C’est un lieu commun : l’univers rap est essentiellement masculin. La scène calédonienne s’apparente à un ring entre gars. À 21 ans, Geary fait figure d’exception. De son "parcours de la combattante" entamé dès l’adolescence, la jeune femme a puisé une rage d’écrire et de dire qui en fait une étoile prometteuse du mouvement. "C’est vrai, je ne suis entourée que d’hommes, mais mon parcours, mon histoire font que je suis plus forte. Du coup quand je suis avec les garçons au studio ça va c’est cool, je sais que j’ai ma place."
Extérioriser la rage par la musique
Dans la conversation, elle a ce phrasé à la fois posé et tranchant qui révèle une grande détermination. Avec la pratique du rap, Geary a trouvé à l’adolescence une façon "d’extérioriser autrement" ses pulsions destructrices. Comme Lenimirc, c’est au cours d’un séjour en foyer qu’elle découvre vers 16 ans l’échappatoire de l’écriture, consignant alors sa vie personnelle, ses échecs, ses joies, ses peines, ses petites victoires.
Ensuite, ce sera le passage par le studio d’enregistrement du Rex, pour roder et enregistrer ses premiers couplets. Depuis, Geary monte en puissance, participant avec assiduité aux mixtapes Ina Di Rex, évoluant avec son label Still Dreams Record. Si elle revendique l’importance de ne pas oublier ses origines, Geary, habituée à emprunter la croisée des genres musicaux, mise sur les "horizons numériques" pour mieux faire connaître la Nouvelle-Calédonie grâce à sa musique.
"Beaucoup viennent nous parler de liberté, mais après, leur liberté à eux n’est pas celle d’un Homme libre c’est plutôt celle – si j’peux m’permettre – d’un esclave un jour de fête" lâche la rappeuse avec un sourire imperceptible. J’encourage les jeunes filles qui veulent rapper et écrire à le faire, parce qu’on n’a qu’une vie. Moi ça me plaît de faire ça, de m’exprimer. Dans ce monde, je pense que si tu dis la vérité, tu es quelqu’un de révolutionnaire."
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