"Le réseau de transport que les Calédoniens ont connu avant le 13 mai ne sera plus le même." La sentence est lâchée par Naïa Watéou, présidente du syndicat mixte des transports urbains du Grand Nouméa (SMTU), invitée le 6 août sur le plateau de NC la 1ère.
Depuis les émeutes du mois de mai dernier, plus un bus ne circule dans le Grand Nouméa. Et alors que la situation se calme petit à petit, aucune reprise n'est pour l'instant programmée officiellement.
Suspension au moins jusqu'en septembre
Seul horizon, la date du 13 septembre, jour théorique de la fin de la suspension du service Tanéo. "Est-ce qu’on peut envisager une reprise au 14 septembre ou est-ce que c'est trop tôt pour l'annoncer ? C'est tout le travail qu'on a effectué avec les deux délégataires (Karuïa et Carsud, NDLR), en prenant en compte aussi leur expertise et leur professionnalisme pour pouvoir revoir le réseau de demain", expose Naïa Watéou.
On est encore en discussion avec les forces de l'ordre et c'est à partir du moment où la sécurité sera rétablie que nous serons en mesure de reprendre ce réseau.
Naïa Watéou, présidente du SMTU
Mais du côté des prestataires, on trouve le temps long. Et le groupement d'intérêt économique Karuïa, qui regroupe les transporteurs de Nouméa, prend les devants. Ils ont tenu à manifester mardi sur le rond-point Forest à Ducos, proche du dépôt de bus, pour communiquer sur leur proposition de reprise, faite le 18 juillet au SMTU.
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Franck Vergès :
Reprise a minima de 10 lignes avec un tarif unique -encore inconnu- sans frais pour la collectivité. Ce projet desservirait 75 % du réseau, soit environ 19 000 usagers. "On a essayé d'avoir un réseau qui soit cohérent et qui réponde à un maximum d'attente de la part des usagers, tout en prenant en compte l'aspect sécuritaire, explique Edouard Rentchler, directeur d'exploitation de Karuïa. Le principe n’est pas d’entrer dans tous les quartiers et d’aller dans ses endroits qui peuvent être considérés comme dangereux."
"On ne compte pas mettre en danger nos chauffeurs ou les usagers."
Edouard Rentchler, directeur d'exploitation du GIE Karuïa
La sécurité comme enjeu central et qui conditionne une reprise. "Depuis le début de ces exactions et dans la volonté de vouloir reprendre un service, nous travaillons de concert avec les forces de l'ordre, répète Naïa Watéou. Elles viennent nous indiquer, dans le cadre du futur schéma et du futur réseau que l'on voudrait mettre en place, à quel moment il nous est possible de passer à certains endroits, parce qu'encore une fois, nous sommes responsables de la sécurité des usagers, des chauffeurs et du matériel roulant aussi."
Proposition de quatre lignes
Pour le moment, les discussions en vue d'une reprise en septembre sont donc en cours entre les acteurs du dossier. Selon Karuïa, la proposition du SMTU fait état de quatre lignes uniquement : Moselle-Nouville, Moselle-Ducos, Moselle-Nouméa Sud et Moselle-Magenta Aérodrome.
Un plan de reprise a minima qui ne concerne que les derniers mois de l'année 2024 puisque la délégation de service public sera résiliée au 30 janvier 2025. "Nous sommes aujourd'hui dans l'obligation de nous réinventer, explique la présidente du SMTU. Et ça passe aussi par cette période de six mois durant laquelle il va falloir repenser le transport en commun."
Réalité sécuritaire complétée par une problématique de financement. "Aujourd'hui, on est lucide sur la situation des collectivités, elles n'ont plus les moyens de financer le transport en commun à la hauteur de ce qu’il y avait auparavant, se désole Clément Simutoga, directeur transports de Carsud. Donc nous, en tant que délégataire, on va subir la crise de plein fouet et on va devoir se réorganiser avec de forts impacts sur nos effectifs et sur nos structures."
Avant la suspension du réseau Tanéo, les Calédoniens étaient entre 20 000 et 25 000 usagers à prendre le bus chaque jour. Il fait également vivre près de 400 personnes : 250 pour le GIE Karuïa, 160 pour Carsud et 20 pour le Syndicat mixte.
L'interview intégrale de Naïa Watéou dans le JT du mardi 6 août 2024 :