“On est découragés” : une marche blanche contre les violences à Koumac

Une nouvelle action pour dénoncer la violence à Koumac.
Une marche blanche contre la délinquance a réuni plusieurs dizaines d’habitants, de collégiens et d'équipes éducatives. Une manière pacifique d’exprimer leur mécontentement face aux actes d’incivilités qui se répètent.

Avec des banderoles “contre les violences, les incivilités, l’insécurité”, plusieurs dizaines de collégiens ont défilé ce mercredi dans les rues de Koumac. Unis, aux côtés de leurs équipes pédagogiques, tous se disent agacés par les faits de délinquance qui se multiplient dans la commune. “On marche car il y a eu trop de violences ici à Koumac. Il y a eu aussi des dégradations à l’internat”, explique Isa Moinlaoupioh, en classe de 6ème.

Insultes, jets de pierres, cambriolages, incendies 

Le dernier incident en date remonte à samedi dernier, quand l’ordinateur portable du directeur du collège ainsi que le bus de l'établissement ont été dérobés. / Autre fait marquant, il y a deux mois, un incendie touche le dortoir de l'internat, avant que le reste du bâtiment ne soit totalement dégradé. Depuis, l'équipe éducative et les internes se disent régulièrement victimes d'insultes et de jets de pierres.  “On termine l’année sur des chapeaux de roues. On est découragés. En l’espace de cinq ans, notre directeur s’est fait voler trois véhicules. Il a également reçu la “visite" de jeunes à cinq reprises pour le voler chez lui. Ça commence à bien faire”, se désole Lysiane Girard, agent technique à l’internat depuis treize ans. 

Absence de mesures politiques ? 

Dans le cortège, une dizaine d'habitants du village s’est joint à ce mouvement de colère. Il faut dire que, ces dernières années, les violences multiples ont explosé dans la commune. En début d'année, le passage à tabac de la jeune Marion alors qu’elle livrait des pizzas avait particulièrement choqué l’opinion. Depuis, les faits-divers se poursuivent, laissant les habitants penser qu’aucune mesure politique n’est réellement prise pour lutter contre cette situation. “Il faut vraiment agir maintenant”, s’agace Tony Moraldo. “Plutôt que de se battre entre nous pour la couleur de notre peau, regardons d’abord nos jeunes car ils disent que le pays est pour les jeunes. Mais je ne comprends pas pourquoi on les laisse comme ça, à faire n’importe quoi dans les villages!” s’exclame t’il. 

On aimerait que la population et les autorités prennent conscience des difficultés qu’on rencontre. On s’aperçoit qu’on a des jeunes en errance et on a le sentiment que personne ne s’en occupe. Donc ces jeunes sont à la fois victimes et délinquants. 

Sylvain Mingoual

Directeur de l'internat de Koumac

Régulièrement, des débats sont menés au sein du collège entre équipes pédagogiques et élèves, pour échanger sur de possibles solutions. L'année prochaine, l'internat envisage l’organisation d’un forum sur la parentalité dans l’optique d’aider les familles à faire face à la délinquance. En attendant, le sentiment d’insécurité reste palpable à Koumac.