Kouaoua au menu du CCE de la SLN

Des reclassements mais toujours pas de réouverture pour le site SLN de Kouaoua. Un Comité Central d’Entreprise s’est tenu ce lundi matin avec au centre des débats : la situation de Kouaoua et son devenir.
Syndicat, société, et salariés espèrent une réouverture rapide des sites déjà exploités sur la commune. Or, les conditions de sécurité ne sont toujours pas remplies, les accès vers les mines Méa et Kiel étant toujours bloqués par les jeunes des tribus depuis plus d’un mois.
A ce jour, 117 salariés sur 179 ont été reclassés sur les différents sites SLN du territoire.  Les 62 employés restant ont été mis en congés, dans l’attente d’une réponse du gouvernement sur la mise en place du chômage partiel, mesure décidée le 20 août dernier lors du Comité d’établissement du centre minier.
 

"On veut retourner à la maison, que la situation s'arrange"

Qui dit reclassement, dit également réorganisation de travail mais aussi familiale. Evelyne Ouary, qui siège également au sein du CCE, a exposé la situation des salariés reclassés. Chauffeur à Kouaoua, elle a été réaffectée sur le centre de Tiébaghi il y a deux semaines.
« J’ai beaucoup de camarades qui sont papa, maman. Psychologiquement c’est très dur pour eux, car beaucoup ont des enfants en bas âge. » Autre point soulevé et non négligeable, la distance à parcourir.


Trouver le minerai ailleurs

Si la situation perdure, les conséquences pourraient être lourdes sur l’ensemble des mines SLN du territoire. Certains sites ont du augmenter leur production pour compenser l’absence du minerai de Kouaoua. Or celui-ci étant spécifique, la SLN doit trouver des alternatives pour alimenter les fours de Doniambo. Outre ses propres mines, elle est obligée d’acheter le minerai des petits mineurs pour maintenir sa production.
Mais plus le temps passe, plus la situation devient critique pour la SLN, « qui doit assurer sa survie » explique Germain Djawari, le secrétaire général adjoint du SGTINC, le syndicat majoritaire. « Derrière les salariés, ce sont des familles mais aussi tout le village de Kouaoua qui est impacté par le conflit. »
Inquiets également, une trentaine de salariés venus de plusieurs centres SLN dans l’espoir de trouver des réponses auprès du CCE. « Aujourd’hui, c’est l’inquiétude, ce qu’on veut, c’est que Kouaoua rouvre », ont confié certains d’entre eux.
L'usine SLN de Doniambo.
 

Des inquiétudes pour l'avenir de la société

Si réouverture il y a, l’entreprise devra d’abord réparer la serpentine, qui a subi deux nouveaux incendies pendant le blocage. Pour rappel, le convoyeur de minerai a été victime d’une dizaine d’incendies depuis le mois d’avril, le coût des travaux est estimé à 200 millions de francs, selon la SLN.
De leur côté, les autres syndicats ont apporté leur soutien aux salariés de Kouaoua, dont le Soenc Nickel par la voix d’Eddy Coulon. Il prône également une réouverture rapide du site.
Pour l’instant, « la vieille dame » maintient la puissance de ses fours en puisant notamment dans ses stocks, mais la fin d’année s’annonce déjà difficile pour l’entreprise. Cette situation remet également en question le Plan Performance SLN 2020, qui prévoyait notamment de diminuer le coût de production à 4,5 dollars la livre, contre 6,5 aujourd’hui.
Une commission minière devrait se tenir sur le site de Kouaoua en fin de semaine. A cette occasion, la SLN essaiera de préserver ses autorisations d’exploiter sur la commune, hors Chêne-Gomme, Mont-Calm et New-Co. Trois projets qui ont mis des années à germer, les premières explorations ayant eu lieu il y a vingt ans.

Autre point abordé pendant ce CCE, le salaire des employés mis en chômage partiel. La possibilité de leur verser un complément financier, en plus du SMIG, a été demandée par les syndicats, mais les discussions autour de ce point n’ont pas abouti, elles devraient se poursuivre.

Le reportage d'Olivier Jonemann et Nicolas Fasquel  
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