Avant une nouvelle formule, le festival de La Foa a vécu sa dernière séance, à Nouméa

Le film "1878" réalisé par Aurélia Raoull a obtenu le prix du meilleur court-métrage et l'un des prix d'interprétation féminine, pour sa jeune actrice Jayden Kamodji.
Rideau sur le vingt-sixième festival du cinéma de La Foa, qui n'a pas pu se tenir dans la commune à cause du contexte de crise. Une version allégée a été organisée, pour récompenser les lauréats calédoniens. Remise des prix samedi soir, au Cinécity de Nouméa. "1878", d'Aurélia Raoull, a reçu deux prix dont celui du meilleur court-métrage. Le réalisateur Anthony Pedulla est reparti avec trois Nautiles. Une dernière édition qui se veut un nouveau départ.

Séquence nostalgie, au cinéma de Nouméa. C’est là qu’a retenti samedi soir le clap de fin, pour le festival de La Foa. Sa vingt-sixième édition, et l’événement en général. Après un quart de siècle, les organisateurs envisagent une nouvelle formule, qui mettra à l’honneur le cinéma calédonien et océanien. 

"Les films calédoniens ont pris le pas"

“Il y a 25 ans, on programmait surtout du cinéma international, les gens étaient très en attente de films d'auteur”, se remémore Delphine Ollier-Vindin, déléguée générale du festival. “Aujourd'hui on a beaucoup plus accès à ces films d'auteur et il y a eu un moment où la bascule s'est faite, les films calédoniens ont pris le pas. L'intérêt du public était croissant, parce que toute une filière se mettait en place.” 

Deux prix pour "1878"

Une transformation possible parce que le cinéma calédonien s’est professionnalisé. À l’image de 1878, réalisé par Aurélia Raoull, qui a reçu cette année le prix NC la 1ère du meilleur court-métrage. Coproduction des sociétés NK prod et Bobilux, il raconte comment un prêtre tente de sauver une orpheline, en pleins troubles entre l’armée française et une tribu kanak. Jayna Kamodji, qui joue le rôle de l’enfant, a obtenu l’un des prix d’interprétation féminine.

Le compte-rendu de David Sigal et Carawiane Carawiane :

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"Projet de long-métrage"

“Les techniciens sont à un niveau international. La réalisatrice, qui fait ses études en France et qui est reconnue en France, a trouvé que tout s'est extrêmement bien passé. Elle était très fière de tout ce qu'elle a fait ici”, insiste le directeur de production, Olivier Martin. Il était l’invité du journal de midi, ce dimanche. Et d’annoncer : “Après ce court-métrage, on a un projet avec la même société de production, et la même réalisatrice, d’un long-métrage qui se tournerait ici, normalement l’année prochaine et qui amènerait beaucoup d’argent. Ce serait vraiment dommage que la production audiovisuelle ralentisse."

Son entretien avec Claudette Trupit.

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Trois Nautiles pour Anthony Pedulla

On retiendra aussi que le jury présidé par Walles Kotra a décerné son prix "Aline Marteaud-Da Silva " au court-métrage Bereziina, d'Anthony Pedulla. Sa comédienne Zerbina Poarareu a eu l'autre Nautile de l'interprétation féminine. Le réalisateur est parti avec une troisième récompense, au titre du CNC talent, pour son projet de série d'animation intitulée Mon palais.  

Un Nautile a été remis à Anthony Pedulla pour son projet de série d'animation. Le court-métrage "Bereziina" qu'il a réalisé obtient aussi le prix du jury, et un prix d'interprétation pour Zerbina Poarareu.

Hommage à Terence Chevrin

Quant au Nautile d'honneur, il revient à Terence Chevrin, président de l'Association calédonienne des producteurs de fiction. On lui doit entre autres Ni 28 et The Rob mission. Le festival de La Foa récompense aussi les projets amateurs. Comme Le Trésor de Dumbéa, écrit et joué par les élèves de CE2 à l’école catholique de Dumbéa-sur Mer. Il décroche le Nautile Jeunes talents de la direction de l'enseignement.

Une grande fierté, surtout que c'est la dernière édition du festival.

Audrey Briand, enseignante à l'école catholique de Dumbéa-sur mer

Le palmarès 2024

Retrouvez ci-dessous l'ensemble du palmarès. Tous les films et le clip primé, à savoir Dans mon crâne de Rémi Pereira De Carvalho, seront diffusés vendredi 13 septembre, à 18 heures, au cinéma de Nouméa, et samedi 14, à 17h30, au cinéma de La Foa.

L'espoir de continuer à s'exprimer

Reste que les évènements des derniers mois ont bouleversé tous les secteurs, y compris celui de l’audiovisuel local. Mais Delphine Ollier-Vindin veut continuer à y croire. "Je pense que, comme dans de nombreux secteurs, il y aura un ralentissement, quelques difficultés peut-être à produire selon le rythme habituel. C’est bien normal, tout le monde est touché. Néanmoins, j’espère que les gens dont c’est le métier et qui en vivent auront la possibilité de continuer à s’exprimer." 

Le cinéma raconte un pays. On a besoin en ce moment de continuer à comprendre comment notre pays fonctionne. Ça passe aussi par le cinéma de fiction.

Delphine Ollier-Vindin, déléguée générale du festival de La Foa

"Le cinéma calédonien a mûri, en vingt-six ans"

La présidente de l'association qui porte le festival l'a dit aussi, samedi. "Le cinéma calédonien a drôlement mûri, en vingt-six ans", a salué Julia Trinson-Kelly. Il nous parle du pays, de ses différentes générations. De ce carambolage d’enjeux, passés, présents et à venir, dont on a du mal à se dépêtrer. Mais le regard du cinéma nous aide à essayer d’y voir plus clair."

C’est un cinéma qui, malgré la crise, en termes d’inspiration, en termes techniques, en termes de motivation, se porte très bien.

Julia Trinson-Kelly, présidente de l'association du festival de La Foa