C’est travail de fourmi, sur un espace qui représente près de 16 fois la ville de Paris. Depuis plus d'un an, des naturalistes et des scientifiques collectent toutes sortes d’espèces et de données pour affiner les connaissances de la région. "On peut citer quelques découvertes, certaines sont déjà vérifiées et d'autres doivent encore l'être", détaille Dominique Fleurot, coordonnateur du projet, pour l’association de Tiébaghi. "Comme ce dimanche, une araignée de couleur orange qui apparemment n'a jamais été vue encore ici, en Nouvelle-Calédonie." De même, un gecko très rare a aussi été observé sur l'île de Baaba.
Le dek-men découvert sur deux nouvelles îles
Oiseaux, insectes, reptiles, escargots, flore, un inventaire pluridisciplinaire ambitieux pour le compte de la mairie Poum. Une commune très étendue qui reste encore sous-prospectée.
La société calédonienne d’ornithologie est aussi associée à ces prospections. "Il y a de grands résultats déjà depuis l'année dernière et notamment la découverte de deux nouvelles localités pour l'espèce d'oiseau terrestre le plus rare et le plus menacé de Calédonie, qui est le dek-men, le merle des îles ", raconte David Ugolini président de la SCO. "On ne le connaissait que sur deux îles jusqu'à présent, Yandé et Néba qui sont déjà des îlots sur la commune de Poum. Les prospections qui ont été réalisées dans le cadre de l'ABC ont permis de l'observer et de l'identifier formellement sur deux nouvelles îles."
Encore beaucoup de zones inexplorées
Plus que 9 mois de collecte avant la fin de l’opération. Et il reste beaucoup de zones inexplorées par les scientifiques. "Par exemple, les vallées de la plaine Cirey ou celles de Malhec. Tout le haut des vallées n'a pas encore été prospecté en totalité. Au niveau des îlots, il nous reste encore à cibler les îlots Saint-Phalle dans la région d'Arama", précise Dominique Fleurot. Une prospection qui ne se limite donc pas à la partie terrestre comme souvent indiqué sur des cartes. "Nous avons essentiellement des points pour les oiseaux et les nudibranches sur cet espace maritime communal."
Les prochains week-ends s'annoncent encore bien chargés. "Nous comblerons au mieux les espaces encore inexplorés afin de rendre une carte des enjeux de la biodiversité la plus complète sur l'espace communal, mais nous ne pourrons pas tous les visiter d'ici la fin 2024."
Des représentants du Museum d'histoire naturelle
À ce jour, plus de 90 personnes ont déjà contribué au projet, des naturalistes comme des scientifiques. Parmi eux des professionnels originaires de France, Suisse, Allemagne, Italie ou encore des Etats-Unis.
Avec près de 12 000 points d’observations brutes depuis le début de l'opération, Dominique Fleurot estime à 14 000 le nombre de spécimens observés. "On fait des prélèvements et des collectes lorsque l'on est associé à une autorisation scientifique. Il y a des gens qui viennent du Museum de Paris. Ça a aussi mobilisé des gens des tribus, des propriétaires privés, la collectivité de Poum et les deux industriels. On a été sur mines, dans le maquis minier par exemple."
L'occasion également d'étudier les milieux naturels qui accueillent cette biodiversité. "On parle des espèces rares, mais il y a aussi les milieux spécifiques, comme les forêts sèches, où il y a un hotspot de biodiversité et les forêts galeries, qui se trouvent le long des creeks, qui jouent un rôle majeur dans la ressource en eau."
Un travail sur plusieurs années
Ces collectes seront étudiées et décrites par des scientifiques dans un second temps pour finaliser le travail au long cours des équipes de terrain. "Aux scientifiques de faire tout ce travail d'analyse, de bibliographie, par rapport à ce qui a déjà été publié, de ce qui a déjà été étudié sur le territoire. Et donc ça prend du temps qu'on ne peut pas maîtriser, de quelques mois à plusieurs années."
Des représentants du Museum naturel de Paris sont attendus en Calédonie au cours des prochaines semaines dans le cadre de ce projet.