Presse, radio, télé : ces difficultés financières qui ébranlent les médias calédoniens

En Nouvelle-Calédonie, le paysage médiatique local et le pluralisme de l’information tiennent notamment à une poignée de radios, deux télés et un quotidien. Des médias confrontés à d’importantes difficultés financières, comme le montrent les situations très différentes de Djiido, LNC ou Caledonia.

Ils ont du mal à boucler les fins de mois. A quelques semaines d’un rendez-vous politique majeur pour la Nouvelle-Calédonie, à savoir la dernière consultation d’autodétermination, plusieurs médias locaux sont secoués par d’importantes difficultés financières.

  • Djiido craint le manque de moyens pour couvrir le référendum

Dans le studio de Radio Djiido, à Nouméa.

Elle est dans le rouge depuis 2016. Radio Djiido emploie treize personnes, fervents militants de la cause indépendantiste. Son budget annuel ? 120 millions. Mais chaque année, il en manque cinquante pour fonctionner correctement. En cause, la location des dix-sept émetteurs OPT qui lui permettent de diffuser ses ondes, pour environ 33 millions par an. Autre raison évoquée par les responsables de Djiido, une baisse drastique des subventions de la province Nord au profit de la chaîne Caledonia. A quatre mois du référendum, la radio indépendantiste s’inquiète.

Les difficultés budgétaires nous poussent à arriver à un niveau où, si on veut être au top pour la dernière ligne droite jusqu’au 12 décembre, si on ne réamorce pas en termes de financement, à un moment donné, [ce sera] l’asphyxie.

André Qaeze, coordinateur de Radio Djiido

 

  • LNC place son salut dans le numérique

Autre média confronté à d’importantes difficultés, Les Nouvelles calédoniennes avec le groupe Melchior. Placé en procédure de sauvegarde au mois d’avril 2021, il affiche une dette de deux milliards CFP. Le seul quotidien du pays a perdu 50 % de son marché publicitaire… et pour l’instant, la version en ligne de LNC ne peut contrebalancer les pertes.

Le groupe Melchior ne va pas bien depuis quatre-cinq ans, c’est pour ça qu’on l’a placé en procédure de sauvegarde. On met tout en œuvre pour s’en sortir, avec l’aide de partenaires publics, essentiellement l’Etat, qui nous aident à trouver de nouveaux financements et de nouveaux partenaires privés pour nous assister dans la migration vers le numérique. 

Yves Delauw, directeur général du groupe Melchior

 

  • Les choix draconiens de Caledonia 

La rédaction nouméenne de Caledonia.

Côté télé, Caledonia affiche un déficit annuel de trente millions CFP. La chaîne emploie en tout 33 salariés dont 25 journalistes. Budget annuel : environ 470 millions. Principales lignes budgétaires : la masse salariale et la location des relais de diffusion, satellites et antennes. Principal financeur : la province Nord… qui a réduit sa subvention de 500 à 400 millions. Du coup, plus de diffusion des matches de football, plus de diffusion de Miss Calédonie et moins de production interne. 

On nous fait le reproche d’être financé quasiment exclusivement par la province Nord. Et donc d’appliquer un programme politique, ce qui est absolument faux puisqu’en fait, on a une totale indépendance. Malgré tout, ça pose des questions. Le subventionnement subordonné à la décision politique peut poser des problèmes, en termes de partialité. 

Ashley Vindin, directeur général de Caledonia

 

Un dossier de Dave Waheo-Hnasson, Christian Favennec et David Sigal :