La bactérie Wolbachia continue son combat contre la dengue en Nouvelle-Calédonie

En cette fin d'année 2022, le World Mosquito Program ne relâche pas ses efforts pour lutter contre le virus de la dengue. Trois ans et demi après les premiers lâchers sur le territoire, l'heure est au bilan mais pas que. De nouveaux lâchers de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia ont lieu depuis la mi-novembre à Dumbéa et au Mont-Dore. Les spécialistes se préparent déjà à 2023.

Si la dengue a peut-être (presque) disparu en Nouvelle-Calédonie (seulement deux cas en 2022), c'est très certainement grâce à l'effort des professionnels du World Mosquito Program. Les nombreux lâchers de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia ont porté leur fruit. Pour autant, en cette fin d'année, la lutte continue.

De nouveaux quartiers à Dumbéa et au Mont-Dore

Depuis quelques jours, des agents disposent des pots tous les 50 mètres, dans la végétation présente sur la voie publique, à Dumbéa et au Mont-Dore. Parmi les nouveaux quartiers : Katiramona et Pointe à la Luzerne, du côté de Dumbéa; Saint-Louis, La Coulée, le Vallon-Dore, Mont-Dore sud et Plum pour le Mont-Dore. 10 à 12 jours après que les oeufs aient été mis en eau, les premiers moustiques s'envoleront. Au total, environ 150 s'échapperont de chaque pot, chaque semaine.

A gauche, des pots suspendus dans la végétation, sur la voie publique, avec à l'intérieur, des larves de moustiques. A droite, le développement des larves de l'Aedes aegypti, porteurs de Wolbachia.

Premier bilan positif au Mont-Dore

Il y a six mois, des lâchers de moustiques Aedes aegypti, porteurs de Wolbachia, avaient été réalisés dans certains quartiers du Mont-Dore et de Dumbéa. Six mois plus tard, le bilan est plus que satisfaisant : 50 % de ces insectes portent la bactérie. "Ce pourcentage est resté stable durant la saison fraîche" constate Nadège Rossi, cheffe du projet. En revanche, l'augmentation des températures et le retour des pluies favorisent à nouveau le développement des moustiques, et c'est plutôt une bonne nouvelle car cela signifie plus de moustiques porteurs de la bactérie capable de réduire considérablement le risque de transmission du virus de la dengue. "Nous prévoyons qu'au moins 70 % des moustiques soient porteurs de la bactérie à la fin de la saison chaude sans que de nouveaux lâchers ne soient nécessaires", précise Nadège Rossi. 

Nouvelle campagne de captures à Nouméa

Lancé à Nouméa, le programme Wolbachia a été étendu sur les communes de Dumbéa et du Mont-Dore, en Nouvelle-Calédonie.

La capitale a été la première commune du territoire, en 2019, à expérimenter le programme. A Nouméa, les derniers lâchers de moustiques remontent à 2021. En mars de cette année, les premières captures de moustiques avaient montré que 80 % de ces insectes étaient porteurs de Wolbachia. C'est donc une nouvelle capture qui a lieu depuis le 21 novembre; elle doit s'achever le 9 décembre. L'objectif est de savoir si plus de moustiques sont porteurs de la bactérie. "Un pourcentage élevé de moustiques porteurs de Wolbachia réduit fortement le risque d'épidémie", déclare Nadège Rossi. 

Ne pas relâcher ses efforts en 2023

A croire que le chiffre 2 porte bonheur en 2022. Seulement deux cas de dengue ont été détectés en Calédonie; il s'agissait de cas importés, des personnes revenues de voyage. Aucun cas local ne s'est déclaré par la suite. Une bonne nouvelle, mais qui ne doit pas pour autant faire oublier le fait que les frontières sont de nouveau ouvertes et donc 2023 présente toutes les caractéristiques d'une année avec un risque épidémique élevé, selon les spécialistes. A cela, il faut ajouter le facteur météorologique : la Calédonie est toujours sous l'influence de La Niña. "La population est invitée à ne pas changer ses bonnes habitudes et à continuer de vider régulièrement tout ce qui peut constituer un gite larvaire, couvrir les réserves d'eau et entretenir régulièrement les gouttières et les jardins", indiquent les membres du World Mosquito Program.