PORTRAIT. Découvrez le destin peu commun de Taofifenua Falatea, qui veut rassembler autour du ballon ovale

Le portrait de Taofifenua Falatea, président de l’Union Rugby Club Dumbéa (URCD) dans Destins peu communs
Il est le papa de Yoram Moefana, centre du XV de France, le frère de Sipili Falatea qui officie également chez les Bleus. Le club dont il est président a vu grandir l’étoile Peato Mauvaka et 15 de ses poulains évoluent sur les terrains métropolitains. Taofifenua Falatea dit "Tao" a lui aussi joué en France et veut faire du rugby, un outil du destin commun. Découvrez son portrait dans Destins peu communs.

Pour trouver Taofifenua Falatea un soir d’entraînement, il faut se rendre au parc des sports de Koutio, où le quadragénaire passe une bonne partie de ses soirées aux côtés des bénévoles et des quelques 200 licenciés que compte l’Union Rugby Club Dumbéa (URCD), dont il est président.

Pourtant, rien ne prédestinait celui que tout le monde appelle "Tao" à jouer au rugby : "J’ai commencé à 17 ans, quand je suis parti étudier au lycée de Wallis. Quand j’étais jeune, à Futuna, personne ne pratiquait le rugby, on jouait tous au volley." Devenu maître pair à l’internat de Wallis, il est chargé d’accompagner les plus jeunes internes à l’entraînement, jusqu’au jour où on lui demande de compléter une équipe. C’est le déclic, et Taofifenua ne lâchera plus jamais la balle ovale, qui l’ouvre au monde : "J’ai voyagé partout dans le Pacifique grâce au rugby :  Guam, Samoa, Fidji, etc. Ça m’a permis de m’ouvrir l’esprit."

Une carrière dans les clubs de rugby métropolitains 

Le jeune Tao est bon, au point de s’envoler pour la métropole à 23 ans.  Un départ qui n’était pas une évidence pour le jeune homme, aîné de la famille : "Je l’ai annoncé à mes parents une heure avant de prendre l’avion. Il faut dire que j’avais une relation difficile avec mon père et chez nous à Futuna, même une fois marié on reste chez ses parents. Mais j’avais pris ma décision."

En France, où il débarque en short et tee-shirt, il est accueilli par un oncle qui le conduit le jour-même à Orléans, où il avait été engagé par le club local. "Je suis arrivé à 4 heures du matin, j’étais tellement excité que je n’ai pas dormi parce que j’avais mon premier entraînement à 18 heures !" Orléans, Niort puis Auch accueilleront tour à tour le jeune Futunien, qui estime "avoir eu de la chance. Malgré la façon dont je suis parti, j’étais entouré. Mon oncle m’accompagnait partout et ma famille me soutenait. Mais j’ai vu que pour d’autres, ça ne se passait pas aussi bien."

L’arrivée en Nouvelle-Calédonie se fait un peu par hasard. Venu en vacances en famille en 2005 en attendant de rejoindre son nouveau club, Grenoble, il apprend à la télévision que celui-ci dépose le bilan. "Depuis, je suis resté coincé en Nouvelle-Calédonie", plaisante-t-il.

Un ambassadeur du rugby calédonien 

De sa carrière en métropole, Taofifenua a gardé deux convictions : les jeunes qui y partent doivent avoir un contrat afin d’éviter les mésaventures et le rugby calédonien doit se développer. "Il y a environ 1 000 pratiquants, si on en avait 2 000, on pourrait faire de grandes choses", estime Taofifenua, qui voudrait que le rugby ne soit plus assimilé à la communauté wallisienne et futunienne.  Un programme énoncé dans la devise de l’URCD : "Trois couleurs, un seul club."  Le rêve de Taofifenua ? "Réussir à envoyer un jeune Kanak dans un centre de formation en Métropole ! Dans les années 1970, il y avait de très bons joueurs mélanésiens, poursuit-il, mais ça s’est émoussé au profit du football."

En attendant de réaliser ce rêve, sur le terrain les plus jeunes sont poussés à donner le meilleur d’eux-mêmes, à raison de trois entraînements par semaine. Et ça paye : 15 jeunes pousses de l’URCD évoluent en ce moment en métropole.

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