gratuit" et les imprimeries IRN. Le tribunal mixte du commerce a statué vendredi après-midi, après avoir reporté sa décision la veille. La demande de mise en liquidation déposée par le groupe Melchior est acceptée. Explications, et réactions.

Le rebondissement n'aura pas duré longtemps. L'après-midi du vendredi 17 mars, le tribunal mixte de commerce a rendu sa décision concernant la demande de liquidation déposée par le groupe Melchior, qui concerne ses entités LNC, Le Gratuit et IRN. La justice confirme la démarche engagée par la direction et les actionnaires (images de Nicolas Fasquel).

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L’absence de ceux-ci a été mal vécue. "On n’avait plus confiance dans cette direction, on n’avait plus confiance dans ces actionnaires et ils prouvent qu’on avait raison, aujourd’hui, ils ne sont même pas présents", a réagi Claire Gaveau, présidente de la Société des journalistes, au micro d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel.

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Les salariés étaient quelques dizaines à être venus, certains avec l'espoir d'une poursuite de l'activité. La veille, une alternative était en effet apparue. Le procureur de la République, jugeant cette décision précipitée, a demandé que soit privilégiée la tenue d’un plan de redressement. Mais c'est bien la liquidation qui va désormais être mise en œuvre, le mandataire judiciaire reprend le dossier. 120 salariés sont concernés.

Cela signe également la disparition de l'unique quotidien calédonien, dont le dernier numéro est paru en ligne ce jeudi 16 mars. Rappel dans ce reportage d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel, aux IRN, au Gratuit et aux Nouvelles, diffusé le mercredi 15 mars :

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Le Cése déplore une confirmation "brutale"

“La confirmation de la liquidation judiciaire prononcée ce jour par le tribunal du commerce est brutale pour l’ensemble des salariés du groupe en Nouvelle-Calédonie”, estime le Conseil économique social et environnemental par la voix de son président Jean-Louis d’Anglebermes. “Le Cése-NC, écrit-il dans un communiqué, a conscience des drames humains que cela implique et apporte son soutien à l’ensemble des salariés. Aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie n’a plus de quotidien de presse écrite généraliste, entraînant un vide pour le débat démocratique. Pouvons-nous nous satisfaire de cette situation ? Une réflexion doit être entreprise sur la révolution numérique et les adaptations inéluctables.”

La province Sud annonce un accompagnement dans la demande d'emploi

La province Sud, elle, se dit “engagée aux côtés des personnels du groupe Melchior”. Elle a, rappelle-t-elle dans un communiqué diffusé vendredi soir, “les compétences pour accompagner l’ensemble des demandeurs d’emploi en leur assurant un appui technique et social pour favoriser leur réinsertion sur le marché du travail. Dans ce contexte spécifique, et comme elle l’a déjà fait pour les sous-traitants de l’usine du Sud au moment des blocages, la province, explique-t-elle, s’est organisée afin de répondre le plus rapidement possible aux sollicitations des salariés concernés par la liquidation judiciaire des Nouvelles calédoniennes. Un diagnostic individuel et un plan d’action personnalisé seront proposés à chaque salarié, avec à la clé un bilan de compétence ou/et l’examen d’un projet professionnel”. 

Et de détailler : “Deux conseillers à l’emploi de la direction de l’emploi et du logement ont été désignés comme référents sur ce dispositif d’accompagnement. Ils pourront notamment gérer les inscriptions comme demandeur d’emploi, les mises en relation, les placements, ou toutes autres mesures.” Une réunion d’information collective pour les salariés sur les démarches à effectuer est annoncée la semaine prochaine en collaboration avec la Cafat, ainsi que des permanences ciblées, dédiées aux inscriptions et dossiers chômage.

Le Syndicat national des journalistes en appelle à la ministre de la Culture

Dans un communiqué diffusé le 17 mars, le SNJ "déplore, avec cette fermeture, un coup donné à la pluralité de l'information" et "un désastre social". Il "soutient la société des journalistes qui s'est fait l'écho des difficultés de ses membres". Et espère "que l’annonce brutale de cette fermeture du quotidien, qui émeut quelques rares personnalités politiques, sera suivie de réactions appropriées des pouvoirs publics, qui doivent trouver des solutions. Le SNJ en appelle à la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak. Il est inconcevable qu'un tel journal disparaisse, et ne puisse plus jouer son rôle dans notre démocratie, à une période charnière pour la Calédonie."