Mausolée du grand chef Ataï profané à La Foa : une enquête ouverte pour violation de sépulture

Le 23 juillet 2024, le grand chef de Couli, Berger Kawa, se recueille devant le tombeau désormais vide.
Le soir du dimanche 21 juillet, le mausolée dédié à La Foa au grand chef Ataï et à son sorcier a été vandalisé. Leurs crânes ont été volés. Après ces actes qui ont provoqué une importante onde de choc en Nouvelle-Calédonie, le procureur de la République fait savoir qu’une enquête est ouverte pour violation de sépulture. A ce stade, il n’y a pas eu d’interpellation.

Les investigations sont menées par la brigade de La Foa. Une enquête de gendarmerie a été ouverte pour violation de sépulture, après les atteintes graves de dimanche dernier envers le monument qui renferme les restes du grand chef Ataï et de son sorcier. Le procureur de la République l’annonce dans un communiqué diffusé ce jeudi soir.

Cercueils dégradés et crânes emportés

Yves Dupas y décrit les faits. Le 21 juillet à 20h30, une patrouille de la gendarmerie constatait des émanations de fumée provenant du mausolée du grand chef Ataï”, précise-t-il. Les constatations effectuées ont permis d’établir “que le ou les auteur(s) de cette profanation avaient ouvert le socle du tombeau, avant de dégrader les deux cercueils du grand chef et de son compagnon. Les deux crânes étaient également emportés.”

Toujours d’après le procureur, des morceaux de bois ont été enflammés de manière à se propager sur les cercueils. Et cela, à l’aide d’un produit accélérant, comme on appelle ce qui peut lancer ou faciliter un feu.

Plaque brisée

“Une des plaques commémoratives, située à l'entrée du site, était également découverte brisée.” Yves Dupas qualifie l'ensemble de ces faits “d’agissements intolérables qui portent une atteinte grave à un haut lieu du patrimoine de la Nouvelle-Calédonie, à la mémoire collective, comme à un symbole fort de la réconciliation entre les communautés du territoire.”

Le tombeau d'Ataï, qui incarnait la grande révolte de 1878, et ses alentours ont été inaugurés lors d'une importante cérémonie en 2021. Ils se voulaient un site de mémoire et de réconciliation entre les communautés qui composent la Calédonie. La plaque qui a été cassée rendait ainsi hommage à 32 colons tués durant cette insurrection kanak.

Voyez le reportage effectué mardi par Thérèse Waïa et Thierry Chapuis

©nouvellecaledonie
 

Investigations et recueil de témoignages

D’après le point établi ce jeudi par le procureur, “des investigations de police technique et scientifique ont d’ores et déjà été conduites par un technicien en identification criminelle au moyen de multiples prélèvements sur les lieux. Par ailleurs, une enquête d’environnement est menée de façon soutenue par les enquêteurs, de manière à recueillir tous les témoignages utiles permettant d’orienter cette procédure.” Mais “à ce stade, aucune interpellation n’est intervenue dans cette affaire”.

Le parquet dément "l’implication des forces de l’ordre dans ces faits"

Et d’ajouter deux choses :

  • Que “les enquêteurs et le parquet sont déterminés à identifier dans les meilleurs délais  le ou les auteur(s) de ces faits qui répondront de leurs actes devant la justice”. La peine encourue est de deux ans d’emprisonnement et une amende d’environ 3,6 millions de francs CFP.
  • Mais Yves Dupas tient aussi à “démentir formellement des allégations mensongères circulant sur les réseaux sociaux, relative à l’implication des forces de l’ordre dans ces faits de profanation. Les auteurs de ces publications diffamatoires s’exposent à des poursuites pénales.”

Mairie de la Foa, haut-commissaire, président du gouvernement, Sénat coutumier, partis politiques… Les actes envers le mausolée d'Ataï ont provoqué de nombreuses réactions indignées.