Ces malfaçons qui gâchent la vie des propriétaires

Le référentiel censé professionnaliser la construction en Nouvelle-Calédonie entre en vigueur en juillet. En attendant, les malfaçons constatées dans le bâtiment font toujours le malheur de nombreux propriétaires. Comme ces travaux de terrassement défectueux qui menacent une villa à Dumbéa.
Les constats d’huissier, courriers d’avocat ou rapports d’expert judiciaire pèsent un bon millier de feuillets. Deux ans de procédure pour une conclusion qui sonne comme une évidence.
 

Le rapport d’expertise conclut que les enrochements ne sont pas faits pour faire des murs de soutènement. Cela reste un parement à une pente douce pour éviter l’érosion, mais en aucun cas pour monter des murs verticaux comme ça.
- Nicolas Duhamel, propriétaire d’une villa à Dumbéa

 
 

Fissures multiples

Résultat, une maison construite en 2016 se fissure déjà de partout, cloisons ou murs porteurs. Chaque semaine apporte son lot de mauvaises surprises. En cause, les fondations. Il y a deux ans, une partie du terrain s’est affaissée, laissant des poutrelles en béton surplomber le vide. Manifestement, un enrochement instable est à l’origine du sinistre. Et la société qui a réalisé les terrassements pointe aux abonnés absents.
 

La société est en liquidation et on ne sait pas si elle était assurée à ce moment-là. On n’a pas de facture. On attend, on attend. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, personne ne veut payer.
- Le propriétaire

 
 

Garantie décennale

Quid de la garantie décennale censée couvrir ces malfaçons ?
 

Les travaux de soutènement, etc, s’ils sont faits simultanément à la construction et s’ils concourent à la réalisation de la construction, peuvent être couverts par la garantie décennale. Mais ce n’est pas systématique. 
- Djamil Abdelaziz , directeur adjoint des Achats, du patrimoine et des moyens

 
 

Nouveau référentiel

C’est pour éviter ce type d’imbroglio juridique que le référentiel de la construction entrera en vigueur en juillet. Afin de professionnaliser les métiers du bâtiment et protéger davantage les propriétaires. 
 

Il y a eu des cas sur lesquels des chaînes de défaillances ont été observées, et on s’est rendu compte que la réponse réglementaire et législative n’était pas à la hauteur. Le maître d’ouvrage, demain, lorsqu’il va vouloir aller vers la construction de son foyer, pourra souscrire un contrat d’assurance de dommages. Auprès d’un assureur qui aura comme seul objectif de couvrir les risques de sa construction.
- Djamil Abdelaziz, DAPM-NC

 
 

Des millions de travaux en plus

En attendant que la justice se prononce, Nicolas a pu évaluer à une quinzaine de millions les travaux nécessaires pour sauver sa maison. Mais aucune solution ne s’offre à lui. «Aujourd’hui, la maison est invendable, et je paie quand même un crédit tous les mois.»

Un reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor :
©nouvellecaledonie