Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : on vous résume la visite présidentielle éclair

Emmanuel Macron à son arrivée à l'aéroport de Nouméa-la Tontouta, jeudi 23 mai
Moment particulier, dans la crise qui secoue la Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a passé une journée sur place. Le président de la République a appelé à la levée des barrages, qui conditionnera la fin de l'état d'urgence, et à l'élaboration d'un accord global sur l'avenir institutionnel. On vous déroule le fil de son déplacement éclair.

Il a entamé sa visite sur le Caillou peu avant 8h30, avant une prise de parole autour de minuit. La journée passée par le chef de l'Etat en Nouvelle-Calédonie a été ponctuée d'échanges qui ont duré jusque tard dans la nuit, ce jeudi 23 mai. NC la 1ère résume le troisième séjour calédonien d'Emmanuel Macron, cette fois dans un contexte qu'il a qualifié de "mouvement d'insurrection".

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L'annonce d'un calendrier 

"Mon souhait est que nous ayions un accord global. Et que nous puissions constater d'ici un mois que les violences ont cessé et que l'accord avance." Au cœur de la nuit, depuis la résidence du haut-commissaire à Nouméa, Emmanuel Macron a annoncé sa position suite à cette "journée de concertation". Durant une déclaration finale d'une vingtaine de minutes, il a énoncé plusieurs étapes : 

  • "que tous les responsables appellent explicitement à la levée des barrages et des points fixes".
  • à cette condition, la levée de l'état d'urgence.
  • la reprise des négociations sur l'avenir institutionnel, avec une mission de médiation et de travail confiée aux trois hauts-fonctionnaires qui l'ont accompagné.
  • un point d'étape qu'il effectuerait d'ici un mois.

Le président a détaillé l'accord global qu'il appelle de ses vœux, et qu'il souhaite voir "soumis au vote des Calédoniens". Il a aussi évoqué le besoin de reconstruction (un fonds de solidarité pour le monde économique, une mission dédiée). Le chef de l'Etat venait de dévoiler ces décisions à un parterre d'élus et d'acteurs économiques.

Je me suis engagé à ce que cette réforme [sur le corps électoral] ne passe pas en force dans le contexte actuel et que nous nous donnions quelques semaines afin de permettre l'apaisement, la reprise du dialogue, en vue d'un accord global.

Emmanuel Macron, président de la République, dans la nuit du 23 au 24 mai à Nouméa

Les rencontres avec les groupes politiques

En soirée, il a rencontré les représentants des différents groupes constitués au Congrès. D'abord Calédonie ensemble. Puis les Loyalistes et le Rassemblement. Ensuite, la délégation indépendantiste. Y compris Christian Tein, commissaire politique de l'Union calédonienne et porte-parole de la CCAT. La Cellule de coordination des actions de terrain porte la mobilisation contre l'ouverture du corps électoral qui a tourné à la violence et aux émeutes dans l'agglomération nouméenne.

Annonçant l'assignation à résidence des responsables de la structure, Gérald Darmanin les qualifiait la semaine dernière de "leaders mafieux". Et la CCAT, de "groupuscule qui se dit indépendantiste et qui en fait commet des pillages, des meurtres manifestement, de la violence". 

La déclaration qui fixait les priorités

Si l'on reprend le fil de la journée présidentielle, elle a débuté par une première déclaration aux médias depuis l'aéroport de la Tontouta, sur la commune de Païta. Le président a énoncé ses grandes priorités, pour la Calédonie plongée dans un épisode d'une rare violence. D'abord, "le retour à la paix, au calme, à la sécurité". Avec lui, "le retour aux soins normaux, à l’approvisionnement, à l’alimentation"

Le survol en hélicoptère

À bord d'un hélicoptère, Emmanuel Macron a survolé différents points stratégiques de l'agglomération. Comme le col de la Pirogue à Païta, zone de blocage de la RT1 ; le secteur où se trouve l'hôpital territorial, à Dumbéa ; ou encore, au Mont-Dore, le quartier sinistré de Boulari ainsi que la portion de route provinciale à enjeu important qui traverse la tribu de Saint-Louis. 

L'hommage aux morts

À Nouméa, rendez-vous au haut-commissariat de la République, qui incarne les services de l'Etat en Nouvelle-Calédonie. Le président a demandé un moment de silence, en mémoire des six personnes décédées, selon le bilan humain de cette crise dramatique.

Maintien de l'ordre, les premières annonces

Au haussariat, Emmanuel Macron a apporté plusieurs précisions. Il y aura, a-t-il indiqué, "trois mille forces de sécurité intérieure dans quelque temps" et elles "resteront aussi longtemps que nécessaire, même pendant les Jeux olympiques et paralympiques". De nouvelles opérations "massives" vont être menées pour rétablir l'ordre républicain.

Je suis là parce que le dialogue est nécessaire, mais j’en appelle à la responsabilité. [L'état d'urgence] ne sera levé que si chacun ici, appelle à la responsabilité et à la levée des barrages.

Emmanuel Macron, le 23 mai 2024, à Nouméa

La longue succession d'échanges

De longs échanges se sont succédés. Avec les acteurs économiques, avec les responsables des institutions. Mais aussi avec des représentants des forces de l'ordre, au commissariat central, où il a décrit un "mouvement d’insurrection inédit". Puis avec des jeunes Calédoniens, du service militaire adapté ou scolarisés au lycée. 

Le résumé de Lucile Guichet

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La délégation

Trois membres du gouvernement déjà venus en Calédonie accompagnaient le chef de l'Etat : Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer ; Marie Guevenoux, sa ministre déléguée aux Outre-mer ; et Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Également dans la délégation, Rémi Bastille, Eric Thiers et Frédéric Pottier. Une "équipe de contact" chargée de renouer le dialogue politique.

Une situation encore instable

Et pendant ce temps, quelle était la situation, côté émeutiers ? La mobilisation est restée marquée. De nouveaux barrages ont été érigés, on a pu le voir à Normandie dans le Nord de Nouméa. D'autres restaient aussi dissuasifs, c'était le cas à Auteuil dans le Sud de Dumbéa. Sur différents points de blocage, des messages étaient adressés à l'Etat. Des incendies ont encore été déclenchés et le climat demeurait anxiogène.
Dans la soirée, Martin Charmasson et Luigi Wahmereungo-Palmieri décrivaient cette ambiance.

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