Agression au Médipôle : le père de famille a été reconnu coupable de violences volontaires

Au tribunal correctionnel de Nouméa, le 28 mars 2023.
Le père d'un enfant malade qui s'en prend violemment au personnel du Médipôle… L'agression a choqué, jeudi dernier. Ce mardi 28 mars, l'homme a été reconnu coupable de violences volontaires envers un médecin et une infirmière. Il a été condamné à dix mois de prison, peine assortie dans sa totalité d’un sursis. Conformément au réquisitoire du ministère public.

L’affaire a fait grand bruit au Médipôle de Dumbéa, et suscité la colère du personnel médical. Le jeudi 23 mars, à 6h30 du matin, un père de famille qui accompagne sa fille de douze ans aux urgences pédiatriques s’en prend à un médecin. Il souhaite que ce dernier vienne examiner son enfant car son état a, selon lui, empiré. Père et fille étaient en effet déjà venus la veille aux urgences. La fillette était alors repartie avec une prescription de paracétamol pour un mal de crâne, a-t-il été dit lors de l'audience au tribunal. 

Ce jeudi matin, le prévenu prend le médecin à la gorge. Un événement qui ne dure pas dix ou quatre minutes, comme il a pu être évoqué, mais deux minutes vingt-six secondes, selon le ministère public - Nicolas Kerfridin s’appuie sur la vidéo-surveillance de l’établissement hospitalier. 

Me Audrey Noyon était l'avocate commise d’office de l’agresseur présumé.

Un agresseur présumé prostré et contrit

Le prévenu est âgé de 47 ans. Jugé mardi 28 mars en comparution immédiate, ce papa de quatre enfants comparaît libre, sous contrôle judiciaire. La tête baissée, il s’en veut de ce qui s’est passé. L’homme, père célibataire, s’est toujours débrouillé seul avec ses enfants. "Ce jour-là, ma fille avait mal. Nous étions déjà venus la veille au Médipôle. Je ne voulais pas attendre, je voulais qu’un médecin pédiatre intervienne", relate-t-il. Et son avocate commise d’office, Me Audrey Noyon, d'ajouter : "L’état de la fillette avait empiré. Mon client avait raison de s’inquiéter, car on lui a finalement diagnostiqué un staphylocoque au niveau de la face. Elle est toujours hospitalisée actuellement." 

Une des affiches apparues juste après l'agression du médecin et de l'infirmière au Médipôle, le 23 mars.

Une peine jugée à la hauteur des faits

Me Martin Calmet représente le médecin et l’infirmière, victimes de violences ayant entraîné respectivement trois et deux jours d’ITT. Il pointe du doigt les sous-effectifs de personnel dont souffre le service pédiatrique, comme tous les autres services médicaux de Nouvelle-Calédonie. De 19 heures à 6 heures du matin, l'avocat souligne que "les victimes ont enchaîné les consultations, jusqu’à 45 patients en onze heures de garde".

En préjudice moral, il demande 250 000 F pour le médecin et 120 000 F pour l’infirmière. Sans retenir les qualifications de menaces de mort à l’encontre de ses clients. L’avocate du CHT, lequel se constitue dans ce dossier pour détériorations de biens d’un établissement hospitalier public, requiert des dédommagements à hauteur de 112 800 F. 

Me Calmet était dans cette affaire avocat des victimes.

Un délibéré "équitable"

Après quelques minutes de délibéré, le tribunal reconnaît le prévenu coupable des faits qui lui sont reprochés. Il suit les réquisitions du ministère public qui préconisait dix mois de prison, peine assortie dans sa totalité d’un sursis. Pour préjudice moral, le père de famille devra indemniser les victimes à hauteur de 150 000 F pour le médecin et de 80 000 F pour l’infirmière. Il devra aussi indemniser le CHT à hauteur de 112 800 F.  Alors que sa fille est toujours hospitalisée, le papa n’a aucune interdiction de se rendre à son chevet, ni de côtoyer les victimes. 

La précision du médecin

Ajoutons qu'après diffusion de ce compte-rendu, le médecin victime de l'agression a contesté ce qui a été relaté du tribunal, à savoir la "prescription de paracétamol pour un mal de crâne". "La fillette est sortie avec le bon diagnostic d’emblée. Elle a eu le traitement antibiotique adapté la veille de l’agression", écrit-il. Délai d'efficacité ou non prise du traitement, "elle est revenue dans un état plus douloureux que la veille afin de bénéficier d’une prise en charge hospitalière. Le diagnostic initial a été validé ultérieurement par imagerie médicale lors de l’hospitalisation." Le professionnel de santé n'était pas présent lors du procès.