Il était - lui aussi - contre la sortie du livre. Mais estime que son client doit être jugé correctement. Devant la cour d'assises, ce vendredi en fin de matinée, Me Loïc Henriot prononce la plaidoirie de la défense. Olivier Pérès et lui n’ont pas fait appel de l’ordonnance de mise en accusation, pose-t-il, ça ne veut pas dire pour autant que l’accusé est coupable d’assassinat.
"Intoxiqué et terrorisé"
Un accusé décrit comme "intoxiqué et terrorisé". "Même si le casier judiciaire de la victime était vierge, il faut prendre en compte les différentes plaintes pour harcèlement sexuel déposées par des jeunes femmes à l’encontre d’Eric Martinez ainsi que les déclarations de Mme Pérès", estime-t-il. Et l’avocat parisien d’ajouter que le couple Pérès - "ces deux crédules" - a cru à tout ce qui a été dit par Éric Martinez.
Il se demande pourquoi les forces de l’ordre n’ont pas réagi, et ne se sont pas rendues chez le voisin pour saisir son arsenal d’armes alors que son client appelait à l’aide. Pour lui, le "soit transmis" du procureur était insuffisant. "Personne n’a décelé chez l’accusé sa terreur". Me Henriot revient sur l’"assaut militaire" effectué par Éric Martinez chez les Pérès, un mois et demi avant les faits. Un épisode qui terrifie certains témoins alors que d’autres ont trouvé ça amusant. Il évoque une atmosphère de guerre dans laquelle l’accusé baignait, Éric Martinez lui racontant régulièrement des faits d’armes. "Cet homme ne ment pas."
"Le problème, c’est la perception qu’avait Olivier Pérès d’Eric Martinez"
L’avocat rappelle les expertises psychiatriques qui offrent une lecture des faits, et leur explication en ce qui concerne l’emprise et l’altération du discernement. Une emprise sans libre arbitre selon Me Henriot. "Le problème, c’est la perception qu’avait Olivier Pérès d’Eric Martinez." Il revient sur la vidéo envoyée à l’accusé le jour du drame, impossible à lire mais signée Éric Martinez. Puis sur le message de sa femme qui lui dit se rendre sur le practice du golf. L’avocat parle "d’hypnose du combattant".
Et poursuit : "Il ne prend pas une mitraillette, qui est beaucoup plus létale qu’un fusil calibre 12 (…) Les scènes décrites par l’avocat général, c’est du théâtre (…) L’accusé a toujours tout dit dès la première audition. Aujourd’hui, on l’accable, c’est le diable en personne…"
"Naïf, pas manipulateur"
Me Henriot recadre : "Olivier Pérès, c’est un naïf. Il a fondu psychologiquement. Il n’est pas manipulateur." Il conclut qu’il "n’y a pas eu de préméditation (…) La notion de légitime défense s’explique par la perception du danger que s’est fait Olivier Pérès (…) L’altération du discernement doit être reconnue, ce qui permettrait une diminution de la peine encourue." Encore à retenir, ces deux formules de Loïc Henriot : "Ce sont les circonstances qui ont engendré le drame. Cet homme n’est pas un danger."
Verdict attendu dans l'après-midi ou la soirée
A la mi-journée, la cour s'est retirée pour déjeuner. Les jurés avaient rendez vous à 14 heures pour la lecture des questions auxquelles ils devront répondre lors de leur délibéré :
- l’accusé a-t-il, le 13 septembre 2018, commis sur la victime des violences volontaires ?
- des violences qui ont entraîné la mort ?
- a-t-il eu l’intention de donner la mort ?
- a-t-il formé le dessein de commettre des violences volontaires, des violences qui ont entraîné la mort, et de donner la mort ?
- avec des questions spéciales reposant sur la légitime défense et l’altération du discernement, circonstances atténuantes.
Après cela, les jurés se retireront pour délibérer. Le verdict est attendu dans l’après-midi ou dans la soirée.
A retrouver au journal radio de 17 heures et au JT de 19H30