La hausse de température de l'eau responsable de la mort de plusieurs tonnes de poissons à Houaïlou

Près d'une centaine de personnes sont venues écouter la présentation des premiers éléments de l'enquête scientifique, lundi 31 janvier, sous un faré dressé pour l'occasion, à la tribu de Bâ.
La restitution des premiers éléments de l’enquête sur la mort de trois tonnes de poissons dans la baie de Bâ a eu lieu, lundi 31 janvier, à Houailou. La Direction du développement économique et de l'environnement évoque une hausse de température de l'eau, qui en aurait réduit le taux d'oxygène.

Les milliers de poissons morts dont les cadavres se sont échoués sur les plages de la baie Lebris, dimanche 16 janvier, seraient morts asphyxiés. C'est la principale information qui ressort des premiers éléments de l'enquête scientifique qui ont été communiqués, lundi 31 janvier, aux habitants de la tribu de Bâ, à Houaïlou.

Devant près d'une centaine de personnes, impatientes de comprendre le drame, la Direction du développement économique et de l'environnement (DDE) de la province Nord a expliqué qu'un phénomène identique a déjà été observé dans le Pacifique Sud, notamment au Vanuatu. Et c'est précisément ce facteur climatique qui aurait été fatal aux 28 espèces qui évoluent dans la baie.

Des représentants de la DDE, du bureau d'études Ginger Soproner, des mines Ballande, du Sivap et de la mairie ont animé cette réunion.

L'hypothèse d'une pollution chimique écartée

"On ne peut pas encore parler de réponse, on ne peut pas encore parler de conclusion à ce stade. Nous essayons, comme dans une enquête policière, de regarder toutes les hypothèses qui s'offrent à nous", avance Nathaniel Cornuet, chef du service milieux et ressources aquatiques à la DDE. 

Nous avons pu, assez rapidement, écarter les hypothèses d'une pollution massive ponctuelles qui pourrait provenir soit d'un industriel soit d'un opérateur qui aurait pu déverser des produits chimiques dans la zones. A la vue de l'amplitude de la mortalité, c'était quand même une hypothèse qui était crédible

Nathaniel Cornuet, chef de service à la DDE

Une explication qui ne satisfait pas

Présentée en présence du bureau d'études Ginger Soproner, du Sivap (Service d'inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire), et de Sébastien Lafargue, directeur général de la Société des mines de la Tontouta (SMT), du groupe minier Ballande, cette explication ne satisfait pas totalement les pêcheurs.

Pour eux, reprendre les activités sur le lagon est primordial. Les débats ont donc duré pendant plusieurs heures sous un faré fraichement construit par les jeunes de la tribu. L'accumulation des boues liées à l'activité minière et le réchauffement climatique sont dans tous les esprits.

Une combinaison environnementale et minière

"Actuellement, nous nous orientons plutôt vers une hypothèse qui combinerait un aspect environnemental, une élévation de température que nous avons observée, qui pourrait diminuer la présence d'oxygène pour les poissons, et la baie, avec les impacts qu'elle a connu, notamment dus au secteur minier, qui auraient amplifié ce phénomène qui a été observé sur toute la Côte Est", complète Nathaniel Cornuet.

Des raies, poissons et anguilles retrouvés morts à la tribu de Bâ, à Houaïlou, dimanche 16 janvier.

Les analyses vont maintenant se poursuivre, car l'enquête ne s'arrête pas là. Déterminer avec précisions la cause de cette mortalité subite reste la priorité. Egalement présente, lundi, la mairie de Houaïlou a annoncé qu'elle allait délimiter une nouvelle zone de pêche, dans les prochains jours. Des prélèvements seront également menés sur les espèces du lagon, pour essayer de trouver des réponses et garantir une pêche pérenne, le plus rapidement possible.

Pour rappel, l'accès à la baie Lebris a été fermé, par précaution et la mairie a pris un arrêté interdisant la pêche et la consommation de produits de la mer dans le secteur. Depuis quinze jours, à Bâ, personne n'est retourné à l'eau, ni pour la pêche, ni pour la baignade.

Voyez le reportage de Brice Bachon : 

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