Jusqu'à cinq ans de prison pour l'agression d'un policier baie de l'Orphelinat

Jugées en comparution immédiate, trois personnes devaient répondre de violences aggravées envers un policier qui intervenait samedi soir à Nouméa. Les deux hommes ont été condamnés à cinq ans de prison, dont dix-huit mois de sursis. La troisième prévenue écope de dix-huit mois avec sursis.
La décision est tombée mardi en début d'après-midi, dans ce procès pour violences aggravées envers un policier : les deux hommes, de 24 et 36 ans, sont condamnés à cinq ans de prison, dont dix-huit mois de sursis avec maintien en détention, obligation de soin et obligation de travailler. La prévenue, âgée de 23 ans et compagne de l'un d'entre eux, écope de dix-huit mois de prison avec sursis. Tous devront par ailleurs verser collégialement 150 000 francs de dommages et intérêts à leur victime (du moins pour l’instant)
 

Réquisitions

En fin matinée, le procureur avait, rappelons-le, requis six à huit ans de prison ferme pour les deux hommes, bien connus des forces de l’ordre, et deux ans de prison avec ou sans sursis pour la jeune mère de famille. 
 

C’est une décision qui est assez ferme. Les faits étaient graves, le contexte l’était un peu moins. On sent que c’est un enchaînement d’évènements qui a conduit des personnes qui ne sont pas particulièrement violentes, qui ne sont pas vindicatives à l’égard de la police, dans une situation qu’elles n’ont pas maîtrisée. Et donc le tribunal a répondu à la mesure des faits qui ont été commis.
- Me Céline Joannopoulos Céline, avocate de la défense  

 

Coups et tentative d'étranglement

Les faits sont survenus samedi soir à Nouméa, à l’Orphelinat. Jugés en comparution immédiate, les trois prévenus étaient accusés d’avoir frappé et tenté d’étrangler l’agent de la police nationale, à bord d’une annexe de bateau, alors qu’il se trouvait en pleine intervention. Des violences aggravées par trois circonstances, dont l'alcoolisation, qui ont entraîné une incapacité supérieure à huit jours.
 

En annexe

Ce samedi, après vingt heures, les policiers sont alertés de violences conjugales du côté de la baie de l’Orphelinat. Trois fonctionnaires sont dépêchés sur place. Des invididus courent vers une annexe pour s’enfuir. Un policier monte à bord. Et une violente altercation s’ensuit.
 

J’étais en danger de mort. J’ai alors sorti mon arme et j’ai tiré. C’est la première fois en quinze ans de service.
- Le policier

 

Le policier tire

Le policier se voit contraint de recourir à son arme de service, à deux reprises. Il se retrouve dans une situation alarmante. Deux des prévenus tentent de l’étrangler. Il manque d’air. Ses agresseurs disent calmement : «Mets-le KO.» «On va le mouiller.» «On va l’amener près du récif et le noyer, le jeter par-dessus bord.»
 

Je suis vraiment désolé. On a déconné. Il a fait son travail. Je ne mets pas en doute son témoignage, j’ai essayé de le jeter dans l’eau. Il est coriace.
- Un des prévenus

 

«Pardon»

Le policier est conscient d’être en danger de mort. «C’est la première fois que j’ai sorti mon arme en quinze ans de service», confiera l'homme, qui souffre de stress post-traumatique. Les prévenus lui ont demandé pardon. «Je suis vraiment désolé. On a déconné», a déclaré l’un d’eux. «Il a fait son travail. Je ne mets pas en doute son témoignage, j’ai essayé de le jeter dans l’eau. Il est coriace.»
 

On ne peut pas se permettre d’avoir des actes répréhensibles vis-à-vis de policiers. Nous sommes des policiers républicains, nous sommes là pour ramener un semblant d’ordre si tant est qu’on puisse le faire… Pas le défouloir des badauds.
- Daniel Tamanogi, chef du groupe d’appui judiciaire de la police nationale 

 

Mobilisation

En soutien à leur collègue, une trentaine de policiers se sont mobilisés devant le tribunal.
©nouvellecaledonie

Les prévenus ont désormais dix jours pour faire appel.