Municipales à Ouvéa : les candidats veulent préserver l'île et ses ressources

À Ouvéa, six listes indépendantistes et une loyaliste sont présentes aux élections municipales. Rencontre autour des grands thèmes qui touchent la commune : l’environnement, le développement économique et la gouvernance.

Ouvéa, son lagon translucide et son sable blanc. La carte postale est menacée par l’érosion des plages. Pour 2020, l’environnement est une préoccupation de tous les candidats aux municipales. 

Préserver les plages


Pour Jean-Yves Waïmo, tête de liste "Parti Travailliste MNIS", il faut que la population change ses habitudes. "Beaucoup prélèvent du sable sur la plage pour les constructions, beaucoup prélèvent le beleï (les coquillages et coraux morts rejetés par la mer) et participent au phénomène d’érosion des côtes et on a vu qu’il faut travailler avec la population sur comment éduquer pour changer nos pratiques."   

L’outsider de cette élection, c’est la liste « Réagir maintenant pour Ouvéa », tirée par Nicolas Davy Bolo. Une liste composée de personnes engagées dans la société civile. Elle veut, pour Ouvéa, un développement durable. "Ce qui manque à la population, c’est de réellement se dire, si le tourisme est vraiment notre nickel à Ouvéa. C’est sûr que l’aboutissement, c’est d’aller toujours chercher les revenus en plus pour nos populations, mais si on ne fait pas en sorte de garder le cadre de l’environnement lui-même, le préserver, faire en sorte qu’on puisse le rendre agréable aussi, et bien pour nous, le développement durable, il est encore loin dans son concept."
 

Des candidats conscients des défis auxquels ont à faire face les habitants d’Ouvéa, notamment en termes d'environnement. Les propositions ne manquent pas, mais seront sans aucun doute insuffisantes pour stopper l’inexorable avancée de la mer.

Changer la gouvernance 

Accompagné de son équipe, Jean-Yves Waïmo voudrait changer le mode de gouvernance, basé sur la démocratie représentative. "Nous, on veut appliquer une démocratie participative pour associer les forces vives de l’île sur les prises de décisions du conseil municipal", explique-t-il.

Changer de gouvernance pour permettre une meilleure prise en compte des doléances des populations : c’est également l’idée de Roselyne Bae Bolo, tête de liste "Initiative Dynamique communale Ouvéa". Ex-conseillère, elle veut poursuivre le travail entamé par l’ancienne équipe municipale. "Mettre en place des débats où la population locale puisse intervenir et aussi réorganiser l’administration pour que le service puisse être efficient. On a aussi comme priorité tout ce qui est assainissement. Nous avons plus d’habitations implantées sur l’île et se pose le problème de tout ce qui est évacuation et fosse septique. Alors, il faudrait pouvoir travailler avec l’État pour pouvoir nous aider au financement de cette station d’épuration, qui n’existe dans aucune île Loyauté."
 

Un enjeux environnemental 

L’ancien sénateur Simon Loueckhote, tête de liste de "Ensemble, osons le changement" a décidé de se lancer à nouveau dans la bataille des municipales. Ses deux priorités : une gouvernance plus humaine et réhabiliter le centre d’enfouissement technique de la commune.  « C’est un véritable dépotoir, c’est d’ailleurs comme ça qu’on l’appelle communément. Il a besoin d’être entretenu et donc, une des propositions phares que je fais sur ce plan-là, c’est de recruter 100 personnes, 100 jeunes gens d’Ouvéa, pour aller nettoyer et faire du tri sélectif. »
 

Mieux vivre à Ouvéa

Tirée par Marie-Christine Mindia, la liste "UPM Iaaï" s’engage pour ces élections communales avec la ferme conviction d’améliorer les conditions des populations sur l’île. La jeunesse est également au cœur de la liste de l’UPM. Une jeunesse totalement oubliée et trop souvent stigmatisée, assure le parti. La candidate souhaite travailler d’arrache-pied sur son accompagnement. 

De son côté, Simon Loueckhote ajoute : "La population d’Ouvéa est en train de diminuer. Le Iaaï est menacé de disparition par manque de locuteurs. C’est une des raisons pour lesquelles je préconise de plus en plus que nous puissions pratiquer nos langues au sein de l’institution municipale."
 

Soutenir l'économie


Les cocotiers sont partout, à Ouvéa ; une richesse qui fait vivre une partie de la population. Les habitants retirent des revenus de la transformation de ces noix. Pour l’ancien maire UC, de 2008 à 2014, Maurice Tilewa, tête de liste « Cap sur l’avenir »,  il faut redynamiser la filière coprah. 

« Il faut continuer à faire du coprah, parce que les collectivités ont investi beaucoup d’argent pour créer les structures. Nous disons aussi qu’il y a peut-être une alternative : c’est la vanille. Peut-être que d’ici cinq ans, Ouvéa sera le premier producteur de vanille. Les deux projets phares de notre programme, c’est donc l’adduction d’eau potable, il faut continuer à amener l’eau chez les gens et il y a aussi la continuité de la politique, d’équiper les gens, de cuve à eau. Il faut savoir créer des projets parce que quand on veut gouverner, il faut savoir prévoir. »
 
Soutenir le développement économique, c’est aussi la priorité de Mickaël Wanakahme, de l’UNI Palika Iaaï. C’est la deuxième liste à se revendiquer de l’équipe sortante. Elle veut poursuivre les travaux d’amélioration des infrastructures publiques. « De plus en plus, maintenant, on a les gens qui s’installent un peu dans l’intérieur. Donc il va falloir ouvrir des routes pour les rejoindre et qui dit route, dit aussi les conduites d’eau et en même temps, l’électricité. Il y a d’autres priorités mais nous on a misé sur la filière coprah. Donc là, il suffit d’encourager un petit peu les initiatives. Il y a d’autres secteurs comme la pêche, qui est une compétence provinciale, mais il suffit d’encourager et être aux côtés des pêcheurs »
 
Avec des budgets en baisse, le défi à Ouvéa pour la prochaine équipe municipale, sera de trouver les financements nécessaires pour pouvoir mettre en œuvre sa politique.