NICKEL. Mise en sommeil de l’usine du Nord : l’annonce de KNS et Glencore fait réagir

Au coeur de l'usine de nickel du Nord, le 26 novembre 2023.
L’information est tombée ce lundi 12 février, l’usine de nickel de KNS à Vavouto est mise en sommeil. Les six prochains mois ne verront rien sortir des fours. Le temps pour Glencore de céder ses 49 % de parts dans l’entreprise. Les réactions n’ont pas tardé.

L’annonce est tombée hier : l’usine KNS sera bel et bien mise en sommeil. La menace planait depuis plusieurs semaines déjà. Une indiscrétion par la diffusion d’une note interne signée du président puis un communiqué officiel de l’industriel l’ont confirmé hier lundi 12 février : l’usine du Nord ne produira plus de nickel pendant les six prochains mois et l’actionnaire principal se retire. Le temps de trouver un successeur à Glencore, actionnaire à 49 % et principal financeur du complexe industriel.  
Une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir.

"On s’attendait à une mauvaise nouvelle"

Parmi ces premières réactions locales, celle de Victor Tutugoro.
"Ce n’est pas une très bonne nouvelle mais on s’y attendait un peu depuis le mois de septembre quand KNS a indiqué qu’ils étaient dans une situation de recherche de financement et qu’au vu de l’environnement du nickel aujourd’hui, les choses n’étaient pas positives" indique le 3ème vice-président de la province Nord. "Donc oui, on s’attendait à une mauvaise nouvelle mais pas de cette ampleur là. Pour nous qui avons autant d’emplois sur Koniambo, l’outil était un outil de rééquilibrage. Je ne doute pas que la province et les actionnaires iront chercher un repreneur pour continuer, faire en sorte que cet outil continue de fonctionner et amène le résultat de rééquilibrage attendu par toute une population". 
À noter que l’emploi salarié sera maintenu pendant les six prochains mois. 

L’espoir d’un repreneur

Du côté du Rassemblement-les Républicains, on regrette également "la perte d’un outil de production industriel majeur, symbole du rééquilibrage". Le Rassemblement appelle l'ensemble des responsables politiques en charge du dossier, prioritairement la province Nord, à trouver rapidement un nouvel actionnaire pour soutenir l'usine du Nord.


Un "coup dur pour tous les Calédoniens" déplore de son côté Générations NC pour qui cette mise en sommeil de l’usine du Nord va impacter 1800 personnes. Générations NC qui se dit "déterminé à travailler en collaboration avec toutes les parties prenantes pour trouver un repreneur fiable d'ici 6 mois".


Solidarité également avec les salariés et sous-traitants de KNS, de Nicolas Metzdorf. Le député de la 2ème circonscription promet que dans ses fonctions d’élu calédonien, il s’ appliquera "de toutes [ses] forces, à être le plus utile possible pour le maintien des emplois et de l’activité économique du Nord […] Nous ne relâcherons pas nos efforts, tant que l’activité n’aura pas pleinement repris". 


 

La France va "accompagner" la recherche de repreneur

Autre réaction au niveau de l’État cette fois, de la part du cabinet du ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Une réaction donnée lors d’un point de presse organisé à Paris quelques minutes après l’annonce de Glencore. Le cabinet de Bruno Le Maire rassure que la France va "accompagner" la recherche de repreneurs pour l'usine de KNS. "Il faut impérativement que des industriels prennent des risques économiques dans ces opérations", a rappelé le cabinet du ministère, insistant sur le "soutien exceptionnel" déjà apporté à KNS, pour lequel "il n'est pas possible d'aller au-delà". Une aide de 24 milliards de francs CFP annoncée la semaine dernière. 

Soulagement dans un premier temps pour le Soenc Nickel

Pour les syndicats de KNS, l’heure est d’abord au soulagement après l’annonce de la préservation des emplois pendant six mois. 
" C’est un grand ouf, au moins on a six mois de répit devant nous. Mais six mois c’est court et il faudrait qu’il y ait un repreneur vite" explique Norman Leconte, délégué syndical Soenc Nickel au micro de Camille Mosnier. 
Les syndicats ont rencontré la direction ce mardi 13 février. Ils restent vigilants. L’objectif aujourd’hui : préparer la phase de transition et l’après Glencore. "Déjà aucun licenciement économique en cours, aucun en vue. Normalement, on reste comme ça pendant les six mois, on va être focalisés sur la formation, le nettoyage du site, le nettoyage des équipements pour qu’on puisse redémarrer le plus vite possible".
"Le salaire de base sera maintenu, la seule chose qui bougera, c’est tout le personnel qui est au quart repassera à la semaine et du coup, il n’y aura plus de prime de quart, plus de prime de panier".
Ce vendredi, la nouvelle organisation du travail sera débattue lors d’un CE extraordinaire.
Si les emplois locaux sont pour l’heure sauvegardés, reste la situation d’environ 80 employés expatriés de Glencore qui vont devoir quitter la Nouvelle-Calédonie.

 

Un coup dur pour les sous-traitants

Si l’industriel assure qu’il conservera les salariés pendant six mois, rien n’a été précisé pour les sous-traitants. Un coup dur prévisible selon Max Foucher, président d’honneur du syndicat de sous-traitants sur mine, Contrakmine, joint par Charlotte Mestre.
" Depuis 2015 on voyait la situation se dégrader. On a alarmé, on a parlé, on a essayé de convaincre qu’il fallait trouver des solutions. Ça n’a pas été fait. Aujourd’hui, on ne peut que constater que quand les investisseurs ne veulent plus mettre d’argent de leur poche, on va au crash".
Max Foucher qui s’inquiète aussi pour la NMC, la Nickel Mining Company qui doit approvisionner l’usine de Gwangyang en Corée du Sud.  "Le plus grand malheur qui pourrait nous arriver, ce serait, pour nous, en qualité de sous-traitants, que la NMC s’arrête. Ça, ça serait catastrophique. La NMC, c’est elle qui laisse les plus grandes retombées dans toutes les communes minières de la province Nord. Et c’est important pour nous, la sous-traitance. Elle est vraiment dans une mauvaise situation et il faut trouver une formule pour sortir cette société de la situation dans laquelle elle est". 

La SLN et Prony Resources solidaires

Les deux autres industriels, qui connaissent eux aussi des difficultés, ont manifesté leur soutien aux équipes de KNS sur les réseaux sociaux.