Pourquoi les Calédoniens consomment-ils autant de boissons sucrées ?

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Un tiers des Calédoniens consomment des boissons sucrées tous les jours. Au détriment de leur santé et de leur porte-monnaie. Pour les convaincre de changer leurs habitudes, l’Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie a commandé une étude. L'idée : connaître leurs motivations. Les résultats viennent d’être publiés.

Comment convaincre quelqu’un qui achète des boissons sucrées d’arrêter alors qu’il pense faire plaisir, se donner un coup de boost ou s’offrir un petit réconfort ? En apprenant à connaître ses motivations. C’est le but d’une enquête qui a été lancée par l’Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie (ASS-NC) avec la Communauté du Pacifique Sud (CPS) en 2022. Ses résultats viennent d’être publiés.

Le problème numéro un de santé publique en Nouvelle-Calédonie, c’est l’obésité. Cette obésité, elle est liée en grande partie à des problèmes d’alimentation” et notamment à la consommation de produits sucrés, rappelle le docteur Dominique Megraoua, responsable diabète à l’ASS-NC. “Les aliments sucrés n’amènent rien d’essentiel à la santé”, poursuit-il. Pas de vitamines, de sels minéraux, de fibres, d’acides gras et aminés. “Ce sont des calories vides. 

Le sucre, facteur de nombreuses maladies

Dont les conséquences sur la santé peuvent être graves. L’obésité, mais aussi “le diabète, première cause de prise en charge longue maladie à la Cafat, l’hypertension artérielle, l’excès de cholestérol, les crises de goutte, l’apnée du sommeil et la plupart des cancers”, décrit le docteur Dominique Megraoua. 

Mais le répéter ne suffit pas à changer les comportements. Car la plupart des inconditionnels de boissons et produits sucrés n’arrivent pas à prendre conscience de leur caractère nocif. Les représentations sociales qu’ils en ont sont plus fortes. L’étude a permis d’en déterminer certaines.

"Valoriser le modèle alimentaire traditionnel"

Chez le consommateur affectif (en général, une femme entre 30 et 60 ans, mère et/ou grand-mère, d’origine océanienne, qui vit en milieu tribal), la boisson sucrée est par exemple “un moyen de faire plaisir à portée de porte-monnaie", une récompense offerte aux enfants, un “don” dans les relations sociales, lors des rassemblements coutumiers par exemple. Ne pas acheter quelque chose serait mal vu. Résultat : “l’eau n’apparaît plus lors de certaines cérémonies”, constate le médecin.  

Pour toucher ce public, l’enquête donne au moins deux conseils. "Valoriser le modèle alimentaire traditionnel océanien", le “naturel” contre le magasin, la production “vivrière” ou le comportement des “vieux” dans les messages de prévention. Et "les loisirs non-matériels : passer du temps à la rivière, jouer dehors...

Des leviers pour “guider la population” 

Contrer l’idée du plaisir “accessible” en révélant son coût direct dans le budget total d’une famille" est une autre proposition. Elle cible notamment les consommateurs qui vivent plutôt en milieu urbain, ne prennent pas toujours le temps de manger et associent le sucre à un “boost” ou à “une rare satisfaction accessible”.

D’autres consommateurs vont aller jusqu’à trouver “une source de réconfort, de décompression voire d’échappatoire" dans le sucre. Parfois développer “un comportement presque addictif”. Le docteur Dominique Megraoua cite les jeunes. Mais ces derniers ont souvent intégré des messages de prévention, souligne l’étude. Des messages qui restent des repères dans un coin de leur tête.

Une vingtaine de leviers sont proposés par les rapporteurs de l’enquête “pour guider la population vers des modes de vie plus sains”. Ils sont désormais entre les mains des pouvoirs publics.