Oma : toutes les alertes levées, mais les effets du cyclone perdurent

Le littoral a souffert du passage d'Oma à Ponérihouen
Toutes les alertes cycloniques ont été levées sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie mercredi à 6h30. En soirée, les autorités ont dressé le bilan des dégâts, notamment sur le réseau routier encore coupé à de nombreux endroits.
[MISE A JOUR DU SOIR]

A Hienghène, «une femme a été blessée suite à la chute d'un arbre sur son habitation. Elle a fait l'objet ce jour d'une évacuation héliportée au moyen du Puma des Fanc vers le médipôle de Dumbéa», signalait la sécurité civile dans son point de ce mercredi, à 18 heures. Lundi, un habitant de Pouébo avait été légèrement blessé après l'effondrement d'un faré. C'est aussi en Puma qu'un enfant de six ans «atteint d'une infection grave» a été évasanné ce mercredi depuis Poindimié.
 

Vigilances rouge et orange

Le 20 février à 17 heures, Oma se trouvait à environ 450 km à l'Ouest de Bourail. La dépression tropicale forte s’éloigne de la Calédonie. Son évolution a conduit à lever toutes les alertes cycloniques dès 6 h 30 ce matin. La phase de sauvegarde était alors décrétée jusqu’à 10 heures. 
Mais les effets d’Oma se faisaient toujours fortement ressentir, notamment au niveau des vents et de la pluie. La sécurité civile a donc déclenché à partir de 10 heures des vigilances météorologiques rouge et orange sur la quasi totalité de la Nouvelle-Calédonie. Les communes de Nouméa, l’île des Pins, Maré, Lifou et Ouvéa ont, elles, été placées en vigilance jaune. En soirée, l'ensemble de la Grande Terre se trouvait en vigilance orange fortes pluies et orages, sauf Nouméa qui restait jaune (comme Belep, les Loyauté et l'île des Pins). 
Ecoutez le point météo réalisé par Jean-Yves Choplin de Météo France NC ce matin, à 6 h 30.


Encore des routes coupées

Les équipes sont parties sur le terrain dès la levée de l’alerte pour recenser les dégâts dus au passage d'Oma. Sur le réseau routier, plusieurs axes demeuraient coupés mercredi soir, du fait des inondations, d’éboulements ou de présence de débris végétaux ou autres sur la chaussée. A 18 heures, la sécurité civile signalait:
- le col de Petchekara «impraticable» sur la RPN3, à Canala;
- à Hienghène, le bac de la Ouaième toujours fermé et la RPN10 «très endommagée» avec circulation sur une seule voie au niveau de la corniche de la Ouaième;
- à Kaala-Gomen, la RT1 toujours coupée, à hauteur du pont de Louanga;
- à Koné, la RT1 coupée à la Tiombola et plusieurs tribus inaccessibles (Baco, Tiaoué, Néami, Koniambo);
- à Ouégoa, la route entre Koumac et Pouébo (RPN7) était coupée au pont de la Vallée des Piquants;
- à Koumac, la RT1 était coupée trois kilomètres avant la Néhoué, tout comme la sortie Nord du village;
- à Pouembout, la RT1 était coupée à la sortie Sud;
- la RT1 était par ailleurs inondée à hauteur du pont de Voh.
  

Du mieux sur d'autres axes

D'autres axes ont pu être dégagés:
- sur le plateau des Lutteurs, la RPN7 a été rétablie jusqu'à l'intersection de la tribu de Bondé et du village de Ouégoa;
- concernant la Koné-Tiwaka, «des actions de forestage ont permis de libérer la circulation sur une voie», décrivait la sécurité civile à 18 heures;
- circulation qui a été rétablie entre Touho et Hienghène.
  

Koumac isolée à la mi-journée

Mercredi à la mi-journée, Léonard Lalié, chef de la subdivision de Koumac et responsable de l’antenne de la DAF, faisait le point pour la région: «La RT1 est coupée au Sud du village de Kaala-Gomen et au Nord du village de Koumac. Sur le réseau provincial, la route de Poum est coupée au niveau des radiers de Nendjane et Golonne.» Sans oublier des éboulements au col d'Amos qui entraînaient une circulation en demi-chaussée.
Ecoutez Léonard Lalié au micro de Cédrick Wakahugnème (photo: pompiers du SIVM Nord).  

Mairies consternées

La situation dans le Grand Nord restait si compliquée ce mercredi matin que la levée de l'alerte 2, jugée hâtive, a consterné des municipalités comme celle de Koumac. Certaines mairies ont en effet appris la nouvelle par les médias ou sur les réseaux sociaux. Wilfrid Weiss a profité d'une réunion de crise pour interpeller le gouvernement et la sécurité civile, en demandant davantage de concertation et une meilleure communication«Pour la population, dès le moment où on enlève l'alerte 2, ça veut dire qu'on peut circuler, alors que ça n'est pas le cas.»
Ecoutez le maire de Koumac au micro de Cédrick Wakahugnème.
 
