Shigellose, filariose… Les îles Loyauté font face à plusieurs maladies infectieuses

Le centre médical de Wé, à Lifou.
A Lifou et Maré, les cas de shigellose, une maladie intestinale aiguë causée par une bactérie, se stabilisent. Tandis qu’à Ouvéa, une poche de filariose lymphatique, surnommée éléphantiasis, subsiste.

Les autorités sanitaires prennent le sujet très au sérieux. Car même si la situation semble actuellement sous contrôle à Lifou et Maré, la shigellose reste un problème de santé publique majeur.
Chaque année, cette maladie diarrhéique cause plus de 200 000 décès dans le monde, dont près d’un tiers chez les enfants de moins de cinq ans. La vigilance reste donc de mise aux Loyauté.

Le risque reste élevé.

Marie-Rose Waïa, la directrice de la Dacas, la Direction de l’action communautaire et de l’action sanitaire.

Des patients contagieux quatre semaines  

Au plus fort de l’épidémie, le nombre de patients avait doublé en une semaine : une quarantaine de cas recensés à Lifou, contre une douzaine à Maré. Les enfants et les personnes fragiles en ont particulièrement souffert. Les symptômes : fièvre, nausées, diarrhées liquides ou sanglantes, qui peuvent se révéler très invalidantes. 


Or, les patients restent contagieux jusqu’à quatre semaines après récupération, rappelle Marie-Rose Waïa, la directrice de la Dacas, la Direction de l’action communautaire et de l’action sanitaire. "Le risque reste élevé. C’est pour cela que le lavage des mains est vraiment une action de prévention. Au-delà de la Shigella, il y a beaucoup de bactéries ou de virus qui sont contractés par le toucher." 

On a vu que grâce aux messages de prévention qu’on a apportés au niveau de chaque responsable, de chaque coutumier, la population a bien pris en compte ces recommandations.

Marie-Rose Waïa, la directrice de la Dacas

L’importance du lavage des mains 

L’hygiène des mains reste un rempart contre les maladies. C’est le message des autorités sanitaires. L’infection se produit par contact direct avec des personnes malades ou par des aliments contaminés par des excréments. 

Aujourd’hui, si les quatre centres médicaux sociaux des Îles enregistrent moins de malades, c’est parce que la population a été attentive aux messages de prévention, précise Marie-Rose Waïa qui s’est rendue à Maré et à Lifou. "J’étais présente pendant la convention [protestante de Pâques, ndlr] qui a réuni plus de 5 000 personnes. On a vu que grâce aux messages de prévention qu’on a apportés au niveau de chaque responsable, de chaque coutumier, la population a bien pris en compte ces recommandations."

Statistiques de la Dass-NC sur l'évolution des cas de shigellose

La Direction des affaires sanitaires fera un nouveau point sur cette épidémie d’ici à deux semaines. En attendant, la campagne de prévention se poursuit à Lifou et à Maré.

La filariose toujours préoccupante à Ouvéa 

Quant à Ouvéa, c’est surtout la filariose qui inquiète. Une poche de filariose lymphatique, surnommée éléphantiasis, subsiste sur l’île d’Iaai. Cette maladie tropicale reste présente faute d’adhésion des habitants aux campagnes de traitement. 

Selon le dernier bilan des autorités sanitaires, 35 % de personnes sont traitées à Ouvéa contre cette infection. Des résultats en deçà de l’objectif fixé à 65 % pour éradiquer totalement la filariose d’Iaai. 

Des problèmes respiratoires 

Cette maladie provoquée par un ver parasite est transmise par des moustiques vecteurs. Même si l’on pense souvent à des œdèmes de certaines parties du corps quand on évoque l’éléphantiasis, à Ouvéa, les filaires se logeraient plutôt dans l’appareil respiratoire.

Toutes les complications respiratoires seront donc suivies de près par la Dacas. "On reste vigilants par rapport à cela, indique sa directrice, Marie-Rose Waïa. Notamment les médecins quand ils rencontrent des personnes qui n’ont jamais été asthmatiques ou qui n’ont jamais eu de problèmes respiratoires, et qui se retrouvent avec de grosses détresses respiratoires."

Un suivi des patients ciblé

Une vingtaine de cas de filariose reste actifs à Ouvéa. Le suivi des patients se fera de manière ciblée et non plus par le biais d'une campagne de masse comme en 2022 et 2023.

La filariose est désormais une maladie à déclaration obligatoire, au même titre que la dengue ou la leptospirose, se félicite Marie-Rose Waïa. "Derrière, il y a tout un protocole qui se déclenche pour pouvoir enquêter autour du cas qui a été détecté positif et avoir une action sur ceux qui sont contaminés et pouvoir les traiter."

La filariose reste sous surveillance à Ouvéa. La prochaine étude sera menée dans cinq ans par la Direction des affaires sanitaires et sociales.