De plus en plus inquiets pour leur avenir, les salariés du "Betico" ont fait grève une journée

En raison de la grève des salariés du Betico, les passagers ne peuvent embarquer ce vendredi matin.
Nouvelle mobilisation des salariés du "Betico", ce vendredi, à la gare maritime de Nouméa. Ils s’opposent toujours au projet de nouvelle desserte vers les îles voulu par le président de la province des Loyauté. Jacques Lalié envisage en effet de changer de modèle, passant du public au privé. Le mouvement a été suspendu, avec reprise des rotations dès samedi.

La nouvelle est tombée vendredi matin, veille du long week-end de Pâques et des vacances scolaires. L’ensemble des salariés du Betico n’a pas pris le travail. Conséquence directe, 160 passagers qui devaient rejoindre Lifou et Maré n’ont pas pu embarquer.

 

Nous, on est arrivés tôt ce matin, avec les colis, mais on n'a pas pu partir avec le Betico. Maintenant, on attend qu'on vienne nous chercher pour repartir à la maison...

Une passagère qui devait rejoindre Lifou

Un week-end de convention protestante 

Sans réponse de la Sodil (le bras économique de la province Îles) à ses revendications, une intersyndicale composée de l’Usoenc, l’USTKE et la CSTNC a décidé de cesser ses activités. Face à cette situation, la direction a d'abord assuré ne pas avoir de visibilité sur les rotations prévues ce week-end. Or, un évènement religieux est programmé à Lifou, la convention protestante de Pâques, qui doit accueillir plusieurs milliers de participants. 

Le Betico en grève, ce vendredi.

Toujours contre le projet de confier le marché public à un acteur privé 

Pour rappel, les salariés restent opposés au projet de privatiser la desserte maritime. Celui-ci implique de remplacer le Betico 2 par un ferry, le Havannah 2, qui cumulerait les activités de transport de passagers et de fret. Une nouvelle configuration dont nul ne sait à ce jour si elle permettrait le maintien en poste des 57 salariés de la Sudîles - la société publique détenue par la Sodil, elle-même contrôlée par la province loyaltienne. 

Quid du carénage ?

Par ailleurs, les manifestants réclamaient le maintien du soutien financier de la province Îles, notamment pour le carénage du navire, qui doit avoir lieu en juillet. Une opération obligatoire pour permettre au Betico de naviguer et dont le coût s'élève à 80 millions de francs.

Qui dit pas de carénage, dit bateau à quai, il ne pourra plus naviguer. On veut que les subventions soient prises en compte pour le carénage qui arrive.

Yves Tasmin, représentant syndical de l'Usoenc

Au même moment, dans une salle du Congrès, le conseil d’administration de la Sodil était réuni. Pour son président, les grévistes s’inquiètent pour rien. Les millions nécessaires pour le carénage du Betico seront versés.

On prendra en charge, on négociera s’il faut négocier, mais il fera le carénage. Il faut que ces personnes qui profitent des moyens de transport des îles, qui gagnent leur vie sur l’intérêt des îles, prennent un peu de recul et qu’ils respectent notre stratégie de développement économique.

Jacques Lalié, président de la Sodil

Reprise des rotations

A la fin de la journée, la direction annonçait que le mouvement de grève était suspendu. Les syndicalistes n’excluent pas d’autres actions. En attendant, les rotations doivent reprendre normalement dès ce samedi. "Les passagers qui n’ont pas pu partir ce jour, est-il précisé, sont invités à se présenter avec le même billet".

Le reportage de David Sigal et Nicolas Fasquel

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