"La nuit sur la commune a été rythmée par des coups de feu et des petits 'bombardements', mais il n'y a pas eu d'incendie, pour la première soirée depuis bien longtemps." C'était le constat dressé par le maire de Dumbéa ce samedi dans le journal radio de 6h30. Il répondait à Lizzie Carboni.
"Des personnes ne sont pas sorties depuis treize jours"
Yoann Lecourieux a évoqué la situation dans la deuxième ville calédonienne en nombre d'habitants, déclarant que le renfort en forces de l'ordre a été marqué "vers le huitième jour". D'après sa description, "les riverains se sont organisés, notamment dans le Nord, et aussi sur certains quartiers qui sont enclavés maintenant depuis treize jours. Nous avons des [gens] qui ne sont pas sortis de chez eux depuis treize jours."
Il cite la pointe à la Dorade, lotissement résidentiel situé entre le littoral et les différents secteurs de Dumbéa-sur-mer. Mais aussi Nakutakoin, où se trouve le lotissement pointe à la Luzerne. "Ça commence à être très pesant pour les familles, les enfants, d'être pris en otage dans cette situation. Très compliqué sur plusieurs points : alimentaire, psychologique, sanitaire…"
"Des élus et du personnel dorment dans la mairie"
L'imposant hôtel de ville, perché sur une colline de Koutio, a subi des exactions il y a quelques jours. "Sur les véhicules, mais aussi sur une aile de la mairie, avec un cocktail Molotov", a précisé Yoann Lecourieux. "Donc une partie est brûlée. Depuis, des élus ainsi que du personnel dorment dans la mairie. Nous avons eu le renfort de gendarmes qui sont postés ici, pour surveiller la mairie mais aussi les habitations autour."
Appel à "desserrer l'étau" en particulier à Dumbéa-sur-mer
Dumbéa compte des lieux de santé stratégiques, comme le Médipôle ou le centre de dialyse de Dumbéa-sur-mer. Le maire s'est adressé à la Cellule de coordination des actions de terrain, alors que l'échangeur routier des Erudits, au-dessus de la voie express, représente depuis le début de la crise un point de blocage majeur. "J'invite les responsables de la CCAT, qui ont dit vouloir 'desserrer l'étau', à desserrer l'étau dans cette zone."
Un secteur, a-t-il aussi rappelé, où un centre commercial a été quelque peu préservé. "S'il y a une stabilité dans le quartier, ça permettrait de l'ouvrir dans les meilleures conditions pour permettre à l'ensemble de la population de Dumbéa, voire de Païta, de faire des réserves de produits alimentaires."
Tenir "des propos modérés"
De façon globale, le maire de Dumbéa a lancé ce samedi "un appel à tous les élus, toutes tendances confondues, à avoir des propos modérés, raisonnés, dans leurs différentes communications et leurs posts sur les réseaux sociaux parce qu'il est important d'apaiser le climat pour retrouver une liberté de circuler. Si certains quartiers de Nouméa sont libres de circulation", a déclaré Yoann Lecourieux, "c'est loin d'être le cas dans les communes limitrophes."
"Le président a fait des propositions équilibrées"
Enfin, celui qui faisait partie des élus ayant rencontré Emmanuel Macron à Nouméa, jeudi, a évoqué la visite du chef de l'Etat. "Je trouve que le président a pris à bras le corps le sujet. Il a fait des propositions équilibrées", estime le maire de Dumbéa. "Dommage que, vingt-quatre heures après son départ, nous n'avons pas pu retrouver la levée des barrages, la libre circulation et que tout le monde se mette au travail avec les trois missionnaires qui sont là pour renouer le fil du dialogue. Ce fil du dialogue ne peut être renoué que si on a la libre circulation sur l'ensemble du territoire."
Vendredi, un convoi de ravitaillement a réapprovisionné des commerces de Dumbéa, justement, et de Païta. Voyez le reportage de Caroline Antic-Martin et Thierry Chapuis.