Autoriser la SLN à utiliser un fioul plus polluant, "c'est un nouveau scandale" pour Ensemble pour la planète

La CAT consomme 30 à 40% de fioul à très basse teneur en soufre habituellement
La SLN est autorisée à utiliser du fioul à basse teneur en soufre, plutôt que du fioul à très basse teneur en soufre, et ce pendant trois mois. La nouvelle annoncée par le gouvernement mercredi fait réagir.

"Compte tenu de la baisse de la puissance des fours, les émissions de dioxyde de soufre de la centrale accostée temporaire située sur le site de Doniambo vont diminuer mécaniquement." Voilà ce qui justifie l'exemption temporaire accordée par le gouvernement à la SLN, qui lui permettra de faire 120 millions d'économies.

"Sacrifier les aspects sanitaires et environnementaux"

Ce fioul à très basse teneur en soufre (TBTS, teneur en soufre inférieure à 1%) coûte 35 dollars par tonne de plus que le fioul à basse teneur en soufre (BTS, teneur en soufre qui ne dépasse pas 2%). Il représente habituellement 30 à 40% du carburant consommé par la centrale acostée temporaire (CAT). "C'est un nouveau scandale, pour Martine Cornaille, la présidente d'EPLP, Ensemble pour la planète. Puisque pour des considérations strictement financières - qui sont d'ailleurs d'un niveau extrêmement faibles -, on sacrifie une nouvelle fois les préoccupations sanitaires et environnementales liées aux émissions atmosphériques de la CAT-SLN."

L'association conteste l'autorisation ICPE (installasions classées pour la protection de l'environnement) donnée à la SLN par la province Sud dans le but d'utiliser la centrale accostée temporaire. EPLP estime que les études d'impact ne sont pas suffisantes. Le recours, débouté par le tribunal administratif de Nouméa, sera bientôt visé par la cour administrative d'appel de Paris. "Peut-être que l'enveloppe globale des émissions annuelles ne sera pas dépassée, ajoute Martine Cornaille. Mais parce qu'il est plus riche en soufre, il peut y avoir d'avantage de pics d'émissions, et donc de dépassements de seuils sanitaires."

Nous sommes préoccupés. C'est complètement irresponsable de la part d'un gouvernement, de sacrifier ces aspects sanitaires et environnementaux, à une économie de bouts de chandelle de la part d'un industriel.

Martine Cornaille, présidente d'EPLP

Scal'air a exigé un "garde-fou"

"La quantité d’émissions de dioxyde de soufre prévue sur l’année 2024 devrait être inférieure au volume qui aurait été émis si l’installation fonctionnait à son régime nominal", précise le gouvernement dans son relevé de décisions hebdomadaire. "Scal'air a bien été consulté par la Dimenc sur ce projet de modification de la règlementation, et a demandé à ce qu'il y ait un garde-fou, détaille la présidente de l'association de surveillance de la qualité de l'air, Nina Julié. La SLN devra utiliser un fioul à très basse teneur en soufre dès qu'elle atteindra un seuil qui est quatre fois plus faible que le seuil de pollution." Pour l'instant, l'industriel a l’autorisation de s’en passer jusqu’au 31 octobre.