Ateliers avec les enfants, chasse aux trésors, pique-nique, conférences… Au-delà du programme déployé dimanche, dans un hôtel de Nouméa, il s'agissait de libérer la parole autour de la violence éducative ordinaire, et plus globalement des violences dans la sphère familiale.
"On m'a jetée dans les escaliers plusieurs fois. Tiré les cheveux. Des chewing-gums dans les cheveux. Mes affaires dans les toilettes. On m'a écrit des insultes sur le corps, plusieurs fois." Agressions physiques, violence psychologiques, insultes : à tout juste dix-huit ans, Lou Halfon brise le tabou du harcèlement dont elle a été victime au collège. Et la jeune femme milite désormais pour la prise en charge des harceleurs, parfois eux-mêmes victimes de violences dans leur cercle familial.
Ecoutez-là au micro d'Alix Madec :
Journée de la non-violence éducative, Lou Halfon
La violence intrafamiliale, source de violence
"La première fois que j'ai dénoncé quelqu'un, il s'est fait vraiment battre fort", raconte-t-elle. "Je me suis rendue compte que la violence qui était dirigée vers moi venait seulement de la violence que eux vivaient." Libérer la parole autour des violences familiales, c’est l’objectif porté par la Journée mondiale de la non-violence éducative. Marquée le 30 avril, elle a été célébrée dimanche 2 mai dans un hôtel du Quartier-Latin, à travers des jeux, chasse aux trésors et ateliers de sensibilisation.
Vive "la bienveillance généralisée"
"L'idée, c'est de mettre en lumière les violences éducatives ordinaires", résume l'organisatrice de l'événement Savina Creugnet. "Et surtout trouver des solutions pour faire sans ! Plutôt sur la bienveillance généralisée."
Elle répond à Alix Madec:
Journée de la non-violence éducative, Savina Creugnet
Les professionnels du domaine espèrent qu’à terme, la loi du 10 juillet 2019 votée dans l'Hexagone, qui interdit la fessée comme droit de correction parental, pourra être appliquée sur le territoire.
Des faits en augmentation
Cette journée est en tout cas une initiative saluée, alors que le nombre de violences recensées au sein du cercle familial augmente. Selon une étude du ministère de l’Intérieur, en 2020, 1 331 faits de violences intrafamiliales ont été recensés en Nouvelle-Calédonie, contre 903 en 2019. Le territoire enregistre le plus grand nombre de victimes de coups et blessures volontaires dans le cadre familial par habitant, de l’ensemble des Outre-Mer.