Il est arrivé au tribunal de Nouméa sous bonne escorte. Olivier Pérès est détenu au Camp-Est, depuis son procès en appel, à la mi-avril. Ce mercredi, l’ancien chef du service orthopédie au Médipôle apparaît amaigri, tout de noir vêtu. Condamné à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'Eric Martinez, il déclare ne pas vouloir mourir en prison. La nouvelle expertise médicale montre que la santé du sexagénaire est précaire. Son pronostic vital est engagé à moyen terme.
"Mettre un terme à cet état pré-mortel"
Selon Me Laurent Aguila, l'un des avocats de la défense, l’état de santé de son client est incompatible avec la détention. "Vous avez là-même la preuve formelle de son innocence parce que son corps, qui sait la vérité, dit non. Et les experts ont dit aux magistrats, continue le conseil, que ce discernement totalement altéré et effondré empêchait la moindre décision de la part d'Olivier Pérès, car le corps se laisse mourir par lui-même. C'est la raison pour laquelle il n'y a pas d'autre solution pour mettre un terme à cet état pré-mortel que de le mettre en liberté."
"Instrumentalisation" de la justice
Les arguments avancés par le requérant sont réfutés par le ministère public. Claire Lanet déclare que l’ancien médecin instrumentalise la justice, refuse de prendre ses médicaments anti-douleurs, de se faire hospitaliser et d’être transféré dans la prison de Koné. Pour Me Martin Calmet, rien n'est vrai, dans ce qu'il dit. "Les experts ont fait état de cette difficulté et en parallèle, ont démontré et ont expliqué toutes les options qui avaient été proposées à M. Pérès pour éviter que ce pronostic vital soit engagé à court-terme, déclare l'avocat de la partie civile. Tout cela a été refusé."
Décision attendue le 4 octobre
"On se retrouve, ajoute-t-il, dans une impasse qui fait qu'on est obligé d'être soumis aux desiderata de M. Pérès et c'est ce à quoi on s'est opposés, à la suite des deux condamnations qui ont été rendues par la cour d'assises de Nouméa."
Trois mois plus tôt, le 28 juin, une demande de remise en liberté était déjà rejetée par la chambre de l’instruction. Pour cette nouvelle demande, la décision doit être rendue mercredi 4 octobre. La défense d’Olivier Pérès maintient par ailleurs sa demande de pourvoi en cassation. Reste à savoir si l’ancien médecin restera ou non en prison jusqu’à son prochain procès.
Un reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Laura Schintu