Le Grenelle sur les violences conjugales se traduit par de nombreuses annonces

Les différentes parties prenantes ont co-signé une charte d'engagement.
Comment combattre efficacement les violences faites aux femmes ? Une question au cœur du Grenelle initié en septembre, dont la synthèse était présentée samedi à l’université de Nouvelle-Calédonie. Toute une série de mesures ont été annoncées.
Deux mois et demi après le Grenelle sur les violences conjugales décliné jusqu’à Nouméa, et deux jours avant la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le temps était venu de restituer les travaux. Ce qui a été fait samedi, à l’université, à l’initiative de la Nouvelle-Calédonie et en lien avec l’Etat. Concrètement, 90 pistes sont ressorties des ateliers lancés le 9 septembre. 

Le reportage télé de Sheïma Riahi et Gaël Detcheverry : 
©nouvellecaledonie
  

Grande cause et haut-conseil

Le gouvernement a ouvert le bal des annonces. Le président Santa s’est engagé à faire des violences envers les femmes une grande cause de son mandat 2019-2024. Isabelle Champmoreau, la membre de l’exécutif en charge de la question, a annoncé la création d’un haut-conseil pour l’élimination de ces violences faites aux femmes. Constitué de différents partenaires, il doit se réunir début 2020 pour présenter avant la fin de l’année prochaine un plan d’actions concerté au Congrès. 

Le compte-rendu radio de Coralie Cochin :

A la synthèse du Grenelle

Enfin une étude statistique

Le gouvernement évoque également le lancement d’une étude qui sera menée en 2020 et 2021, pour pallier le manque criant de données chiffrées sur le sujet. Baptisée «cadre de vie et sécurité», elle traitera de toutes les violences, pas simplement celles envers les femmes, et sera un outil pour orienter les politique publiques. Les dernières statistiques concrètes remontent à 2003 ! Selon ces données de l'Inserm, en Calédonie :
• une femme sur quatre a subi une agression de type physique ou sexuelle ;
• 22 % des femmes ont connu des brutalités physiques ;
• 9 % ont vécu un viol ou une tentative de viol ;
• une femme sur huit a été victime d’attouchements sexuels, de viol ou de tentative de viol avant l’âge de quinze ans.
 
Alexis Bouroz au micro, ainsi que Laurent Prévost, Thierry Santa et Yoann Lecourieux.


Inégalités hommes-femmes

Autres annonces à la synthèse du Grenelle, la création d’un site internet à la fois pour les victimes et les professionnels, ou la mise en service d’un bus qui sillonnera le pays pour sensibiliser la population et informer les femmes sur leurs droits. Pour le gouvernement, il faut également travailler sur les inégalités hommes-femmes, intimement liées aux violences conjugales.
Ecoutez Isabelle Champmoreau au micro de Coralie Cochin : 

Sur les inégalités hommes-femmes, Isabelle Champmoreau

  
 

Accueil d'urgence et téléphone

Concernant l’accueil d’urgence des victimes, un dispositif est en cours de structuration au médipôle et devrait être opérationnel en début d’année prochaine. Un autre dispositif avait été annoncé il y à quelques mois : le «téléphone grave danger», pour géolocaliser des victimes. Il est effectif : trois téléphones mobiles dotés d'un bouton d'urgence qui renvoie vers une téléassistance peuvent être confiés aux femmes qui en auraient le besoin. Une convention a été signée samedi pour la mise en œuvre du dispositif, entre l'Etat, le gouvernement, le procureur, la police nationale, la gendarmerie, l'Adavi et l'OPT.
 
Présentation du «téléphone grave danger».
 

Appartements relais et foyer

Du côté de la province Sud, cinq appartements relais seront loués à la Sic pour les familles dont la situation est jugée prioritaire. Puis dix, si le besoin se confirme. Un nouveau foyer d’accueil d’urgence doit également ouvrir début 2020, à Nouméa. Gil Brial est le vice-président en charge de la condition féminine.
Ses explications au micro de Coralie Cochin : 

Accueil des victimes de violences conjugales, Gil Brial

 

Saisie des armes à feu

L’Etat s’est engagé à accélérer la saisie des armes en cas de violences conjugales. Cela arrive déjà, quand les forces de l’ordre interviennent au domicile conjugal pour des faits de menaces avec armes, ou si l’instruction d’une demande d’autorisation d’arme fait apparaître que l’auteur est connu pour violences conjugales. Depuis le début de l’année, 24 personnes ont fait l’objet d’une saisie administrative de leur(s) arme(s) à feu pour violences conjugales. 
 

Au dépôt de plainte

L'Etat s'est aussi engagé à travailler sur l’accueil réservé aux femmes qui portent plainte dans les commissariats et les brigades de gendarmerie. La direction de la sécurité publique de Nouméa et le «comgend» doivent présenter un plan en ce sens d’ici la fin de l’année.
Le communiqué du haut-commissariat : 

L'Etat à propos de la synthèse du Grenelle sur les violences conjugales by Coralie Cochin on Scribd

 

Une charte, et des hommes

N'oublions pas la «charte d'engagement» signée par treize institutions et organisations, pour «agir ensemble contre les violences faites aux femmes et promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes» : sénat coutumier, université, vice-rectorat, Congrès… Des instances représentées samedi matin… par des hommes, ce que le public n'a pas manqué de relever. Et un grand absent : la province Nord, dont l’élue Nadeige Faivre n’a pas pu faire le déplacement.
 

Charte d'engagement contre les violences faites aux femmes by Coralie Cochin on Scribd

   

Deux féminicides

Depuis le début 2019, 787 femmes ont dénoncé des faits de violences conjugales en Calédonie, rapporte le haut-commissariat. Autre chiffre cité samedi : les violences intrafamiliales constatées ont augmenté de 14,6 % sur les dix premiers mois de l'année. Une année qui a vu deux Calédoniennes périr sous les coups de leur conjoint. Après Maureen en février à Houaïlou, c’était Corinne en août au Mont-Dore. Voici son histoire, relatée par l'AFP avec Outre-Mer la 1ere: