L'avenir de la Nouvelle-Calédonie a été au centre du discours de Victor Gogny, le président du sénat coutumier, ce vendredi, en ouverture du 23e congrès du peuple kanak. Écho aux discussions qui rassemblent l'Etat, les indépendantistes et les non-indépendantistes, à Paris.
À Nouville, Victor Gogny a dévoilé la position du sénat coutumier. Aboutissement de plusieurs mois de travail sur "la vision autochtone de l’avenir institutionnel post-Accord de Nouméa". En sont sortis des constats et des propositions. Notamment compilés dans un dossier "confié au FLNKS pour qu’il soit placé au cœur des discussions avec l’État", indique le président du sénat coutumier.
"Nous devons encore nous préparer"
Pour le sénateur de l'aire Iaai, "nous savons tous que trois hypothèses se présentent". "Le retour en arrière." "Le prolongement de l’Accord de Nouméa avec la volonté de consolider ses acquis dans la voie d’une souveraineté partagée avec la France." Ou "l’octroi du statut d’une souveraineté pleine et entière d’un État indépendant". La première est d'emblée écartée. La dernière aussi "car nous devons encore nous préparer au vu de notre situation actuelle". Il évoque la précarité, la marginalisation du monde coutumier alors que la population du Grand Nouméa gonfle, la violence, "l’alcoolisme et les addictions de la société de consommation".
Le sénat coutumier propose que ce 23e Congrès s’engage sur la deuxième hypothèse (...) ; dans le cadre d'une période de transition de deux mandatures qui permettra d’éduquer et de préparer la population à l’indépendance.
Victor Gogny, président du sénat coutumier
Face à cela, il "propose que ce 23e congrès s’engage sur la deuxième hypothèse". "Dans le cadre d’une période de transition de deux mandatures qui permettra d’éduquer et de préparer la population à l’indépendance." Objectif : donner à l'identité kanak la possibilité de peser, d'imposer "ses valeurs de solidarité et d’entraides face aux démons de la société de consommation".
Cela devra passer par un changement du fonctionnement des institutions, les sénateurs coutumiers en sont convaincus. Autrement dit un rééquilibrage des pouvoirs entre les structures coutumières et les structures républicaines, mettant "les chefferies en face des communes, les conseils coutumiers en face des provinces et le sénat coutumier en face du Congrès".
À l'Etat, les sénateurs coutumiers demandent une réécriture des textes fondateurs et des politiques publiques de réparation des traumatismes de la colonisation.
Dans le dossier remis au FLNKS, ils demandent en ce sens la réécriture du préambule de l’Accord de Nouméa. Ils sollicitent par ailleurs des "politiques publiques de réparation des traumatismes de la colonisation, sur trois volets : les territoires coutumiers, la jeunesse et le foncier."
Quelle place pour les chefferies ?
Victor Gogny a également appelé le congrès, qui se poursuit ce samedi, à consolider certains engagements. La reconnaissance de la Charte du peuple kanak par un texte de loi et son enseignement dans les écoles primaires d'abord. "La reconnaissance institutionnelle des chefferies par une loi du pays" ensuite. "Chaque aire coutumière devra établir un diagnostic sur le fonctionnement des chefferies et établir un règlement intérieur type. Les chefferies auront cinq à dix ans pour se restructurer", précise le président du sénat coutumier dans son discours.
Il propose aussi de travailler sur "un cadre de résolutions des conflits dans les chefferies et les communes". De continuer à lutter contre les violences faites aux femmes, à s'occuper de la jeunesse ou encore de l'environnement.