Ce matin, beaucoup de Nouméens ont pris le car… en photo ! Une file de 31 bus Taneo "sans voyageur", entrecoupée de 25 taxis vert et blanc présents par solidarité. Parti vers 6 heures de Ducos, le cortège a longuement et bruyamment fait le tour de la capitale, en passant par les quais, puis les baies.
Ambiance à l'Anse-Vata, par Alexandre Rosada :
Puis à la promenade Pierre Vernier, par Medriko Peteisi :
Bouchons
A 8h30, on retrouvait le cortège klaxonnant à Magenta à hauteur de l'aérodrome. Autant dire que, côté automobilistes, le début de journée a été marqué par des bouchons de taille à l’entrée de la ville. Cette opération escargot intervient au onzième jour de grève sur le réseau Tanéo. Un mouvement porté par le GIE Karuïa.
Centre de maintenance bloqué
En parallèle du défilé, le centre de maintenance et de remisage, ou CDMR, situé à hauteur du rond-point Belle-Vie a été bloqué. Devant, on signalait ce matin des pneus brûlés. Explication de ces actions côté manifestants :
Thierry Guerreschi, président du syndicat des entrepreneurs des transports publics de Nouvelle-Calédonie, interrogé par Medriko Peteisi et Claude Lindor
Une situation dénoncée par le Syndicat mixte des transports urbains. Dans un communiqué diffusé ce jeudi matin, il explique que "le CDMR accueille l’ensemble de la flotte des véhicules circulant sur la ligne 1 - Néobus. Il est exploité, ainsi que la ligne, par le délégataire du lot 1 du réseau Tanéo, la société Carsud."
Le SMTU, ainsi que ses membres, condamnent fermement cet acte de blocage illégal qui pénalise toujours plus les usagers des transports publics de l’agglomération.
Syndicat mixte des transports urbains, communiqué du 24 février
Impact sur le Néobus jusqu'à la mi-journée
Pour le SMTU, "cette dernière n’est pas partie prenante au mouvement actuellement mené par le GIE Karuïa bus et exploite normalement ses lignes. Les conséquences de ce blocage, constituant une entrave grave à l’activité du délégataire CarSud, entrainent une absence totale de service sur la ligne 1 - Néobus ce jour, pour 4 000 à 5 000 personnes qui l’utilisent tous les jours."
Il s'est en fait avéré que le CDMR a été débloqué à la mi-journée, selon Tanéo.
Point mort
La veille au soir, les discussions restaient au point mort entre la province Sud, le syndicat mixte et le groupement d'intérêt économique, tandis que les usagers nouméens devaient toujours composer avec un service minimum. Au cœur des tensions, les économies demandées pour faire face aux difficultés financières du SMTU.
Un budget à voter avant fin mars
Dans un autre communiqué, c’est l’exécutif provincial qui rappelle cette situation financière critique. "Le SMTU doit voter un budget en équilibre avant le 31 mars et le déséquilibre prévu aujourd’hui est de 1,5 milliard de francs pour 2022, dont 1,2 milliard structurellement", rappelle l’institution. En glissant au passage : "La présidente de la province Sud a déposé le 19 octobre une proposition de loi du pays visant à réaffecter la taxe sur la transition écologique (rapportant de l’ordre de 500 millions de recettes annuelles, aujourd’hui affectée à la construction de la centrale SLN, qui sera financée exclusivement par le secteur privé), au SMTU pour participer au retour à l’équilibre. Ce texte a reçu un avis favorable du conseil d’Etat et sera examiné le 7 mars en commission au Congrès."
Une grève jugée "unilatérale"
Concernant le mouvement actuel, "la province Sud et les communes qui font partie du SMTU considèrent que la grève est intervenue de manière unilatérale de la part du GIE Karuïa sans rechercher une voie de négociation avec le SMTU et ses membres". La Maison bleue signale par ailleurs que ce mercredi, "le SMTU a proposé aux délégataires une réunion de conciliation ce vendredi, à 14 heures, au cours de laquelle toute la transparence devra être faite sur les comptes du GIE Karuïa, de Carsud ainsi que du SMTU afin de trouver ensemble les solutions pour équilibrer le budget et permettre ainsi la pérennité du transport public."
Le reportage de Medriko Peteisi et Claude Lindor :