Plus au Sud, la mairie de Poya signalait à 13 heures une coupure de la RT1 en allant vers le Nord après le pont de la Poya, et la tribu de Ouendji située dans la Chaîne qui était isolée. Il n'y avait alors plus d'électricité à Gohapin, Nétéa, Ouendji, Montfaoué et en partie à Nékliai. 
 

Familles bloquées

Mercredi, beaucoup de familles étaient donc encore isolées à cause des inondations engendrées par les pluies liées au phénomène Oma. C’est ce qui arrivait à une soixantaine de personnes de la vallée de Nimbayes, à Ponérihouen. Outre de nombreux arbres tombés sur l’axe routier, les cours d’eau sont sortis de leur lit, empêchant les familles de sortir. Les services municipaux faisaient le nécessaire pour dégager la chaussée, mais l’eau était un autre problème. 
Le reportage de Marguerite Poigoune  

Le réseau électrique impacté

Du côté de l’énergie, le réseau électrique a beaucoup souffert des vents. Les équipes sont intervenues quand elles le pouvaient mais restaient tributaires de l’accès, et certains travaux en hauteur n'étaient pas réalisables du fait des forts vents. Plusieurs centaines de foyers ont toutefois pu être à nouveau raccordés. Des points noirs subsistaient mercredi soir.

• Sur la zone de distribution Enercal, à 18h30, 650 foyers étaient privés d’électricité, notamment à Poum, Poya, Hienghène et Poindimié. Les équipes Enercal, qui interviennent dès que possible, prévoyaient le rétablissement de 166 foyers d’ici 20 heures.
Au cumul, 4916 foyers ont été impactés par des coupures d’électricité dues au passage d’Oma.
Numéro de permanence Enercal: 25 06 66.

• Sur le secteur desservi par EEC, à 11 heures, 680 foyers étaient sans courant à Bourail, 510 à Kaala-Gomen et 280 à Koumac, «du fait de la montée des eaux et du temps très pluvieux avec des rafales atteignant les 40 à 45 nœuds».
Numéro de permanence EEC: 05 36 36.
 

Du côté du téléphone

Mercredi soir, la sécurité civile signalait que 31 relais du réseau mobile sur 384 étaient hors service: à Bourail, Hienghène, l'île des Pins, Kaala-Gomen, Koné, Koumac, La Foa, Poindimié, Pouébo, Pouembout, Poum, Poya, Thio et Voh. 
A Poum, 66 abonnés étaient privés de téléphone fixe, à Malabou et Tiabet, deux secteurs où le réseau internet restait impacté, pour 21 abonnés.
 

A quand la rentrée des classes ?

La difficulté de circuler est l’une des raisons qui a poussé la Province Nord à repousser encore la rentrée scolaire, au lundi 25 février. Plusieurs communes avaient déjà annoncé ce report pour les établissements dont elles ont la charge. 
Les explications de Nadeige Faivre, 3ème vice-présidente de la Province Nord, jointe par Angélique Souche.Certaines communes de la Province Sud ont également été fortement touchées par les intempéries. C’est le cas de Bourail et de Thio qui avaient évacué les écoles hier.
A Thio, les cours reprendront ce jeudi 21 février. A Bourail, en revanche, en accord avec le gouvernement et par mesure de précaution, tous les établissements scolaires resteront fermés jusqu'au lundi 25 février, en raison du mauvais état des réseaux routiers, électrique et d'eau potable. 
A Sarraméa, la mairie indique que les conditions météo perturbent le bon fonctionnement de l'école Kawa-Cyprien-Braïno et que l'établissement ne reprendra les cours que lundi 25 février. Par ailleurs, le service de transport scolaire pour les enfants de Sarraméa scolarisés à La Foa ne reprendra également que lundi. 
 

Reprise progressive des transports en commun

Les bus Raï vont progressivement reprendre les liaisons avec le Nord. Le service reprendra normalement vendredi, mais des ajustements auront lieu pour ce jeudi. Ainsi, deux services sont annulés ce 21 février : le départ de Panié à 6 h et le départ de Houaïlou à 5 h. En revanche, un service est ajouté avec un départ de Pouébo à 6 h. 
 

Grand nettoyage

Jardins dévastés, tôles envolées, maisons inondées… Si globalement, les dégâts paraissent relativement mineurs, il faut tout de même procéder aux réparations et au nettoyage. A Poindimié, les agents de la mairie sont à pied d’oeuvre depuis mardi, notamment dans les vallées, pour dégager les arbres tombées sur la route.
Le reportage de Marguerite Poigoune dans la vallée d’Amoa, à Poindimié.
Une tâche difficile et longue qui concerne autant les particuliers que les collectivités.
Comme le montre cette publication du maire de Pouébo, Jean-Baptiste Dalap.  

Attention à l'eau

Mercredi, la sécurité civile et l'armée ont distribué de l'eau à 800 habitants de Koné. Parmi les conseils à la population en période de sauvegarde, celui de faire attention à la qualité de l'eau. N'en buvez pas sans avoir vérifié sa potabilité, que ce soit de l'eau des citernes ou de l'eau du robinet. Le mieux est de la faire bouillir pendant une dizaine de minutes avant de la consommer.