La fermeture temporaire du Centre Hospitalier Nord (CHN) de Koné, du 30 décembre au 8 janvier, illustre la crise majeure que traverse le système de santé en province Nord. Une nouvelle qui vient s'ajouter à l'annonce, la semaine dernière, de la fermeture des services d'urgence à Koumac et Poindimié jusqu'au 31 janvier 2025.
Depuis plusieurs mois, les hôpitaux de Koné, Koumac et Poindimié fonctionnent avec un manque criant de personnel paramédical. Ce déficit touche notamment les infirmiers et aides-soignants, limitant la capacité d’accueil et compromettant la prise en charge des urgences. Actuellement, 40 % des lits du CHN sont fermés, un chiffre qui pourrait atteindre 60 % en janvier 2025.
Le docteur Mohamed Taieb Ahmed, médecin libéral à Koné, est inquiet pour les urgences chirurgicales et les accouchements.
Sans anesthésiste ni bloc opératoire, nous serons en non-assistance à personne en danger.
Dr Mohamed Taieb Ahmed, médecin libéral à Koné
Des conséquences graves pour les patients
La maternité de Koné, qui a connu une hausse de 25 % des naissances cette année, sera fermée pendant 10 jours, obligeant les femmes enceintes à se déplacer vers Nouméa. "Nous avons maintenu l’activité tout au long de l’année malgré les difficultés, mais cette fermeture temporaire est un signal d’alerte", souligne Benoît Chabert, chirurgien au Pôle sanitaire du Nord, à Koné.
Depuis mai, le bloc opératoire ne traite que les urgences, une mesure prise pour pallier les sous-effectifs chroniques.
Nous fonctionnons déjà avec 46 % de sous-effectifs paramédicaux. Cela complique encore la situation.
Dr Benoît Chabert, chirurgien au Pôle sanitaire du Nord, à Koné
Une crise structurelle et peu de solutions
La pénurie de personnel met également en lumière un problème d’attractivité globale.
Si même Nouméa peine à recruter, imaginez les difficultés pour des sites comme Koumac ou Poindimié.
Dr Benoît Chabert
Face à cette situation, la réquisition de personnel reste une option limitée. "Nous faisons déjà venir des équipes de Koumac et Poindimié pour renforcer Koné, afin de garder le service des urgences ouvert", précise le chirurgien.
Malgré les efforts pour maintenir l’activité en 2024, les perspectives pour 2025 restent inquiétantes, avec une aggravation prévue des fermetures et des capacités d’accueil.
À voir ou à revoir le reportage de Brice Bachon et l'interview du Dr Benoît Chabert, invité du journal télévisé du mercredi 18 décembre, au micro de Natacha Lassauce-Cognard.