Leur périple a pris une tournure très compliquée. Dimanche 10 septembre, deux hommes se lancent sur le sentier de grande randonnée NC1 depuis Prony, dans le Sud du Mont-Dore. D’après leur récit aux secours, les journées successives de marche les ont menés au refuge de la mine Soleil quand ils cherchent à interrompre l’aventure. Les conditions météorologiques sont devenues beaucoup trop mauvaises. Mais face à la montée des eaux, les voilà sans chemin de repli, et pris sous des trombes d’eau.
Pas possible en hélico
Il est environ 15 heures, vendredi 15 septembre, quand les secours sont déclenchés pour leur venir en aide. La piste d’une évacuation par les airs va tourner court. “Ces conditions météorologiques n’ont pas permis l’engagement d’un hélicoptère, tel que le Dragon 988 de la Sécurité civile et l’hélicoptère de la gendarmerie”, explique le lieutenant Romuald Rigouin, qui était l’officier de permanence à la caserne de Dumbéa. Vu la vigilance aux fortes pluies, il se trouve qu’il avait pris les devants. Du matériel adapté pour intervenir en milieu aquatique et lors d’inondations a déjà été récupéré auprès de la Sécurité civile.
Grande fatigue et hypothermie
C’est un type d’opération auquel des pompiers communaux ont été formés. Il faut dire que Dumbéa a l'habitude de subir les crues, et leurs conséquences. “Au regard de l’état de fatigue très avancé des deux victimes et de leur hypothermie, notamment, j’ai décidé d’envoyer une équipe spécialisée sauvetage en eaux vives, afin de les récupérer”, continue le lieutenant Rigouin, qui prend la tête de cette unité. Direction le parc provincial de la Dumbéa.
Courant, tourbillon et débris
Pour permettre un sauvetage, les deux randonneurs en difficulté font l’effort supplémentaire de descendre jusqu'à hauteur du stand de tir. La rivière y est large d’une soixantaine de mètres, décrit le lieutenant, avec deux veines de courant fort, dont l’un tourbillonnant, et de nombreux amas de débris. Un collègue et lui-même plongent pour traverser. De l'autre côté, il leur faut un temps pour récupérer, évaluer l’état physique des randonneurs, leur prodiguer une première aide…
Chaque civil est placé sur un flotteur et c’est reparti en sens inverse. Un retour qui s’avère tellement ardu que les deux sauveteurs dérivent en aval du point de récupération prévu. Le troisième pompier de l’équipe s’adapte en se déplaçant et en s’engageant lui-même dans la rivière, “jusqu’à hauteur de poitrine”.
“Ça restera une intervention qui marque”
Bref, une bonne heure qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. “C'était une opération très engageante, tant physiquement qu’au niveau de la sécurité”, confirme Romuald Rigouin. “Ça restera une intervention qui marque.” L'histoire finit bien. Une fois tout le monde revenu sur la terre ferme (quoique détrempée), les deux hommes ont été pris en charge dans l’ambulance des pompiers qui avait été par ailleurs déployée. La case hôpital n’a pas été jugée nécessaire.