La situation économique de la Nouvelle-Calédonie est sombre. Notre modèle est "à bout de souffe". C'est avec ces mots que Louis Mapou, le président du gouvernement, a ouvert le forum Perspectives qui s'est tenu ce mardi 6 juin à Nouméa.
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Un état des lieux préoccupant
Plusieurs facteurs, notamment d'ordre structurel, plombent l'économie calédonienne. D'une part, elle est très dépendante des transferts financiers de l’État. Des transferts importants, dont la part ne cesse de diminuer.
Et ce, sans que le secteur du nickel ne prenne véritablement le relais. De plus, l'économie n'est pas assez diversifiée. Sans compter que les entreprises du territoire sont très peu compétitives.
S'ajoutent à cela des inégalités sociales qui restent criantes. L'écart entre les plus riches et les plus pauvres est bien plus elevé ici que dans l'Hexagone et dans le reste de l'Outre-mer. Pour rappel, la pauvreté touche un Calédonien sur cinq.
Or, ces inégalités freinent la consommation et donc la croissance, insiste l'économiste Olivier Sudrie. Cette dernière est en berne depuis 2011.
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Des pistes de solutions évoquées
Le gouvernement a fait appel à Olivier Sudrie pour lister quelques pistes. La première est une baisse des cotisations sociales pour redonner de la compétitivité au secteur privé. A l’inverse, la contribution calédonienne de solidarité (CCS) verrait ses taux augmenter de manière progressive avec une plus forte pression fiscale sur les revenus les plus élevés pour financer la santé.
Un scénario préconisé par les fédérations patronales. "Pour nous, c’est vraiment très positif car ça montre que le gouvernement a compris le bienfondé de nos arguments, indique Vivianne Damiens est vice-présidente de la branche santé à la CPME. On arrive enfin dans une étape de réalisation de changement de modèle de finances de la santé ce qui est une très bonne chose pour pouvoir retrouver une économie plus prospère."
Baisser le taux des salaires indexés
Autre levier possible : baisser le taux des salaires indexés car le coût des services publics est aujourd’hui très élevé en Calédonie. Une mesure que comprend André Forest, le président de l’USTKE. "Ce n'est pas choquant car c’est une surrémunération donc ça veut dire que c’est artificiel, estime-t-il. Ce n’est pas fondé sur la production. Peut-être qu’il va falloir mettre en place des mesures compensatoires à côté, mais il faut parler et mesurer les impacts du principe même de la désindexation. L'impact qui est tout à fait négatif actuellement, c’est que ça fait monter les prix."
Pour l’instant, ce scénario, qui ne sera probablement pas du goût de tous, reste au stade de proposition. Mais pour l’économiste Olivier Sudrie, le statu quo serait la pire des solutions.
"Ne rien faire et préserver ce que certains appelleraient des rentes ou des situations de privilège pourrait conduite à une véritable catastrophe économique annoncée"
Olivier Sudrie, économiste.
Et de poursuivre : "pour le coup, on parle beaucoup des autres activités, mais là on va faire fuir tout le monde. Pourquoi? Parce que dans une stricte logique comptable, quand il va falloir de la ressource, il va falloir augmenter les impôts et finalement qui paie déjà l’impôt? Ce sont les catégories les plus riches."
À présent, c'est au gouvernement de poursuivre ce vaste chantier de réforme. Car pour son président Louis Mapou, l’avenir économique du pays est aussi important que son avenir institutionnel.
Le reportage de Charlotte Mannevy et Nicolas Fasquel :
L'économiste Olivier Sudrie était l'invité du journal télévisé de NC la 1ère ce mardi 6 juin au soir.
Regardez l'interview complète :