Après une année 2020 très difficile, l’économie calédonienne commence à pâtir de l’absence de budget, de réformes ou simplement de décisions, ce qui place les entreprises au bord de l’asphyxie.
Cent jours, c’est habituellement la période d’état de grâce pour un gouvernement. Cent jours sans gouverner, c’est vu du monde de l’entreprise : catastrophique. "Cent jours sans gouvernement, c’est un certain nombre de décisions reportées et qui ne sont pas prises, a lancé Mimsy Daly, présidente du Medef, lors d'une conférence de presse lundi 17 mai. C’est un budget voté avec deux fois moins d’investissements que l’année passée, alors que les frais de fonctionnement, eux, sont maintenus".
"Ce sont des milliards de dette que l'hôpital et la Cafat ont envers les fournisseurs"
C’est aussi une administration qui expédie les affaires courantes. Les délais pour le paiement des factures s’allongent au gré de la disponibilité des fonds publics, au point que certaines sociétés refuseraient de travailler pour les collectivités de la Nouvelle-Calédonie. Des délais qui atteignent parfois trois voire six mois, comme dans le domaine de la santé.
"Aujourd’hui, ce sont des milliards de dette que l’hôpital et la Cafat ont envers les fournisseurs. Ils sont donc obligés de générer de nouveaux crédits, en plus du prêt garanti par l’État", poursuit Laurent Vircondelet, président du syndicat des importateurs de Nouvelle-Calédonie.
"Le BTP a besoin de visibilité"
Avec un budget d’investissement pour la Nouvelle-Calédonie réduit de 50%, ce sont aussi les grands travaux qui sont repoussés dans le futur. Et le secteur du BTP, déjà sinistré depuis plusieurs années est cette fois, au bord de l’asphyxie. "Le BTP a besoin de visibilité", assure Silvio Pontoni, président du syndicat du BTP. "Ce sont des investissements avec le personnel et avec le matériel, sur du moyen à long terme. Aujourd’hui, tout est à l’arrêt. On est dans l’attente d’un budget d’investissement pour pouvoir nous soutenir".
Tous les acteurs économiques sont en tout cas unanimes : il y a urgence à faire passer les réformes en attente, urgence à voter les emprunts nécessaires. Urgence à gouverner, tout simplement. Car très rapidement, ce sont les chiffres du chômage qui vont gonfler et les prix à la consommation, qui vont s’envoler.
Le reportage de Bernard Lassauce et Philippe Kuntzmann :