Réactions au prêt de 4,8 milliards: la SLN parle de soutien financier "complémentaire" aux "efforts exceptionnels" prévus cette année

A l'usine SLN de Doniambo, septembre 2021.
Un prêt de court-terme qui ne résoudra pas les enjeux structurels, décrit la Société Le Nickel après l'officialisation d'un prêt accord par l'Etat à la SLN à hauteur de 40 millions d'euros. Cette annonce attendue et importante est également commentée par la sphère politique, avec ce besoin répété de s'accorder sur une stratégie pays en matière de nickel.

Les communiqués se succèdent, depuis celui qui annonce l’octroi du prêt. 40 millions d'euros, soit 4,8 milliards de francs Pacifique. Les explications de Bernard Lassauce et Cédric Michaut :

©nouvellecaledonie

SLN : "Eloigner le risque de cessation des paiements"

Après l’annonce de Bercy, la SLN elle-même explique que cela doit "lui permettre de faire face à ses échéances de trésorerie à court terme". La Société Le Nickel décrit "un soutien d’urgence permettant, conjointement avec l’application du plan de progrès d’urgence en cours mis en œuvre par l’entreprise, d’éloigner le risque de cessation des paiements."

Ce prêt de court-terme ne permet pas de répondre aux enjeux structurels de l’entreprise, et ne couvre pas non plus de nouvelles défaillances de production ou un retournement soudain du marché. Par ailleurs, le prêt devra être remboursé en 2024, comme les précédents.

Communiqué de la SLN, 14 février

Et l'entreprise souligne : "De son côté, le groupe Eramet – actionnaire à hauteur de 56% de la SLN – continue de se tenir aux côtés de sa filiale et de ses employés. Dans ce cadre, l’autorisation de découvert existante entre le groupe et ses filiales a été élargie pour donner à la SLN la flexibilité nécessaire pour piloter au mieux les fluctuations de sa liquidité."

Plan de progrès d'urgence

Dans un tel contexte, poursuit le communiqué émanant de Doniambo, "ce soutien financier d’urgence est complémentaire aux efforts exceptionnels définis par la SLN pour l’année 2023 et dont la réalisation a déjà commencé". La "Vieille dame" en dresse une longue liste : 

  • "Suspension des projets d’investissements, des contributions sociétales, des explorations, des études, des travaux de démantèlements" ;
  • "Limitation des travaux de maintenance au strict nécessaire" ;
  • "Efforts salariaux temporaires et maitrise des frais de personnels" ;
  • "Accélération de mesures structurelles : redimensionnement des organisations, renégociation des contrats de sous-traitance, renégociation des délais de paiement et réduction des stocks, vente d’actifs."

Car, rappelle-t-elle, "un plan de progrès d’urgence interne est en cours de mise en œuvre afin de réduire de manière drastique les coûts et de focaliser les efforts sur la production, première étape essentielle au sauvetage de l’entreprise." Mais "la mise en œuvre du plan de progrès d’urgence ne permet pas à lui seul de résorber la situation critique de trésorerie de la SLN." C’est là que s’inscrit le fameux prêt de l’Etat. 

"Dès lors que la crise de liquidité sera temporairement résolue grâce à la combinaison du prêt et des économies réalisées dans le cadre du plan de progrès d’urgence, la SLN compte rapidement trouver des réponses aux deux problèmes structurels de l’entreprise pour assurer sa solvabilité, à savoir la compétitivité de l’usine de Doniambo notamment via l’accès à une énergie compétitive et stable, et l’accès au domaine minier dans des conditions normales."

Glen Delathière : "Une très bonne nouvelle"

"C’est une très bonne nouvelle pour nous, parce que ça nous évite la cessation de paiement", souffle Glen Delathière, pour le syndicat SGTINC. "Il ne faut pas que, dans quelques mois, on se retrouve dans la même situation. D’où l’importance de mettre rapidement en place des groupes de travail pour pouvoir travailler sur des axes d’économie, dans un espace de co-décision, et non, comme par le passé, comme certains plans qu’on a subis depuis dix ans, où on n’a jamais pu remonter notre société."

Louis Mapou : "Une bouffée d’oxygène"

"C’était attendu", a commenté pour sa part Louis Mapou, invité de la matinale ce mardi, en rappelant toutefois que la somme d'abord évoquée était plus conséquente. "Oui, c’est une bouffée d’oxygène." Et de rappeler que la Nouvelle-Calédonie et la SLN se sont engagées l'an dernier dans une vision stratégique commune. "Nous avons demandé à la SLN de définir ce que seraient les perspectives puisqu’on nous demandait d’octroyer des exportations de minerais supplémentaires. Pour le moment, nous sommes loin du compte. Cette aide de l'Etat peut aider, effectivement, à s'en sortir." Reste aux élus à définir une solution pérenne et à s’accorder sur une stratégie "pays". 

A lire plus en longueur dans la synthèse de cet entretien

Il n’y a plus de réflexion au sein du GTPS - le groupe de travail des présidents et signataires de l’accord de Nouméa- chargé de mener ce travail"

Louis Mapou, président du gouvernement

Nicolas Metzdorf : un prêt qui "reste une aide exceptionnelle" 

"La dfficulté dans ce genre de moment, c’est de considérer qu’il est encore normal de toucher l’aide de l’Etat", déclare pour sa part Nicolas Metzdorf, interrogé par Sheima Riahi. "Une aide de l’Etat sur la question du nickel en Calédonie reste une aide exceptionnelle qui doit nous permettre de réaliser que l’on doit retrouver le chemin de la rentabilité économique avec nos trois usines. Et notamment celle de Doniambo", poursuit le député de la deuxième circonscription.

"Parce qu’à chaque fois, on ne pourra pas aller quémander la main généreuse de la République pour nous aider à sortit des crises qu’on connait sur nos industries principales. C’est désormais aux responsables calédoniens que nous sommes de définir une véritable politique stratégique concernant le nickel à l’échelle du pays pour qu’enfin, conclut-il, elle ne dépende plus du soutien généreux de la France et et du gouvernement en particulier d’Emmanuel Macron."

J’espère que cette annonce pourra lancer le travail sur cette politique stratégique, notamment aux travers des groupes liés à l’avenir institutionnel.

Nicolas Metzdorf, député. 

Des propos auxquels renchérit son groupe des Loyalistes dans un autre communiqué. 

Sonia Backès : "Il faut savoir où on va"

"La SLN est dans une situation qui ne lui permet pas de s’en sortir seule. L’Etat est là pour apporter l’aide qu’il faut mais je crois que le message a été clair", observe la présidente de la province Sud.  "L’Etat ne peut pas continuer à apporter des fonds sans avoir de visibilité sur ce que pourra faire Eramet, notamment."

"Je crois qu’Eramet porte la responsabilité d’assumer et d’assurer la pérennisation de la SLN, insiste Sonia Backès. Il y a des décisions qui ont été prises qui sont parfois contestables. Eramet investit en Indonésie. Je pense que les Calédoniens ont besoin d’avoir aussi des signaux forts de la part d’Eramet sur une vision de long terme. Maintenant, il faut un schéma, il faut savoir où va, parce que l’Etat ne peut pas continuer à alimenter ne permanence le trou sans fond de la SLN."