Nickel : une nouvelle stratégie pour KNS

La direction de KNS lors d'une visite, le 8 août 2023, sur le massif de Koniambo, en province Nord.
2023 sera-t-elle l'année de l'éclaircie pour l'usine du Nord ? C'est en tout cas le message de Koniambo Nickel, qui a tenu un point presse, ce mardi matin, pour présenter ses performances du premier semestre. Transition énergétique, production de matte pour batteries, record de production de ferronickel... KNS fait le point sur son changement de stratégie.

Sur les pentes du massif de Koniambo, la mécanique est bien rodée. A 900 mètres d’altitude, les engins s’activent pour atteindre les objectifs fixés par KNS au premier semestre 2023 : l'extraction de 1 900 000 tonnes de minerai brut.


Triage du minerai en amont

Si Koniambo Nickel tenait à faire ce bilan semestriel devant la presse, ce mardi 8 août, c’est que les chiffres sont positifs pour l’industriel par rapport à 2022. Le résultat d’un process sur mine bien réglé en amont qui, tout comme l’usine, a mis du temps à se mettre en place. 

Les efforts sont appuyés notamment sur la zone de triage, "vitale pour respecter l’intégrité des fours", précise Jason Dunwoody, vide-président mine de KNS. "C’est là que nous déposons entre 300 000 et 400 000 tonnes de minerai divisé en sept, en fonction de leur chimie. Il est ensuite envoyé à une autre zone de stockage, avant d’alimenter l’usine et tout le process". 


Un objectif de 3 000 tonnes de ferronickel par mois 

Sur la partie métallurgie, l’usine du Nord affiche une production de 12 700 tonnes de ferronickel depuis  janvier, un résultat équivalent à l’année 2022 sur la même période. Au total, KNS a sorti de ses fours 25 400 tonnes de ferronickel en 2022, soit presque 50 % de plus qu’en 2021 (12 700 tonnes).

Et la tendance en 2023 marque une nouvelle progression. Après un début d'année difficile, en raison de problèmes techniques, l’objectif de production fixé à 3 000 tonnes mensuelles en moyenne, a enfin été atteint ces derniers mois. 


Des tests pour intégrer la filière du nickel pour batterie 

Concernant la production d'un nickel intermédiaire pour batteries, recommandée par l’Inspection générale des finances dans son rapport sur l’avenir de la filière nickel en Calédonie et prônée par le président Emmanuel Macron lors de son discours à Nouméa, le 26 juillet 2023, KNS se dit déjà engagée dans la démarche. 

Des tests ont été effectués dans ce sens, avec l’envoi de 3 000 tonnes de ferronickel à Sudbury, une usine de matte de Glencore, située au Canada. Un test réussi selon Koniambo Nickel qui, entre un prix du ferronickel bas et un marché de la batterie qui grimpe, veut y voir une opportunité gagnante.


Pas de production de matte sur site 

Quant à savoir si produire localement de la matte serait rentable, le pragmatisme règne à l’usine du Nord. "Pour nos actionnaires, ce qui importe réellement, c’est de se dire que si nous pouvons éviter de dépenser de l’argent pour transformer notre produit fini, suivant telle ou telle chaine de production des batteries, et particulièrement après ce que le président Macron et le rapport de l’IGF ont indiqué, alors empruntons la voie la plus simple et évitons de dépenser plusieurs millions de dollars pour construire une usine de matte, qui puisse transformer notre ferronickel", souligne Neil Meadows, le président de KNS. 


Des pistes pour une énergie moins carbonnée

Autre sujet crucial : le volet énergétique, avec pour objectif de produire une énergie moins carbonée et moins chère. C’est ce que préconise une fois encore le rapport de l’IGF. D’ici la fin de l’année, KNS doit tracer la feuille de route de sa trajectoire énergétique.

Plusieurs options sont sur la table. L’une d’elles serait d’utiliser de la biomasse pour alimenter la centrale électrique (couplée au charbon via un mix énergétique). "Des premiers tests devraient être effectués en août ou septembre avec 200 tonnes de biomasse", annonce Alexandre Rousseau, le directeur des ressources humaines et de la communication de KNS.


Gaz naturel liquifié, voire hydrogène

Deuxième piste : remplacer le charbon par du gaz naturel liquéfié (GNL). Cette option, qui semble privilégiée sur le plan technique, nécessiterait des investissements importants car elle implique la construction d’une nouvelle centrale électrique. "Cette solution permettrait à Koniambo Nickel la réduction de 46 % des émissions carbone d’ici 2028", fait valoir l’entreprise dans son dossier de presse. 

La direction précise toutefois que cette solution pourrait être transitoire, le temps que la solution "hydrogène", qui intéresse fortement l’industriel, devienne plus mature. 

Le reportage télé de Nathan Poaouteta et Camille Mosnier

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